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Dès la parution de l’ouvrage de Cesare Beccaria (1738-1794) «Des délits et des peines», les architectes ont essayé de penser un nouveau modèle de prison, plus respectueux des détenus et plus facile à surveiller. Le plan Panopticon apparaît comme la solution idéale. |
Conscientes de l’importance de la question, les Églises protestantes délèguent des aumôniers, en accord avec l’Administration pénitentiaire et donc la République laïque, étant donné que la détention prive les personnes de la possibilité d’aller et de venir ! Chacun doit pouvoir satisfaire à sa demande religieuse…
Mais que fait l’aumônier ? A peine les grilles franchies, il constate la force de destruction qui réside en ces lieux. Il sait bien que la pénalité moderne n’ose plus dire qu’elle punit les crimes et qu’elle prétend réadapter les délinquants ! Est-il attendu pour cela par l’Institution ?
Est-il là pour participer au maintien de l’ordre et garder le silence en toute occasion ? S’il crie à la violence, s’il dénonce l’injustice qu’il constate, sera-t-il écouté ?
Lorsque l’aumônier se limite aux paroles religieuses, le voilà pris au piège du vocabulaire. Comment rappeler la force de la grâce dans l’obscurité et la solitude des cellules ou des basses fosses carcérales ? Comment dire sans équivoque la prière dominicale lorsque l’image du père terrestre est irrémédiablement dégradée ? Comment demander le pain quotidien alors qu’il est sans saveur ?
Personne ne peut comprendre quelque chose à la prison si son regard n’est pas transfiguré par la charité, l’empathie, la mansuétude et même l’amour. Pour rendre visite aux personnes incarcérées, il faut toujours s’y préparer comme si l’on allait rencontrer une personne que l’on a aimée et que l’on a connue libre et heureuse. Un proche, un enfant, un frère, un ami ou une amie, une mère aussi parfois…
C’est la condition pour qu’une vraie relation s’établisse. Parfois, à notre insu, la visite devient une visitation. Mais cela, à la grâce de Dieu !
Antoine de Saint Exupéry écrit dans Lettre à un otage : « Si j’accueille un ami à ma table, je le prie de s’asseoir et s’il boîte, je ne lui demande pas de danser. »
L’aumônier, dans sa responsabilité
éminemment chrétienne et sociale avance doucement avec
l’autre visité, douloureux et violent à la fois,
rétif à l’espérance ou masqué à
lui-même. Mais il fait de très grands pas dans la connaissance
de l’humain. Il porte dans sa mémoire et sa prière
les êtres dont l’âpreté de la vie aspire consciemment
ou non à la guérison. C’est là sa ferveur.
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Numéro 177 |
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