Une des caractéristiques
de notre société est le zapping : une incapacité
à se fixer. Les mouvements politiques (syndicats, partis…)
et religieux (Églises, associations culturelles…) en savent
quelque chose. On n'en fait plus partie aussi volontiers et durablement
que naguère. On est certes généreux, mais par à-coups-de-coeur,
sans inscrire son don dans la durée ; le mot de cotisation devra-t-il
bientôt disparaître des dictionnaires ? La presse, elle,
a de plus en plus de mal à fidéliser un lectorat volatil.
S'abonner devient donc également un geste exceptionnel, presque
un défi, la marque en tout cas d'une persévérance.
Évangile et Liberté ne vit que grâce à votre
fidélité. Elle est le contraire du zapping. Fidélité
en profondeur à une foi libre et à une ouverture spirituelle
refusant tout esprit d'orthodoxie, dont personne n'est à l'abri.
Fidélité, coûteuse il est vrai, par un abonnement
indéfectible surmontant d'inévitables agacements. Cela
dit, être fidèle ne signifie ni la crispation, ni la seule
répétition, ni se figer.
Célébrer la Fête de la Réformation
le dimanche 31 octobre prochain, – en souvenir des 95 thèses
de Luther de 1517 contre les indulgences à la même date
–, est assurément l'expression d'une fidélité.
Mais cette dernière peut-elle vivre, par rapport aux institutions
et à nos habitudes, sans « la constante nécessité
d'une critique réformatrice », que rappelle régulièrement
Évangile et Liberté en page 2 ? Tradition et innovation
s'appellent ainsi et se répondent. 
Laurent
Gagnebin