
Au Courrier des Lecteurs
Précédent
Courrier des Lecteurs
Dans le N° 182
L’article de Raphaël Picon, intitulé « Une
Bible prétexte ? », et publié dans le journal ( de juin 2004) a suscité quelques réactions.
Nous en publions deux.
Si la Bible n’est que prétexte,
où est le garde-fou empêchant le prédicateur de
dire n’importe quoi et d’attribuer au Saint-Esprit ses propres
élucubrations ? L’exégèse critique n’est
pas « prétendument objective ». Elle est recherche,
approche. Elle a la modestie de se mettre constamment en question.
Pourquoi l’étude sérieuse du texte empêcherait-elle
d’actualiser ? Les deux opérations sont, à mon
sens, nécessaires. Réduire la prédication à
une étude biblique n’est pas prêcher. Prêcher
sans le soubassement assuré de la Bible, c’est substituer
sa propre parole à celle de Dieu. A partir du moment où
le sens du texte biblique n’a plus guère d’importance,
pourquoi ne pas prêcher à partir d’autre chose :
un texte non biblique, une image… ? Sérieusement, je me
pose la question. Le « sola scriptura » est-il un dogme
indépassable ? La belle émission de télévision
de Prieur et Mordillat (« L’origine du christianisme »,
Arte, avril 2004) nous rappelle opportunément que, si la Bible
juge l’Église, l’Église est bel et bien à
l’origine de la Bible, ce que nos frères catholiques nous
objectent depuis longtemps. Si le protestantisme libéral va
dans le sens suggéré par Raphaël Picon, cela veut
dire qu’il congédie la raison. Pente fatale au bout de
laquelle il ne restera que l’évangélisme et le
pentecôtisme.
Jean-Claude W., Briançon.
Le théologien américain
William Hamilton disait de nos théologies qu'elles sont comme
des masures dotées de huit embrasures de fenêtres, mais
avec seulement six contrevents pour les fermer. On doit en dire autant
de nos manières de lire la Bible, de nous y référer,
de fonder sur elle nos prédications dominicales. Nos exégèses
s'efforcent de serrer le texte au plus près, mais elles sont
pleines de courants d'air. L'article de Raphaël Picon «
Une Bible prétexte ? » a bien raison de nous le rappeler
et de plaider pour une prédication qui ne reste pas inféodée
à la rigueur des exégèses qui se veulent le plus
« scientifiques » possible. Quand il y a des courants
d'air, c'est que des renouvellements sont possibles et que l'Esprit
est libre de souffler où il veut !
Tous ceux qui, au cours des siècles, se sont nourris spirituellement
de leur lecture de la Bible n'y auraient pas trouvé leur compte
s'ils avaient dû l'aborder avec les exigences de cette scientificité-là.
L'important, pour eux, était (et est encore et toujours !)
que ces textes leur parlaient, qu'ils faisaient appel non seulement
à leur réflexion, mais aussi à leur imagination.
En d'autres termes, la Bible leur donnait non seulement à penser,
mais aussi à ressentir, à vivre, à se remémorer
leur passé et à se projeter déjà dans
l'avenir, qu'il soit terrestre ou éternel. La Bible, à
cet égard, n'a cessé d'alimenter leur culture, au sens
le plus large de ce terme. Et c'est ce qui continue ou devrait continuer
à se passer aujourd'hui : inspirer des pensées, des
attitudes, des actions se traduisant de toutes sortes de manières,
en particulier dans le domaine des arts.
J'abonde donc dans le sens de Raphaël Picon, mais en élargissant
encore l'horizon sur lequel se profilent ses propositions. Il pense
avant tout à de nouvelles propositions théologiques
; là encore il a bien raison : nous avons un urgent besoin,
non pas de changer de théologie, mais de repenser nos propositions
théologiques en fonction d'un contexte culturel en pleine évolution
quand il n'est pas en pleine déliquescence. Il faut l'aider
à se restructurer. Et puis, nous avons un besoin tout aussi
urgent de susciter, par exemple par le moyen de la prédication,
de nouveaux échos aux textes bibliques dans le domaine des
arts, à commencer par la poésie et la musique. Nos Églises
protestantes européennes d'expression française sont
actuellement en grave déficit quant à la composition
de nouveaux cantiques qui aient de la grandeur, de la tenue, une réelle
inspiration, une solide structure théologique – qui soient
à cet égard à la hauteur des textes bibliques
susceptibles de les inspirer.
Avec Raphaël Picon, je souhaite « une parole bonne et
neuve, créatrice, libre et motivante » – la Parole
même que la Bible lue avec ouverture d'esprit et imagination
nous apprend à épeler.
Bernard Reymond, Lausanne.
Carton rouge à la carte blanche
Le « carte blanche »
de Serge Oberkampf publié le mois dernier est à se tordre
de rire : la manière dont il manipule la référence
à la liberté est fascinante, mais le « grand Serge
» a trop d’humour pour ne pas l’avoir fait exprès
!
Je voudrais cependant reprendre ce qu’il affirme.
Il s’étonne et se moque de celles et ceux qui définissent
l’Evangile (à annoncer) par les commandements bibliques
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même
».
Ces braves gens, comme dirait le Baron Seillière, ne feraient
pas la différence entre la Loi et l’Evangile. Ils auraient
dû retenir au moins de leurs pasteurs pleins de science théologique
que Loi et Evangile s’opposent, et que toute affirmation protestante
aujourd’hui doit commencer par célébrer l’Evangile
de la GRACE ! Donc de la liberté individuelle !
Peut-être vaudrait-il la peine, plutôt que de mépriser
cette engeance, d’entendre ce qu’elle dit, ce qu’elle
croit, et de commencer par le prendre au sérieux ?
Demander d’aimer Dieu, n’est-ce pas proposer à
nos contemporains de découvrir une relation possible avec Dieu,
de l’aimer plutôt que de l’éliminer ?
Demander d’aimer son prochain, n’est-ce pas proposer à
chaque humain qui se croit « libéré » de
toute attache de reconnaître sa dépendance envers les
autres, son besoin du prochain ? Ne serait-ce pas manifester que l’Evangile
n’est pas une bonne nouvelle individualiste, mais un appel à
tisser de nouveaux liens avec Dieu et avec les humains?
Dans les Galates, cités par Serge, Paul continue en disant
: « C’est à la liberté que vous avez été
appelés. Seulement que cette liberté ne donne aucune
prise à la chair. Mais par l’amour, mettez-vous au service
les uns des autres ».
Donnez prise à la chair, c’est aujourd’hui participer
à la célébration de cette liberté qui
se moque des autres et de Dieu. Etre libéré (et libéral
théologiquement ?) ne serait-ce pas accueillir la grâce
de vivre avec d’autres sous le regard de Dieu ?
Il y a tout un travail à accomplir, dans notre Eglise réformée
de France, pour essayer de dire autour de nous l’actualité
de l’Evangile de Jésus-Christ. Mais la première
étape n’est-elle pas d’entendre les mots (bibliques)
simples qu’emploient les membres de notre Eglise ? Les convictions
dont ils vivent ? Peut-être y découvririons-nous aussi
quelques unes des attentes de celles et ceux qui aspirent à
une parole vivante ?
Avec beaucoup d’affection pour Serge.
Pasteur Olivier Brès, Toulouse.
Sur Evangile et Liberté
Je vous remercie pour les indéniables
satisfactions spirituelles et visuelles que je trouve, chaque mois,
lorsque je reçois ce précieux document. Sincères
félicitations, en ce qui concerne les jolies photographies
et les superbes reproductions des œuvres qui embellissent «
Evangile et Liberté » que vous m’envoyez. Bon courage,
à toutes et tous.
Pierre C. Vagney.
haut 
Précédent
Courrier des Lecteurs
|

|
|