
Numéro 211
Août-Septembre 2007
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Éditorial
Argent, par Laurent
Gagnebin
Il y a de quoi être révolté par l’envahissement
de l’argent dans les médias, par la place consacrée
à la Bourse et aux marchés ; on nous abreuve de Nasdaq,
Dow Jones, Cac 40, Indice Nikkei... 
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Questionner
Timothy Radcliffe est dominicain ; il a été
Maître de l’Ordre des Prêcheurs de 1992 à
2001. Sa liberté de parole, ses prises de position sur
la société contemporaine, la situation de l’Église
catholique et la vie religieuse lui ont donné une audience
internationale. Il sillonne le monde pour prêcher et enseigner.
Il a écrit le best-seller Je vous appelle amis (Cerf,
2000).
L’autorité
de l’Église
dans une Europe multiculturelle, par Timothy
Radcliffe
Au procès de ceux qui avaient conspiré
pour assassiner Hitler, en juillet 1944, le juge affirma : «
Nous, les nationaux-socialistes, et vous, les chrétiens,
n’avons qu’une chose en commun : nous revendiquons, les
uns et les autres, l’intégralité de la personne.
» Le christianisme revendique le Christ de manière
absolue. Mais, dans notre société, toute affirmation
absolue est perçue comme totalitaire et suspecte... 
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Débattre
Dans ce texte, qui a été publié dans
le mensuel suisse romand « Le Protestant », Jean-François
Habermacher montre, au regard de l’histoire, la nécessité
d’innover, d’inventer et de produire du nouveau pour
transmettre le christianisme.
Que reste-t-il du christianisme
?, par Jean-François
Habermacher
Je m’inspire ici de l’approche médiologique, cette
discipline qui observe comment une culture, un héritage (mémoire,
valeurs, savoirs, significations) se transmet et traverse les époques.
Cette approche nous met en garde contre un schéma simpliste,
celui d’un émetteur qui transmettrait l’information
à un récepteur ; l’idée selon laquelle
la transmission d’une culture, d’une religion, ne serait
qu’un problème de communication et d’actualisation
d’une information originelle...
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Ces mots qu'on n'aime pas
Vocation, par
Roger Parmentier
Quand c’est « Dieu » qui appelle,
le destinataire est généralement contrarié
: à son avis, il n’a ni l’âge, ni les compétences
requises et il a autre chose à faire. Mais « Dieu »
est remarquablement obstiné. D’autant que l’appel
qu’il adresse en général n’est pas un cadeau,
plutôt une entreprise « à hauts risques »
prophétique, vouée à l’indifférence
ou l’opposition... 
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Série
: l’autorité (4/5)
4. L’autorité
dans l’Église, par Michel
Bertrand
Si le pouvoir peut s’instaurer par la contrainte, l’autorité
revendique toujours une légitimité. Ainsi, ce qui
constitue sa force fait aussi sa fragilité, car elle court
toujours le risque de ne pas être reconnue. Tant que son droit
à s’exercer n’est pas mis en cause, il n’y
a pas de problème, mais dès qu’il y a difficulté
ou conflit, la question de sa légitimité surgit. «
L’individu le plus doué d’autorité commence
à balbutier si on lui demande d’où, de qui il
tient son autorité », écrit Paul Ricœur.
Il y a là une sorte de point aveugle qui rend toute autorité
vulnérable : au nom de qui, au nom de quoi s’impose-t-elle
?... 
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Billet
« Évangile
et liberté », mon chien et mon chat !, par Jean-Marie
de Bourqueney
Évangile & liberté est un journal sérieux.
Qui en douterait ? Au comité de rédaction, nous peaufinons
notre logique éditoriale : nous réfléchissons
aux thèmes, nous cherchons les auteurs… Même si
la bonne humeur est présente, le sérieux intellectuel
ne nous quitte pas… De vrais protestants, non ? Et lorsqu’on
est intellectuel et protestant, on ne réfléchit que
sur des grands thèmes de société, de théologie
et d’humanisme. Notre devise pourrait être : Penser utile,
pas futile. Mais lorsque je rentre à la maison… je caresse
mes chiens et mes chats !...
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Méditer
Les Remonstrants (cf. "Retrouver")
veulent une Église dans laquelle on admet une diversité
d’opinions. Ils ne s’opposent pas aux credo en tant
que tels, ils sont d’utiles « poteaux indicateurs
», mais ils refusent l’usage tyrannique qui en est
fait quand on les utilise comme des armes pour condamner les
autres. Dans cet esprit, la Fraternité des Remonstrants
a adopté une nouvelle confession lors de son assemblée
générale du 10 juin 2006. L’introduction
précise qu’aucune confession n’est indiscutable
et que, comme l’indique la Confession de 1621, il s’agit
« avec prudence et amour d’indiquer une route ».
Confession de foi
Remonstrante de 2006
Voilà ce que nous pensons et croyons.
Notre paix ne réside pas dans la certitude de nos formulations,
mais dans l’émerveillement devant ce qui nous arrive
et nous est donné... 
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Cahier
: Les miracles
par Louis Pernot
Le mot « miracle » vient du latin mirus (qui signifie
étonnant, et qui a la même racine que merveilleux,
ou admirable). Il appartient à la fois au langage courant
et au langage religieux, où il désigne une intervention
directe de la toute-puissance divine.
Dans les évangiles synoptiques, miracle traduit le mot
grec dunamis (force, puissance). L’évangile de Jean
utilise de préférence le mot grec sêmeion (signe).
Le miracle n’a rien de spécifiquement chrétien
; toutes les religions parlent de miracles. Mais ce qui nous intéresse
ici, ce sont les miracles attribués à Jésus
dans les évangiles.
À cette époque, divination, magie et médecine
allaient ensemble et elles étaient habituellement l’apanage
des prêtres. La maladie était le fait d’un ou
plusieurs démons ; chacun avait sa spécialité
! Elle avait d’ailleurs partie liée au péché.
Jésus n’était pas le seul à guérir,
à chasser les démons ! Ses disciples, les prophètes
de jadis (Moïse, Élie, Élisée), les faux
prophètes eux-mêmes et jusqu’à des inconnus
(Mc 9,38-41) pouvaient faire des miracles. Dire que Jésus
a fait des miracles montre simplement qu’il était un
homme religieux important de son époque.
Aujourd’hui les réactions face au miracle ne sont
plus les mêmes ; notre esprit cartésien est devenu
exigeant et la science pousse la foi à se débarrasser
d’idées inexactes. Il ne s’agit pas de rejeter
les récits de miracles, mais de chercher leur sens profond,
celui qui peut nous aider à vivre. Souvent, c’est en
cherchant un sens symbolique que l’on peut mieux les accepter
de nos jours. Il est d’ailleurs très probable que ce
sens était voulu par les rédacteurs, et déjà
perçu par les premiers lecteurs.
Les questions posées par les miracles ressemblent fort
à celles que pose le dialogue entre science et religion :
« Peut-on croire en Dieu et avoir une réflexion rationnelle
et scientifique sur le monde ? » et « Peut-on croire
aujourd’hui que Jésus ait guéri des aveugles
et marché sur l’eau ? » sont deux questions très
analogues.
Louis Pernot relativise l’importance des miracles, et
explique comment l’interprétation symbolique permet
d’y trouver encore plus de sens et plus de force qu’une
interprétation littérale.
Ne pas mettre la croyance aux miracles au centre de la foi
permettrait à beaucoup de nos contemporains de retrouver
plus facilement le chemin des Églises. Et pourtant «
Dans les évangiles, le surnaturel, la démesure, le
merveilleux, tout ce qui bien souvent gêne nos sages sensibilités
et nos esprits timorés, sont autant de ruses pour dire la
vie en excès, la vie malgré tout. » (Raphaël
Picon, E&l n°187 mars 2005)
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
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Vivre
Les pains au chocolat…,
par Christine
Durand-Leis
La boulangerie, le pain du soir. Devant moi, 4 « ados »
(aïe ?). « Bonsoir, M’dame, ben comme d’habitude,
hein, 4 pains au chocolat ». Souriants, les loustics payent,
remercient, déchirent allègrement le fragile sac de
papier soigneusement noué, et dévorent sans désemparer,
sans doute creusés par une séance de sport, un match,
puis repartent, gais, apparemment si « sympas », si
« bien dans leur peau »... 
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Commenter
Il dit alors : « À quoi est comparable le Royaume
de Dieu ? À quoi le comparerai-je ? Il est comparable à
une graine de moutarde qu’un homme prend et plante dans son
jardin. Elle pousse, elle devient un arbre et les oiseaux du ciel
font un nid dans ses branches. »
De la moutarde, pour
quoi faire ? Luc 13,18-19, par Henri
Persoz
En quoi cette courte histoire nous renseigne-t-elle sur ce fameux
Royaume ? Que pouvait bien vouloir dire Jésus en la racontant
? Certes, nous sommes placés devant les merveilles de la
croissance : le Royaume se développerait aussi mystérieusement
et aussi merveilleusement que la croissance de la végétation.
Tant il est vrai que, depuis la plus haute antiquité, l’homme
s’est façonné une culture qui juge le bonheur
inséparable de la croissance. Et l’ensemble de la Bible
en est imprégnée. Mais que va-t-on faire de ce vieux
texte, maintenant que la croissance devient à bien des égards
contestée, voire contestable, et qu’elle ne s’identifie
plus à la réussite ? Faut-il le mettre au panier ?...
Retrouver
Nous publions dans ce numéro (p. 8) la belle confession
de foi que vient d’adopter la Fraternité Remonstrante
des Pays-Bas. Qui sont les Remonstrants ? André Gounelle
présente ces protestants libéraux qui constituent
une Église autonome.
Les Remonstrants,
par André
Gounelle
Au dix-septième siècle, ont eu lieu des grandes
querelles sur la prédestination. Elles partent de l’affirmation
de Paul : « C’est par grâce que vous êtes
sauvés, par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous,
c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres.
» (Eph 2,8-9) Faut-il en conclure que Dieu donne son salut
à qui il veut, sans tenir compte des sentiments, des actions,
de la valeur des uns et des autres ? Deux thèses, que je
simplifie, s’affrontent...
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Jouer
À l’occasion de la coupe du monde de rugby, qui
se déroule cette année en France (en septembre et
octobre), Vincens Hubac, qui a pratiqué ce sport, souligne
les aspects qui le rapprochent de la religion.
Rugby, coupe du monde,
par Vincens
Hubac
Fête moderne, mais aussi affrontement et nationalisme, voire
forme larvée de guerre, des milliards engagés, le
sport dépasse largement ce qu’il représente pour
être spectacle, enjeu économique, politique et sociologique.
Le sport moderne prend même des accents religieux. Le langage
trahit cet état de fait : la grand’messe du Foot ou
l’idole que devient tel ou tel joueur… Le rugby occupe
une place de choix...

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Regarder

Un autre 11 septembre…
Lire
Livre : Un autre regard sur Kaboul et
l’Afghanistan 
Livre : Un combat pour la liberté
Livre : Les fêtes chrétiennes
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Résonner
Pierre Nambot écrit des critiques de film pour notre
site www.evangile-et-liberte.net,
et pour notre journal. Il a participé au jury du Prix œcuménique
du festival de Cannes. Il estime que le film « De l’autre
côté », qui a remporté le prix cette
année, est un chef-d’oeuvre.
De l’autre côté
(Auf der anderen Seite)
Prix du jury œcuménique, Festival de Cannes 2007,
par Pierre Nambot
J’ai eu le privilège et la joie de participer au jury
international qui, au festival de Cannes, décerne chaque
année le Prix œcuménique. Ce jury, composé
de six membres catholiques et protestants originaires d’Allemagne,
de France, de Hongkong, d’Italie et de Suisse, a retenu pour
cette récompense 2007 le film De l’autre côté
qui faisait partie de la sélection officielle du Festival...

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Nouvelles
Journées Évangile et liberté "Spiritualités"

Recueil des interventions des Journées sur "Le Secret"

Fonds Ricœur

Centenaire de la fondation du temple de la Bastille (1907)

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Courrier des Lecteurs
Évangile
& liberté comprend une page entière
consacrée au Courrier des lecteurs. Nous voulons ainsi une
page vive, animée, publiant librement vos réactions
à tel ou tel article. 
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Citation
Dieu, c’est la
vérité éternelle au-dessus de nous.
L’homme vénérable
et adorable dont nous avons fait par idolâtrie un membre
de la Trinité divine n’a pas pu, dans un jour
sublime qu’il a passé sur la terre, posséder
la vérité absolue, la vérité éternelle
de Dieu. C’est un blasphème que de le dire, c’est
une idolâtrie que de le croire.
George Sand, Correspondance
(À Henriette de la Bigottière, 1842)
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