
Numéro 212
Octobre 2007
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Éditorial
Un Dieu sans barbe,
par Raphaël
Picon
voilà celui en qui nous croyons à Évangile
et liberté. Un Dieu sans mythologie, un Dieu crédible
et qui est, oui, osons le mot : acceptable à l’entendement.
Protestants, c’est-à-dire héritiers de cette
Réforme qui commit ce geste révolutionnaire de traduire
la Bible dans la langue de tout le monde, nous nous devons de libérer
la foi de ce qui la rend obscure, repoussante ou inaccessible, et
de libérer Dieu de ce qui nous le rend étranger, absurde
ou impossible... 
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Questionner
La récente publication d’un nouveau recueil
de cantiques (Alléluia) ne doit pas faire illusion :
les textes que nous chantons chaque dimanche sont souvent plus
que centenaires, et correspondent parfois très mal à
la théologie actuelle. Christine Durand-Leis s’interroge
sur les possibilités de renouveler les textes de nos
chants.
Dépoussiérer
nos cantiques ?, par Christine
Durand-Leis
Prima la musica, poi le parole… « D’abord
la musique, les paroles ensuite » : a-t-on souvent dit et
écrit, de façon à peine exagérée,
de l’opéra dès l’époque baroque.
Un texte dont on se moquait qu’il fût indigent, pourvu
qu’il laissât la prima donna faire montre de ses prouesses
vocales. Il ne viendrait à l’idée de personne
de comparer l’univers de l’opéra avec le chant
des assemblées protestantes au culte. Cependant, ce petit
détour par les coulisses de l’art vocal permet de poser
la question du rapport entre, précisément, la musique
et le texte. On a longtemps affirmé (quoi que cela ait heureusement
changé) que de toute façon, on ne comprenait guère
ce que chantaient les chanteurs d’opéra ! Comment, en
revanche, imaginer que les assistants au culte dominical, non seulement
ne comprennent pas ce qu’ils lisent et chantent dans leurs
recueils, mais encore ne puissent y adhérer autant de cœur
que de bouche?... 
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Débattre
Réinventer la liturgie : une urgence pour Ivan Mikolasek,
fidèle lecteur et prédicateur laïc. Il réagit
à l’article de Gilles Castelnau (« Les religions
: un affront à l’intelligence ? », numéro
210).
Liturgies d’enfer,
par Ivan Mikolasek
La désaffection de nos temples a-t-elle pour cause l’opacité
de nos liturgies ? L’écart entre ce qui est véhiculé
dans nos cultes et la pensée d’aujourd’hui ne devient-il
pas un gouffre ? Oui, l’offre est trop loin de la demande,
et la liturgie se réfère à un corpus théologique
d’un autre temps ! Protestant réformé par héritage,
tombé tout petit dans l’ERF, je m’en suis absenté
pendant près de 30 ans pour y revenir à 60 ans passés
(groupe sociologique des « revenants ») jusqu’à
être le trésorier du conseil presbytéral. Et
même si l’air des cantiques est imprimé définitivement
sur mon disque dur interne, je me demande pour finir si je comprends
grand chose à ma religion...
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Ces mots qu'on n'aime pas
Judas, par James
Woody
Figure de traître par excellence, objet dont
on se sert pour observer à la dérobée à
travers une porte, le langage populaire a stigmatisé Judas,
l’un des douze disciples de Jésus. Les évangiles
le présentent comme celui qui a livré (et non trahi)
Jésus en le vendant pour trente pièces d’argent.
A-t-il mal agi ?... 
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Série : l’autorité (5/5)
5. Exercer l’autorité,
par Michel
Bertrand
Exercer l’autorité implique d’en reconnaître
son caractère fragile et relatif. C’est à vouloir
se guérir de cette vulnérabilité essentielle,
et croire pouvoir le faire, qu’elle dégénère
en pouvoir autoritaire et mortifère. Pour conjurer ces tragiques
dérives, je pense que l’exercice de l’autorité
doit toujours assumer deux dimensions...
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Billet
Loterie, publicité
et partage
ou… Faut-il faire l’aumône aux riches ?, par Jean-Luc
Duchêne
Les jeux de hasard et d’argent sont interdits en France depuis
le XIXe siècle. Sont exclus de cette interdiction les casinos,
les courses de chevaux et la Française des jeux. Faut-il
se demander pourquoi ? Vendre cent billets de loterie à 1
€, donner un seul prix de 50 € et empocher la différence
est à la portée du premier imbécile venu. Pourtant,
si l’on en croit la sagesse populaire qui proclame que «
dans tout pari, il y a un imbécile et un voleur »,
les imbéciles seraient plutôt ceux qui achètent
les billets… Quoi qu’il en soit, l’État se
réserve le rôle du vendeur. Pour les autres, c’est
interdit. Au même titre que le vol ou l’escroquerie !
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Regarder

Apprivoiser ou dominer
? 
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Cahier : Risquer pour vivre
par Jean-Marie de Bourqueney
La notion de risque n’est pas nouvelle puisqu’elle
est apparue au XIVe siècle avec l’assurance maritime
qui accompagnait déjà le développement du commerce
en mer : « risco », en italien, c’était
l’écueil, le récif, la menace pour les navires.
Aujourd’hui le mot risque est employé dans tous les
domaines : risque écologique, technologique, alimentaire,
médical, urbain, sanitaire, routier, domestique, mais aussi
population à risque, facteur de risque, conduite à
risque, quartier à risque… Nos pays riches offrent aux
individus retraites, assurances, placements sûrs… La
recherche du risque zéro ne correspond-elle pas au développement
de la société de consommation : consommez, bonnes
gens, tout est sous contrôle ? Ces inventions de l’homme
moderne pour libérer l’esprit et offrir davantage d’insouciance,
deviennent des amarres de plomb lorsque l’existence entière
s’organise autour de la peur de les perdre.
Quelle attitude avoir face au risque ? À la fin des
années 90 parut un livre intitulé : La vie est une
maladie sexuellement transmissible, constamment mortelle. Ce titre
nous rappelle, avec humour, que le risque est inhérent à
l’existence, qui arrive toujours, d’une manière
ou d’une autre, à la mort.
Mais chaque individu a un comportement particulier devant le
risque. On peut préférer mourir dans son lit, ou au
contraire mourir dans un saut en parachute au dessus de l’Antarctique.
La sagesse populaire déclare : « Qui ne risque
rien, n’a rien » et la philosophe Simone Weil écrit
: « Le risque est un besoin essentiel de l’âme.
L’absence de risque suscite une espèce d’ennui
qui paralyse autrement que la peur, mais presque autant. La protection
des hommes contre la peur et la terreur implique la présence
permanente d’une certaine quantité de risque dans tous
les aspects de la vie sociale. »
Pour partir à la découverte de son univers, le
petit enfant commence par escalader son lit à barreaux. Il
rencontre vite la peur, mais rien n’arrête son besoin
d’acquérir des connaissances, et d’accroître
sa confiance en lui, en surmontant ses craintes. « À
travers la quête des limites, l’individu cherche ses
marques, teste ce qu’il est, apprend à se connaître,
à se différencier des autres, à redonner une
valeur à son existence », analyse le sociologue David
Le Breton.
Un certain Jésus de Nazareth a pris tellement de risques
qu’il n’a pas vécu bien longtemps… Des risques
face aux puissants, aux notables, face à la morale, face
à la société, face à la religion…
Et nous aujourd’hui, quels risques prenons-nous ? Quels
risques prend l’Église ?
Jean-Marie de Bourqueney, pasteur à la Chapelle Royale
à Bruxelles, et dont nous connaissons les « billets
» qu’il rédige souvent pour notre journal, nous
offre ici une étude sur l’importance de cette notion
de risque.
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
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Vivre
Trouver la beauté,
par Bernard Félix
Que le sentiment de la beauté des paysages de la nature,
des êtres de la création ou des œuvres d’art
soit souvent mis en relation avec tel sentiment religieux et qu’il
soit dit concourir à inspirer l’idée de la puissance
créatrice de Dieu est un thème largement rebattu.
J’ai souvent cédé moi-même à l’idée
d’associer le plaisir, l’apaisement, l’extase qui
naissent de la contemplation de la beauté au sentiment de
la présence de Dieu ou, au moins, à une certaine forme
d’exaltation religieuse. La beauté comme voie vers le
Royaume, bien des théologiens ont emprunté cette piste....

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Agir
Nous les croisons tous les jours sans les voir. Ce sont des
hommes et des femmes qui, après un problème qu’ils
n’ont pas su résoudre, se retrouvent à la rue
et s’y engloutissent jusqu’à perdre le respect
d’eux-mêmes.
Exclu, par Vincens
Hubac
La grande pauvreté entraîne l’individu dans une
solitude tragique, une absence de lien avec le monde, une dérive
qui provoque un effondrement intérieur : c’est l’exclusion.
L’anthropologie néolibérale : Libre, efficace,
premier devant ses concurrents (et amis), en bonne santé,
jeune, « cool et relax », rapide, l’homme moderne
se « réalise » et réussit, non sans fragilité,
comme le montre les taux de divorces et la consommation de drogue
et d’alcool. Il est manipulé, chosifié, souvent
dispersé dans un milieu lui-même éclaté.
Il est finalement le serviteur d’une société
de production technique, matérialiste et impersonnelle....
Dialoguer
Valdo Bertalot, 53 ans, est secrétaire général
de la Société Biblique Italienne. Membre de l’Église
vaudoise, il est titulaire d’un doctorat en théologie.
Olivier Guivarch l’a interrogé à Rome en janvier
dernier.
L’Église
vaudoise aujourd’hui :
le protestantisme italien, par Valdo
Bertalot,
propos recueillis par Olivier
Guivarch
Olivier Guivarch : Quel est le nom exact de l’Église
vaudoise en Italie ?
Valdo Bertalot : Notre Église s’appelle l’Église
évangélique vaudoise. Mais depuis les années
1970, on peut aussi dire l’Union des Églises évangéliques
vaudoises et méthodistes. Elle fait partie de la Fédération
des Églises Évangéliques en Italie née
dans les années 1960, qui regroupe les Vaudois, les Baptistes,
les Luthériens, l’Armée du Salut, les Méthodistes
et quelques Églises pentecôtistes ; nous appartenons
bien sûr à l’Alliance Réformée Mondiale...
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Retrouver
Émile Gallé est un artiste connu et reconnu.
Ce protestant transmet à travers les objets qu’il
crée une vision du monde qui inclut la présence
permanente et harmonieuse d’un Dieu créateur.
Émile Gallé,
artiste protestant, par Werner
Burki
La transmission de souvenirs familiaux s’effectue souvent
par des objets. Il n’est pas rare dans nos milieux d’avoir
en mémoire les meubles étonnants, les luminaires extravagants
ou les vases évocateurs d’un artiste protestant dont
la notoriété est immense. Émile Gallé,
artiste et industriel, fondateur de l’École de Nancy
où il naquit le 4 mai 1846, a souvent marqué de son
talent les objets précieusement gardés dans beaucoup
de nos maisons...
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Commenter
Un autre sens des mémorables paroles nous est présenté
ici : être mangé plutôt que manger.
« Faites ceci
en mémoire de moi », par Louis
Pernot
Selon Paul, puis Luc, le Christ, lors de son dernier repas, offrit
le pain et le vin, et prononça cette parole bien connue : «Prenez
et mangez, ceci est mon corps donné pour vous... Faites ceci
en mémoire de moi.» En général, cette
phrase, est comprise comme l’institution du rite ou du sacrement
de la sainte Cène, ou de la Communion. Le Christ aurait, non
seulement fait ce repas particulier, mais il aurait, en plus, invité
ses fidèles à refaire la même chose, à
réitérer ce geste...
Lire
Livre : L’existence et le Christ

Livre : Théodore de Bèze,
poète et théologien
Livre : Théologie buissonnière
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Résonner
Poursuivant la série commencée en avril (No
208) avec La Cène de B. Buffet, Martine Grenier, historienne
d’art contemporain, nous présente une autre œuvre
sur le même sujet.
Le dernier repas,
de Simon Patterson, par Martine
Grenier
Avec ce dessin mural, l’artiste conceptuel anglais, Simon
Patterson, perturbe tous les codes du thème, mais qu’en
est-il de son propos ? S’agit-il uniquement d’un résidu
de culture chrétienne qui teinterait encore l’art, ou
d’une représentation contemporaine du tragique de la
condition humaine? Bien en phase avec la culture populaire, ses
mythes sportifs et ses dieux du stade, la métaphore fait
de Jésus, le goal, le dernier recours, des apôtres,
les joueurs, les porteurs de la balle, la Parole, et des participants
au repas fraternel, une équipe de foot soudée...
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Nouvelles
Recueil des interventions des Journées sur "Le Secret"

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Courrier des Lecteurs
Évangile
& liberté comprend une page entière
consacrée au Courrier des lecteurs. Nous voulons ainsi une
page vive, animée, publiant librement vos réactions
à tel ou tel article. 
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Citation
Au fond, l’Évangile
a fait cette transformation prodigieuse, il a humanisé
Dieu.
Charles Wagner,
in Ferdinand Buisson et Charles Wagner,
Libre prensée et protestantisme libéral
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