LIVRE L’existence
et le Christ
Paul Tillich est l’un des plus
grands théologiens du XXe siècle, et dans son œuvre,
la Théologie systématique est un monument. En cinq parties,
elle analyse la foi dans toutes ses dimensions et propose un système
théologique moderne et très fondamentalement libéral.
Après les deux premières parties de la Théologie
systématique, c’est la troisième qui nous est là
proposée en traduction sous le nom de l’Existence et le
Christ. Il y est traité de la condition humaine vécue
dans l’expérience de l’imperfection et dans l’aspiration
au salut, puis il est montré de quelle manière le Christ
peut intervenir dans cette dynamique en ouvrant une voie nouvelle hors
de l’aliénation.
Certes,
l’enracinement philosophique de Paul Tillich, s’il donne une
rigueur et une profondeur extraordinaires à son œuvre, la
rend aussi d’un accès assez difficile à qui n’est
pas habitué au langage philosophique. Mais il y a ici une réflexion
rigoureuse et encyclopédique absolument passionnante au service
d’une pensée moderne qui renouvelle l’approche de la
question religieuse. Comme son nom l’indique, nous avons là
un « système » à la fois cohérent,
rationnel, et plein d’ouvertures spirituelles donnant une structure
inégalée à une pensée libérale.
La traduction nouvelle qui nous est proposée a été
faite par André Gounelle qui est l’un des plus grands spécialistes
de Tillich en France, et sa traduction est un modèle de précision
et de respect de l’œuvre originale. 
Louis Pernot
Paul Tillich, Théologie systématique,
Troisième partie : L’existence et le Christ,
Traduction d’André Gounelle,
Les éditions du Cerf, Labor et Fides, Les Presses de l’Université
Laval, 288 pages.
en
librairie
LIVRE Théodore
de Bèze, poète et théologien
Moins connu du grand public que
d’autres figures de la Réforme, sa biographie récente
publiée en Suisse est bien utile dans le désert éditorial
français.
L’homme présente plusieurs facettes : réformateur
et organisateur, polémiste doué, pasteur et enseignant,
traducteur et bibliste, ambassadeur des Églises réformées
de France et poète.
Alain Dufour prend le soin de décrire le jeune Théodore
« gentilhomme-poète » et humaniste, pétri
de latin et de grec, promis à une gloire littéraire, avant
sa pleine adhésion à la Réforme qui le conduit
à rejoindre Calvin à Genève en 1548 et à
être son successeur en 1564. Ainsi on comprend mieux en quoi Théodore
de Bèze a employé tout son talent au service de la théologie.
Sa versification des Psaumes à la suite de Clément Marot
qui a donné lieu au Psautier huguenot illustre à la fois
son attirance pour la poésie et sa transformation en théologien.
L’ouvrage est à la mesure du parcours original et riche
de Théodore de Bèze. L’appareil de notes est assez
important, les digressions nombreuses, on pourrait le réserver
à un public averti. Mais le lecteur curieux y trouvera des éléments
biographiques passionnants touchant cette époque fondatrice.

Olivier Guivarch
Alain Dufour, Théodore de
Bèze, poète et théologien,
Librairie Droz, Genève, 2006, 272 pages.