Les évangiles
sont proprement stupéfiants ! Une pure folie les agite!
Ils nous racontent tant et tant de miracles, ils sont
pleins de guérisons sensationnelles et même de résurrections
qui défient l’imagination.
Jésus irradie d’une vie qui reprend sans cesse
le dessus, qui transperce la tombe, qui fait chavirer la mort ; il nous
laisse bouche bée, nous saisit par tant d’audace et nous
sidère par tant d’exagérations confondantes.
Car, oui, il y a bien quelque chose de scandaleux dans
cette folle passion pour la vie. Là où, de guerre lasse,
nous aurions pu souhaiter ne plus y croire et nous en remettre à
l’ordre des choses, à la fatalité, là où
peut-être nous aurions préféré nous murer
dans le doux souvenir de nos morts, l’Évangile nous rappelle
son terrible commandement : « Laisse les morts enterrer leurs
morts ! » (Mt 8,22) Vous, les vivants, vous êtes faits pour
la vie !
C’est pour nous révéler cela que l’Évangile
déploie, patiemment, page après page, le rouleau compresseur
de la vie. On aurait donc bien tort de se satisfaire de définitions
trop rationnelles, trop recevables, et finalement trop minimales de
la résurrection.
Pour faire le poids face au scandale de la mort que révèle,
dans toute sa brutalité, la croix, il faut bien toute l’intensité
spectaculaire de la prédication de Jésus.
Il faut bien cette prodigalité fabuleuse de vie
pour nous inviter à croire l’incroyable, pour nous ouvrir
à la possibilité de croire l’impossible : la vie
est plus forte que la mort.
Dans les évangiles, le surnaturel, la démesure,
le merveilleux, tout ce qui bien souvent gêne nos sages sensibilités
et nos esprits timorés, sont donc autant de ruses pour dire la
vie en excès, la vie malgré tout. Le Dieu du dimanche
de Pâques, le Dieu de la pierre roulée du tombeau, n’est
pas un Dieu raisonnable, c’est un Dieu extravagant. 
Raphaël
Picon