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Numéro 186 - Févier 2005
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Comment parler de Dieu lorsque celui-ci se manifeste essentiellement par son silence, voire son absence ? Pour le plus grand plaisir de ses lecteurs, André Gounelle nous propose une nouvelle édition revue et augmentée de son premier essai de réponse, formulée il y a quelques années dans son Parler de Dieu.

Et si on reparlait de Dieu ?

Profitant d’une nouvelle édition de cet ouvrage (Parler de Dieu, nouvelle édition revue et augmentée, Van Dieren éditeur, Paris, 2004), l’ancien professeur de théologie précise son propos : parler de Dieu dans notre société de plus en plus sécularisée, en proie au doute et à l’incertitude, c’est parler d’un Dieu qui « paraît de plus en plus problématique, contestable, évanescent ou absent. Nous nous demandons parfois avec angoisse : se trouve-t-il encore quelque part et, si oui, que faire pour qu’il n’en soit pas délogé?»

Parmi les sujets de doute et d’incertitude à l’origine de la remise en question radicale d’une façon traditionnelle de parler de Dieu, on pourrait citer la question des origines du monde – que l’on peut poser aujourd’hui indépendamment de l’existence de Dieu – ou celle des écrits bibliques, dont on connaît de nos jours le « caractère humain, contingent et culturel ». Ce ne sont pourtant pas ceux-là qui inquiètent le plus André Gounelle, qui ne craint pas de « mettre en questionnement le questionnement lui-même ». La vraie difficulté tient davantage à ce que, aujourd’hui, parler de Dieu signifie parler de quelqu’un qui se dérobe devant nos pas : « Dieu est toujours en même temps avec et devant nous, tout proche et très loin. » Autant il était facile de parler de l’être divin à une époque où l’on ne doutait point de l’endroit où pouvoir le trouver (au ciel, dans la nature, dans son for intérieur…), autant il est difficile de parler d’un Dieu qui a décidé de mettre les clés sous la porte pour s’en aller « ailleurs que là où je le place et le perçois ». Même la Bible peut servir de prétexte à localiser Dieu, comme le fait une certaine scolastique protestante pour qui les « Saintes Écritures » ne sont finalement qu’un oreiller de paresse permettant de contourner le doute et l’incertitude. Que le lecteur se rassure, Gounelle reste sur ce point plus protestant que jamais. Sa confiance au Dieu d’Abraham demeure totale… à la condition de préciser que, « dans la Bible, les révélations divines qui se succèdent guident vers autre chose qu’elles-mêmes » Il reste par ailleurs fidèle à la démarche qui consiste à ne pas opposer systématiquement la façon dont l’homme parle de Dieu à celle dont Dieu parle de l’homme. Ou, si l’on préfère, à ne pas différencier radicalement parole divine et parole humaine comme l’a longtemps prôné une théologie dogmatique fondée sur la seule Parole de Dieu.

Rajouté à la première édition, le deuxième chapitre du livre est à cet égard instructif. Intitulé « Où trouver Dieu ? », son sujet touche à la question capitale et particulièrement actuelle de la Révélation. À la question « à quel endroit Dieu se manifeste-il ? », André Gounelle distingue deux types de réponses traditionnelles. D’un côté, les spiritualités de la sagesse se refusent à faire une coupure entre la vérité divine et la réalité du monde : « Dieu se perçoit dans ce que nous vivons et expérimentons. » Même si Dieu est présent en tout lieu, c’est au fond de son âme que l’homme peut le mieux le percevoir et, du coup, parler de lui. De l’autre, les religions de type sectaire (au seul sens sociologique du terme) affirment au contraire qu’il y a rupture et antinomie entre Dieu et le monde : la vérité ne se trouve pas en nous mais extra nos selon la formule de Luther. La conviction d’André Gounelle est de croire possible la synthèse entre ces deux approches que tout oppose en apparence, s’inscrivant ainsi dans la lignée d’un Alexandre Vinet et de sa distinction entre Évangile intérieur et Évangile extérieur ; ou encore dans celle d’Albert Schweitzer qui affirmait que le « christianisme ne doit pas se référer seulement aux révélations historiques, mais aussi à la révélation intérieure qui leur correspond ». Et comme rien ne vaut une bonne histoire, le chapitre se termine par un conte où le rôle de la parole intérieure est confié à la Belle au bois dormant, et l’extérieure à son prince charmant. feuille

Geoffroy de Turckheim

André Gounelle, Parler de Dieu
Nouvelle édition revue et augmentée,
Van Dieren Éditeur, 2004. isbn 2-911087-48-8, 160 pages, 22 €

Nicole Vray

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