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SRI LANKA. Kalutara. Enfant Sri lankais au milieu des ruines de la ville dévastée par Tsunami. 31/12/2004. Fédération/MAYER, Till |
Les choses ont, semble-t-il, changé : les dons et promesses de dons sont considérables ; lémotion très forte et une couverture médiatique sans précédent ont fait prendre conscience au monde de la nature de lévénement. Visiblement le raz-de-marée a permis aux hommes de réaliser quils sont ensemble et solidaires les uns des autres ; peut-être aussi parce que le tourisme a plongé beaucoup de pays riches dans le deuil. Réjouissons-nous donc de cet élan de générosité et des bonnes décisions qui y font suite, en ,particulier au niveau international.
Hélas, bien des questions demeurent. La société spectacle a fonctionné comme jamais, avec une violence et un réalisme sans précédent : La mort obscène, horrible, pornographique sest étalée avec complaisance sur nos écrans et dans nos journaux. Elle a attisé notre morbidité. Elle nous renvoie à la violence de nos sociétés, à notre propre mort à laquelle on échappe pour linstant. Cest la mort de lautre dans la télé-réalité qui, là, nest pas un jeu. On sapitoie dautant plus que cette mort étrangère nous a quand même touchés, quelques centaines des nô-tres ne sont pas revenus. Pour les autres, le coup nest pas passé loin.
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SRI LANKA. Colombo, dans un collège hindou face à la délégation. Volontaires aidant le CICR à mettre des produits non alimentaires dans des sacs et à les embarquer dans des camions pour Batticaloa. 05/01/2005. CICR/BARRY, Jessica |
Comme souvent en pareil cas, la mort conduit à des formes dexubérance dans les comportements. On la vu autrefois au moment des pestes et des grandes épidémies. La danse macabre on la sur nos écrans , et la course à lentraide internationale nous entraînent tous dans une sorte de grande kermesse de la charité. Cette charité internationale, si elle reste nécessaire, nen pose pas moins le problème de notre déculpabilisation et de la perception de notre salut. Nous sommes parmi les plus généreux, voyez nos voisins, constate-t-on non sans satisfaction. Cette générosité très ciblée risque daffaiblir nos au-tres engagements. Problèmes du quart-monde, des exclus, guerres et souffrances en Afrique, dans tout le tiers-monde. La mort de lautre cache souvent la mort chez nous. À lheure où ces lignes sont écrites, quinze jours après la catastrophe, sest-on demandé comment les SDF de nos sociétés ont passé lhiver. Les banques alimentaires et autres restos du cur ont-ils ce qui est nécessaire pour secourir les plus démunis parmi nous ? Avons-nous conscience de ce qui se passe dans les bidonvilles du Brésil ? Quen est-il du génocide du Darfour à peine évoqué, et du Congo, à feu et à sang une nouvelle fois ? Tous ces morts médiatisés du tsunami ne doivent pas occulter tous les problèmes de fond, tant de souffrances auxquelles nous devons être toujours vigilants.
Espérons ! Espérons que lélan
de sympathie et de générosité, que ce malheur de
lOcéan Indien a réveillé au cur de
chacun dentre nous, ne reste pas sans lendemain et quil
soit le signe dun réveil dune humanité nouvelle,
plus attentive aux autres, que ceux-ci soient proches ou lointains.
Espérons que le philosophe Michel Serres ait raison de dire que
nous assistons à lémergence dune nouvelle
conscience planétaire.
| Bienvenue |
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| Numéro 186 |
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