A priori, le mot discipline
n’est pas de ceux qui attirent la sympathie. Des expressions comme
« mesures disciplinaires » ou « conseil de discipline
» ne suggèrent rien de très réjouissant ;
ou encore « bête et discipliné » qui dit clairement
qu’observer un règlement suppose de laisser son intelligence
au vestiaire. Pour-tant expert en la matière, Calvin reconnaissait
que « certains haïssent la discipline au point que son nom
même leur est en horreur ». À notre tour, avouons
que ses arguments plaidant en faveur de l’opinion contraire auraient
du mal à nous convaincre aujourd’hui ; par exemple lorsqu’il
déclarait (L’Insti-tution Chrétienne, IV, XII, 1)
: « La discipline joue le rôle d’une bride pour réfréner
et dompter ceux qui sont rebelles à l’enseignement de l’Église…
Elle est comme une verge paternelle destinée à châtier
doucement, avec une mansuétude chrétienne, ceux qui ont
été coupables de fautes graves. »
Si ces propos ont le mérite d’être
clairs, ils ne doivent pas pour autant nous détourner d’une
autre façon d’envisager les choses. Et si discipline évoquait
d’abord la condition de disciple ? Être disciple de Jésus
de Nazareth, n’est-ce pas s’efforcer d’agir selon une
discipline de vie et de pensée qui ne serait pas seulement l’aboutissement
de notre seule volonté, mais aussi de notre acceptation de nous
laisser guider par l’esprit ? Quant à la Discipline de -l’Église,
on pourrait dire que sa vocation première est de permettre le
vivre ensemble auquel l’assemblée convie chacun de ses membres
et chacune de ses communautés, étant entendu, comme le
précise la première Discipline ecclésiastique réformée
(1559), que « nulle Église ne pourra prétendre principauté
ou domination sur l’autre ». 
Geoffroy
de Turckheim