La pentecôte,
fête du don de l’Esprit, célèbre la diversité
des langues, des cultures, des religions. Celles-ci révèlent
la richesse d’une humanité capable de tant de créativité
et d’inventivité. Chaque expression religieuse fait mémoire
d’une parole ou d’un geste qui nous porte vers un horizon
ultime et nous renvoie à la profondeur même de la vie.
Cette diversité témoigne de l’infinie liberté
de Dieu à se révéler ailleurs, autrement, à
ne jamais devenir prisonnier d’un dogme ou d’une institution.
Préserver notre diversité, c’est donc une manière
de valoriser la liberté d’un Dieu qui est d’abord et
avant tout esprit, souffle, inspiration. La Pentecôte, en effet,
nous permet de croire que Dieu n’est pas une entité abstraite,
surplombante, tel un super-héros, tantôt dominateur tantôt
protecteur, qui s’autoriserait de temps en temps quelques ingérences
dans les petites affaires du monde.
La Pentecôte nous invite à croire en un
Dieu qui est le souffle et la respiration même du monde, son plus
grand poète comme le disait le philosophe Whitehead. Le Dieu-Esprit
de la Pentecôte est celui qui nous donne du souffle, qui inspire
l’amour et la beauté, qui enrichit le réel de nouvelles
possibilités, qui nous permet d’aspirer au meilleur de la
vie et de nous-mêmes et qui nous invite à transfigurer
le réel pour rendre le monde plus harmonieux. Pour le théologien
John Cobb, Dieu œuvre à travers nous à «l’enjoiement»
du monde dans toutes ses composantes, humaine, végétale,
animale et même minérale.
Ce Dieu n’est pas celui des dogmatiques scellées,
des morales bien pensantes, ni de ceux qui mettent l’humanité
sous la tutelle d’un Dieu obscur. Pentecôte et la diversité
des religions nous enseignent la sagesse d’un Dieu suffisamment
libre pour être toujours ailleurs et suffisamment fou pour aimer
chacun tel qu’il est. 
Raphaël
Picon