
Numéro 189
Mai 2005
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Le présent numéro d’Évangile
et liberté comporte quatre articles (1,
2, 3, 4)
consacrés à la Loi de séparation des Églises
et de l’État (1905).
Éditorial
La
Pentecôte, par Raphaël
Picon
La pentecôte, fête du
don de l’Esprit, célèbre la diversité
des langues, des cultures, des religions. Celles-ci révèlent
la richesse d’une humanité capable de tant de créativité
et d’inventivité. Chaque expression religieuse fait
mémoire d’une parole ou d’un geste qui nous porte
vers un horizon ultime et nous renvoie à la profondeur même
de la vie.... 
Questionner
Pas
de responsabilité sans liberté, par
James Woody
La liberté implique des choix
et des risques. On décide soi-même, on ne se réfugie
pas derrière les consignes données par des autorités.
Si les croyants sont des militants qui ne font qu’appliquer
ce que les autorités ecclésiales préconisent,
ils ne sont ni vraiment libres ni vraiment responsables. Le pasteur
James Woody montre comment la tentation d’abdiquer sa responsabilité
menace même les protestants les plus épris de liberté. 
Retrouver
Un mensuel a le grand avantage,
par rapport aux quotidiens et hebdomadaires, de pouvoir prendre
du recul face à l’actualité. C’est ce que
font ici Jean-Jacques Peyronel et Laurent Gagnebin en posant, au-delà
de la personne de Karol Wojtyla et de son pontificat, la question
de l’œcuménisme et de la papauté en tant
que telle. 
Le
Pape, «icône du Christ»?, par Jean-Jacques
Peyronel
Sur Jean-Paul II et l’œcuménisme,
que peut dire un protestant italien, membre d’une toute petite
Église comme l’Église Vaudoise? On cite souvent
les rencontres interreligieuses d’Assise, mais on oublie de
dire que les projecteurs, et les micros, ont toujours été
braqués sur la figure de ce «grand communicateur».
Les protestants italiens ont fini par décliner les invitations
à ce genre de sommets... 
Le
Pape: image d’un système qui dépasse sa personne,
par Laurent
Gagnebin
Le pape représente, de manière
symbolique, tout un système d’autorité récusé
par les protestants unanimes, même s’ils peuvent avoir
pour tel ou tel pape un réel respect qui n’a rien à
voir avec une vénération. Le pape est l’image
et l’expression d’une hiérarchie, d’une institution
pyramidale et d’un pouvoir dont nous ne trouvons pas le fondement
et la justification dans la Bible. Dire le pape, c’est donc
dire aussi les cardinaux, les évêques et tous les prêtres... 
haut 
Ces mots qu'on n'aime pas
Eucharistie,
par Laurent
Gagnebin
Une seule appellation
désigne la cène dans le Nouveau Testament et c’est
sous la plume de Paul: «Le repas du Seigneur» (1 Co
11,20). C’est peut-être par fidélité à
ce texte-là que Calvin, dans L’Institution de la religion
chrétienne (IV,17,1) et avant d’utiliser régulièrement
le mot cène, parle de «banquet spirituel». Chez
les protestants et surtout chez les anglicans, le mot de communion
est aussi en usage. Quant à celui d’eucharistie, il
n’a pas vraiment la faveur des réformés... 
Carte Blanche
Pour
une laïcité de coopération, par
Hervé
l’Huillier
Hervé l’Huillier est
président d’«Évangile et Société»,
association œcuménique et apolitique créée
en 1976 et consacrée à la pensée sociale chrétienne;
Hervé l’Huillier est catholique. Il souligne ici que
beaucoup de chrétiens sont préoccupés devant
une laïcité pour laquelle la vie du croyant relèverait
du seul registre privé. 
Billet
Changer
une loi ne résoud pas tout, par Philippe
Vassaux
Le protestantisme français
adore les commémorations: l’Édit de Nantes, sa
Révocation, l’Édit de tolérance, la Révolution
et les droits de l’homme, les centenaires de la naissance ou
de la mort de nos coreligionnaires illustres. Nous souvenir avec
reconnaissance de nos glorieux devanciers est une chose, nous glorifier
de leurs hauts faits en est une autre...
Commenter
Ponctuation
trahison?, par Henri
Persoz
Deux exemples nous montrent que,
jouant sur la ponctuation, les traducteurs de la Bible peuvent orienter
le sens du texte, et même le changer complètement!. 
haut 
Cahier
Que sera la famille
au XXIe siècle? par Anne-Catherine
Masson
D’après
le Petit Larousse, la famille est l’ensemble formé par
le père, la mère et les enfants. La déclaration
universelle des droits de l’homme de 1948 proclame: «La
famille est l’élément naturel et fondamental
de la société.»
La raison d’être majeure des familles a d’abord
été la transmission de la vie, mais aussi celle des
coutumes et des rites. Avec l’évolution de la société
au siècle dernier, qui perd confiance en l’avenir et
idéalise la liberté individuelle, les familles transmettent
de moins en moins le devoir d’obéissance. L’importance
prise par le présent fait perdre en partie la relation au
passé, donc la religion.
La famille évolue rapidement depuis quelques dizaines d’années.
Vie en couple sans mariage, divorces, familles monoparentales, remariages
sont de plus en plus fréquents. Beaucoup d’enfants sont
partagés entre père et mère, et vivent avec
des demi-frères, demi-sœurs, beaux-parents. Cette évolution
a des répercussions sur la structuration des enfants. Leur
éducation subit les contrecoups de ces évolutions,
et de la culpabilité que peuvent ressentir les adultes. Elle
subit également les conséquences d’idées
nouvelles apportées par Françoise Dolto il y a cinquante
ans, pas toujours bien comprises, et qui conduisent alors à
une perte de repères pour les enfants.
La famille «traditionnelle» est-elle liée à
la religion? Dans Gn 1,27-28 Dieu crée le couple homme-femme
et leur ordonne la procréation. Lorsqu’il cite ce texte
en Mc 10,6-9, Jésus «oublie» le verset 28. Le
couple existe en soi, les enfants cessent d’être un devoir
pour devenir un choix gratuit, pour la joie et l’amour. «La
naissance d’un enfant ne fait pas la famille; elle manifeste
publiquement qu’il y avait un lien déjà là,
qui avait son sens en lui-même et qui permet l’accueil
d’un enfant.» (Jean-Daniel Causse, Dossiers Débats
2000, ERF). Si les catholiques ont une vision assez stricte du couple
et de sa sexualité, les protestants ont des idées
plus souples. Il existe pourtant des cérémonies religieuses
(mariage, baptêmes) qui ponctuent la vie des familles, protestantes
comme catholiques. Mais pour les protestants, optimiser l’amour
et le respect de chacun est préférable à une
règle rigide; ils sont donc libres de réfléchir
à d’autres schémas.
Anne-Catherine Masson, pédopsychiatre et thérapeute
familiale, est confrontée, dans sa vie professionnelle, à
des familles déchirées, cassées, recomposées,…
Elle voit des enfants en détresse, qu’elle estime de
plus en plus insatisfaits, incapables de subir la moindre frustration.
Elle réfléchit dans les pages qui suivent à
l’évolution récente de la famille et de l’éducation.
Elle explique les risques des dérives actuelles, et ses craintes
pour l’avenir.
M.-N. et J.-L. Duchêne
par Anne-Catherine
Masson 
haut 
Vivre
«Filmez,
c’est secret !», par Jean-Paul
Sauzède
À soixante ans, c’était
la première fois que Jeanne s’autorisait à parler
de sa vie: une succession sordide de trahisons à répétition,
composée d’adultères, de rivalité féroce
avec sa sœur et d’une sorte de mépris ou de non-amour
de sa mère. Jeanne avait accumulé ces blessures sans
vouloir en mesurer la douleur. La honte et la culpabilité
semblaient rendre toute confidence impossible, et pourtant indispensable... 
En Bref
Dans
le monde et dans les Églises, par Claudine
Castelnau
Angleterre, Avortement 
Angleterre,Théorie de l’évolution 
Espagne, Pluralisme et convivialité 
Vatican, Santo subito… 
Méditer
Tous
sont égarés…, par
Florence Taubmann
Qui penserait mettre en relation
folie et négation de Dieu? Pour nous, la première
relève de la psychiatrie et la seconde de cette liberté
donnée à l’homme de croire ou de ne pas croire.
Mais le psalmiste nous entraîne si profondément dans
l’âme humaine qu’il n’est peut-être d’autre
mot qu’«insensée» pour qualifier l’attitude
dont il est question, et qui s’apparente à une forme
de nihilisme... 
L’insensé
dit en son cœur: Il n’y a point de Dieu!
Ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables;
Il n’en est aucun qui fasse le bien.
L’Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l’homme,
Pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent,
Qui cherche Dieu.
Tous sont égarés, tous sont pervertis;
Il n’en est aucun qui fasse le bien,
Pas même un seul.
Tous ceux qui commettent l’iniquité ont-ils perdu le
sens?
Ils dévorent mon peuple, ils le prennent pour nourriture;
Ils n’invoquent point l’Éternel.
C’est alors qu’ils trembleront d’épouvante,
Quand Dieu paraîtra au milieu de la race des justes.
Jetez l’opprobre sur l’espérance du malheureux…
L’Éternel est son refuge.
Psaume 14,1-6
haut 
Combattre
Laïcité
et libéralisme, par André
Gounelle
À partir de deux livres récemment
parus, André Gounelle montre l’apport du protestantisme
libéral dans notre société laïque, et
défend une collaboration intelligente et vigilante entre
les Églises et l’État. 
Débattre
Faut-il
modifier la Loi de 1905 ?, par Sylvie
Rachet
Le centenaire de la loi de séparation
des Églises et de l’État est l’occasion
de bien des réf lexions sur l’éventualité
d’une modification de cette loi. «Toilettage»,
«nouveau pacte»? Sylvie Rachet nous livre ici une opinion
ferme: la loi de 1905 doit être conservée sans modification. 
Regarder,
Écouter, Lire
Lire : La
mémoire de Servet et les libéraux (Valentine Zuber,
Michel Servet entre mémoire et histoire, Paris, Honoré
Champion, 2004, 640 p., 100 €) 
Lire : Les
protestants et la guerre d’Algérie (Les protestants
et la guerre d’Algérie. Bulletin de la SHPF, Tome 150
(Oct., Nov., Déc. 2004), 14 €). 
Cinéma : Le
Silence (Ingmar Bergman, Le Silence, DVD, réf. EDV 701,
coll. «Les Films de ma vie»)
Notre Couverture : Norbert
Ghisoland
Nouvelles
La SHPF ? Société
de l’Histoire du Protestantisme Français
Notre couverture : Norbert
Ghisoland
Courrier des Lecteurs
Évangile
& liberté comprend une page entière
consacrée au Courrier des lecteurs. Nous voulons ainsi une
page vive, animée, publiant librement vos réactions
à tel ou tel article. 
Citation
Je me réjouissais que nos religions vagues et vénérables,
décantées de toute intransigeance ou de tout
rite farouche, nous associassent mystérieusement aux
songes les plus antiques de l’homme et de la femme, mais
sans nous interdire une explication laïque des faits,
une vue rationnelle de la conduite humaine.
Marguerite
Yourcenar,
Mémoires d’Hadrien,
Plon, 1956.
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En couverture : Photographie de
Norbert Ghisoland.
© Marc Ghuisoland.
Merci de soutenir Évangile & liberté
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