Le protestantisme français
adore les commémorations: l’Édit de Nantes, sa Révocation,
l’Édit de tolérance, la Révolution et les
droits de l’homme, les centenaires de la naissance ou de la mort
de nos coreligionnaires illustres. Nous souvenir avec reconnaissance
de nos glorieux devanciers est une chose, nous glorifier de leurs hauts
faits en est une autre. Nous aurions intérêt à ne
pas oublier le refrain de la Cévenole: «Esprit qui les
fit vivre anime leurs enfants afin qu’ils sachent les suivre.»
Le centenaire de la loi de séparation des Églises
et de l’État ne semble pas attirer au même degré
les protestants français. En dehors de quelques rares colloques
entre spécialistes, il n’y a pas de vastes rassemblements
en présence de personnages importants de l’État,
pas de conférences historiques dans les paroisses. Certes la
loi de 1905, globalement acceptée par les protestants et les
israélites, a été désapprouvée par
les catholiques qui ont finalement obtenu davantage que les autres.
Au début du XXe siècle, l’islam ne comptait pas dans
l’hexagone. Sous quelle forme faut-il l’aider aujourd’hui
à s’intégrer dans le paysage religieux de notre pays?
Devons-nous garder la loi de 1905 telle quelle, la modifier
ou la refaire? Le protestantisme ne s’empresse guère de
donner son avis. Non par manque d’intérêt pour le
sujet, mais parce que nous ne croyons pas qu’il suffise de changer
une loi pour tout résoudre. La Nation comme les Églises,
avant d’être des institutions, sont d’abord des communautés
où il est nécessaire de s’écouter les uns
les au-tres, si l’on veut se comprendre. C’est pourquoi Évangile
et liberté a raison de mettre en évidence dans son cartouche:
nous affirmons la valeur relative des institutions ecclésiastiques.
J’ajouterai sans hésitation: de toutes les
institutions.
Philippe
Vassaux