Le tsunami ayant disparu
de la une des quotidiens, l’après-tsunami nous conduit à
remet-tre en question le concept de la charité. Les promesses
de dons (non tenues ou retardées) de la part de certains gouvernements
occidentaux ont levé un bout du voile sur la véracité
de certaines intentions humanitaires. Comme l’aurait dit Jacques
Brel, dans les «Dames patronnesses», l’impression est
qu’ils avaient trouvé leurs «pauvres à eux»,
manière élégante de se faire une virginité
face au monde.
Grâce aux reportages des médias et aux voyages
que nous avons eu les moyens financiers de nous offrir, nous en avons
beaucoup appris sur les peuples du monde et leurs modes de vie. Cela
ne devrait-il pas nous convaincre que nous ne détenons pas le
monopole de la «civilisation», encore moins celui de la
foi, ni ne savons respecter véritablement ce qui se pense différemment
ailleurs? Eh bien non, on constate que l’idée de détenir
la vérité est tenace.
Nombreux ont été ceux qui ont reporté
leurs vacances en Asie du Sud-Est. Ce boycott inconscient témoigne
d’une méconnaissance du terrain, beaucoup des pays concernés
n’ayant été touchés qu’à moins
de 20% de l’ensemble de leur territoire. Alors, pourquoi priver
de survie une quantité de petits métiers aux endroits
sinistrés? La solidarité nous dicte de ne pas rayer de
la carte touristique des pays ayant souffert de catastrophes. En s’informant,
et en ayant une connaissance objective de la réalité politique
et géographique du pays concerné, il est toujours possible
de partir en vacances là où, avant toute catastrophe,
nous aurions aimé nous rendre. Mais attention, il faut, pour
que ce mouvement garde sa valeur, abandonner toute arrière-pensée
de charité, et rendre hommage à ces peuples hospitaliers
qui nous accueillent sans calcul.
À l’époque des Écritures, le
mot charité s’inscrivait dans un contexte différent
du nôtre et cela en modifie probablement le sens aujourd’hui.
Savoir relayer la charité par la solidarité me semble
le plus équitable des cadeaux à faire actuellement à
son prochain d’outre-mer.
Gérard
Blanc