Depuis que l’humanité
existe, elle a pris conscience du monde qui l’entoure et elle cherche
à comprendre ce qui existe indépendamment d’elle
et lui résiste. C’est ce que les philosophes des sciences
nomment réalité; la réalité, le réel,
c’est ce qui nous résiste.

Bouche de la Vérité,
dite aussi bouche des dénonciations… à Rome
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Alors la recherche du savoir scientifique devient l’effort
de décrire ce qu’il est possible de connaître de cette
réalité, d’abord extérieure à l’homme,
puis dans son corps et sans doute aussi dans son esprit. Ce qui est
«vrai» est alors ce qui est conforme à ce qui est
connu. La connaissance du réel est le seul critère de
vérité. Bien sûr, l’étendue de ce qui
est connu ne cesse de croître et ainsi la description qui en est
faite évolue, parfois par des petites corrections ou améliorations
fines, parfois par des changements complets de mode de représentation.
Parmi ces changements radicaux, il est possible d’évoquer
l’irruption de la relativité ou encore de la mécanique
quantique, toutes deux au début du XXe siècle.
Ainsi la connais-sance de la réalité évo-lue
sans cesse. Certains profitent de cette variabilité dans le temps
pour dévaluer la connaissance scientifique. Mais ils oublient
volontairement que si il n’y a pas de vérité éternelle,
il y a en revanche des erreurs persistantes.
Interrogé par Pilate; «qu’est-ce que
la vérité?», le Christ johannique se garde bien
de répondre, tant il est illusoire et pernicieux de définir
en ce monde une vérité intangible et éternelle.
La vérité n’est jamais que la représentation
que la culture humaine se fait à un moment donné de son
histoire, de ce qu’elle connaît du réel comme du divin.
Il n’y a donc pas ici d’énoncé d’une vérité
éternelle, mais bien plutôt une erreur éternelle
comme celle qui consiste à confondre vérité et
réalité. C’est d’ailleurs le reproche que je
ferais à l’Église de Rome.
Jean-Claude
Deroche