Il est de bon ton d’être
en recherche. Vous connaissez l’histoire des retraités qui
racontent comment ils utilisent leur temps libre. L’un s’intéresse
à la géométrie non-euclidienne, l’autre à
la géographie physique du Vatican, un autre à la littérature
sumérienne. Un dernier de dire qu’il fait de la recherche
fondamentale. «Pouvez-vous préciser laquelle? – Je
cherche tout: mes lunettes, mon journal, ma Bible, mes clefs, mes charentaises.»
On trouve des chercheurs qui cherchent. Il est nécessaire de
chercher des chercheurs qui trouvent, ne serait-ce que de temps en temps,
indépendamment du caractère désintéressé
que doit revêtir la recherche.
N’en est-il pas de même de la quête
inlassable de notre identité? Les milieux protestants ont tendance
à pourfendre le repli frileux sur soi qui conduit vers un communautarisme
à l’origine des cercles qui se constituent dans les Églises.
Un cercle, me direz-vous, est par définition fermé en
raison de la sacro-sainte cooptation qui préside en général
à sa formation au point d’être qualifiée d’«immaculée
cooptation».
Au milieu de l’anonymat collectif qui nous guette,
nous sommes à la recherche de nos racines. Le succès des
travaux de généalogie en est une preuve. D’où
viens-je, où cours-je, dans quel état j’erre? Il
nous faut trouver quelques éléments de réponse
à cette triple question qu’il ne suffit pas de poser, et
que vous pouvez formuler d’une manière plus classique: d’où
venons-nous, qui sommes-nous, où allons-nous? Alexandre Vinet
disait que la recherche de la vérité était déjà
la moitié de la vérité. Cette recherche permanente
ne connaît aucune limite tant que vous avez un souffle de vie.
Vous aurez alors davantage la fière allure d’un chevau-léger
qui sort de chez son fourbisseur que la dégaine d’un argousin
qui entre chez son fripier.
Philippe
Vassaux