Parmi les commissaires désignés
par le président Barroso pour faire partie de la nouvelle Commission
européenne, plusieurs suscitaient l’opposition des parlementaires
européens de Strasbourg (de droite comme de gauche d’ailleurs).
Mais les critiques se concentraient sur le commissaire désigné
à la Justice, à la sécurité et à
la liberté, Rocco Buttiglione, ami de Jean-Paul II et l’un
des leaders du mouvement catholique conservateur Communion et Libération.
L’objet du délit ? Avoir déclaré que la
famille existait « pour permettre à la femme d’avoir
des enfants et d’être protégée par son mari
» et que l’homosexualité était un «
péché ». Bronca devant des propos aussi politiquement
incorrects, aggravés par l’intervention d’un cardinal
de la Curie romaine volant au secours de Buttiglione en accusant la
Commission européenne d’« inquisition antichrétienne
» et dénonçant un « anticatholicisme »
croissant en Europe. Ce qui rassure finalement dans cette affaire,
est le refus des députés européens d’admettre
sans débat les choix sociaux et éthiques du Vatican,
même si certains d’entre eux les partagent, et leur rejet
de l’homme qui se présentait plus comme le représentant
du Vatican que de l’ensemble des citoyens européens.
« Préjugé antichrétien » …
Du côté des protestants italiens, les réactions
n’ont pas manqué ! D’au-tant plus que la polémique
à propos du « préjugé antichrétien
» de l’Eu-rope qui se serait manifesté dans l’affaire
Buttiglione a rebondi lors de la signature à Rome de la Constitution
européenne par les 25 chefs d’État ou de gouvernement.
En effet, c’est alors que le président du Sénat
italien incitait, dans une interview au quotidien indépendant
de centre gauche La Repub-blica, les Européens à réagir
contre le « préjugé antichrétien »
et les encourageait à se déclarer ouvertement chrétiens.
Le Président de la Fédération des Églises
protestantes en Italie a réagi immédiatement : «
Ces déclarations du Président du Sénat perpétuent
une équivoque typiquement italienne : dans un conflit qui concerne
un homme politique catholique, pour des positions se référant
à l’Église catholique, voilà que subitement
on crie au préjugé antichrétien. Et que, sont
désignés implicitement comme mandataires du complot
les protestants du Nord de l’Europe, comme s’ils n’étaient
pas chrétiens. En tant que protestants italiens, nous devons
rappeler que le christianisme ne se réduit pas à l’Église
de Rome et que nous pouvons aussi exprimer notre désaccord
lorsque le Pape parle. Des centaines de millions de croyants protestants
et orthodoxes dans le monde le font. Et pourtant ils sont chrétiens
aussi. Comme la majorité des députés européens
qui ont tout de même bloqué la candidature de Buttiglione
».
Autre réaction, celle de la pasteur Anna Maffei, président
de l’Union baptiste italienne qui pense que « c’est
aux Églises de révéler, à travers leurs
fruits, leur appartenance au Christ et non aux États. Les États
doivent seulement garantir la liberté et l’égalité
à tous les citoyens, indépendamment du credo qu’ils
professent. Le Président du Sénat est inquiet que l’Europe
ait perdu son âme ? Ce n’est pas à l’Europe
à se donner une âme mais elle doit être capable
de faire vivre dans la liberté et la paix les peuples qui s’y
rencontrent ». Et Gianni Genre, le modérateur de la Table
vaudoise (l’organe exécutif des Églises vaudoises
réformées et méthodistes italiennes) a déclaré
: «La beauté de l’Europe c’est d’avoir
plusieurs âmes. Elle ne peut en avoir une seule. Et c’est
bien le défi de l’Europe de représenter la possibilité
de faire vivre ensemble toutes ces âmes diverses. En pleine
reconnaissance de la diversité... Le témoignage chrétien
n’a pas besoin de parcours protégés. La qualité
et le futur du témoignage chrétien ( «être
le sel de la terre») dépend de notre engagement, pas
de règles inscrites dans la Constitution.»
Créationnisme et darwinisme
La Cour suprême des États-Unis avait pourtant jugé
en 1987 que le créationnisme est une croyance religieuse qui
ne doit pas être présentée comme une alternative
à la théorie de l’évolution dans les livres
de sciences naturelles. Or depuis, les procès n’ont cessé,
entre créationnistes et darwinistes, les premiers arguant du
fait que l’évolution contredit le texte biblique... Et
les darwinistes ou les laïques dénonçant un enseignement
qui promeut de manière malhonnête des options religieuses.
La guerre faisait rage ces dernières semaines près d’Atlanta
– État du Sud, dans la Bible Belt fondamentaliste –
où un groupe de parents a porté plainte contre un autocollant
placé dans les livres de sciences d’une école :
« Evolution is a theory, not a fact » (l’évolution
est une théorie pas un fait). Le procès est prévu
pour durer quatre jours (!)
Halloween au ban
Enfin des écoles du district de l’État de Washington
ont interdit la célébration d’Halloween. Raison
invoquée : cela pourrait offenser les vraies sorcières.
« L’école enseigne aux élèves à
avoir du respect envers les autres et à ne pas les blesser.
Les déguisements de sorcières aux nez pointus manquent
de respect à l’égard de la religion Wiccan »,
a déclaré une porte-parole de l’administration
scolaire.