L’imagerie populaire
a fait des anges ces petits joufflus, mignons, attendrissants, mais
bien infantiles. La sagesse populaire a décidé qu’être
un ange consistait à être sage comme une image, autant
dire figé, inexpressif et sans relief. Si la condition des anges
est d’être soumis, je ne vois pas bien ce qu’ils pourraient
avoir affaire avec la foi chrétienne. Mais le summum, ce sont
les anges gardiens, considérés comme assurances tous risques,
gilets « pare-vie ». Je ne peux que m’étonner
de leur vitalité dans la piété populaire. S’ils
existaient vraiment, j’aurais quelques reproches à leur
formuler sur des missions de protections qu’ils ont lamentablement
ratées !
D’un autre côté, si je laisse de côté
toutes ces idées reçues et que je pars à la recherche
des anges dans la Bible, je découvre bien autre chose : des êtres
qui font des rencontres personnelles et qui disent une parole qui sonne
juste à un individu. Contrairement au prophète qui s’adresse
au roi ou à tout le peuple, l’ange s’adresse à
une personne à la fois pour lui communiquer un message personnel.
Il s’agit de ramener Ésaü à de meilleurs sentiments
à l’égard de son frère Jacob ; il s’agit
d’encourager Élie à se nourrir pour poursuivre sa
mission ; il s’agit d’expliquer à Marie puis à
Joseph qu’il va falloir sortir des sentiers battus de la morale
pour faire un peu de place au Dieu de la vie. Les anges sont aux carrefours,
aidant chacun à frayer sa voie propre. Et s’il est possible
d’être sage comme un ange, c’est au sens de 2 Samuel
14,17 en étant prêt à entendre le bien et le mal.
Ces anges-là m’interrogent et lorsque je me demande qui
est mon ange, j’entends la question qui m’est retournée
: de qui suis-je l’ange ? 
James
Woody