L'« Écriture
seule », cela ne signifie pas qu’elle est écrite «
pour les chrétiens seulement » ! Sola scriptura et non
pas solitaria scriptura. Elle est un monument de spiritualité
ouvert à tous, un lieu passionnant de recherches et de trouvailles,
une référence et une source inépuisable pour l’intelligence
des hommes et des femmes de tout horizon.
Cela signifie qu’elle est en quelque sorte unique
en son genre, mais pas isolée, et surtout qu’elle doit être
portée à la connaissance et à la lecture d’autres
que nous. Car l’enjeu de l’épreuve et sa résolution
se vérifieront sans doute dans le fait qu’elle a à
« dire quelque chose » aussi à ceux qui précisément
ont d’autres référents, d’autres récits,
d’autres histoires et d’autres héros que les nôtres
:
Les musulmans, et puis les polythéistes, les hindous
et les bouddhistes avec les récits complexes de leur mythologie,
et les athées. Les agnostiques, les ignorants et les indifférents.
Et puis encore tous ceux qui souffrent en cachette de l’absence
de lieu où faire habiter leur esprit. Enfin, peut-être
et surtout ceux qui, de nos contemporains, vivent la modernité
et pressentent la post modernité comme porteuse de questions
sur Dieu encore sans réponses satisfaisantes, et que personne
d’entre nous n’a encore débusquées dans les
textes.
C’est donc au dialogue avec d’autres que nous-mêmes
que nous sommes conviés. Et bien au-delà de l’œcuménisme
chrétien ! Au dialogue entre les religions, et avec l’athéisme,
avec le monde d’aujourd’hui. Lecture croisée, communautaire,
publique, contradictoire, récit contre récit, héros
contre héros, en un geste de rencontre et d’audace.
Nos Églises issues de la Réforme sauront-elles
parler ensemble de l’Écriture en ces termes à d’autres
interlocuteurs qu’elles-mêmes ? Notre communion luthéro-réformée
saura-t-elle alors éprouver à son tour le « sola
scriptura », mais non pas comme un trésor caché,
réservé, et finalement enfoui, parce qu’elle voudrait
le protéger, mais comme un trésor à partager ?
Relire l’Écriture et relier ensemble et avec
tant d’autres nos mémoires si diverses, faire acte de religion,
donc. Et espérer : voilà mon idée du moment.
Il y a encore tant de promesses inaccomplies…
François
Clavairoly