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Numéro 198
Avril 2006
( sommaire )

Résonner

Certains trouvent la révélation dans la Bible, d’autres dans la nature, voire dans une représentation de la nature. Jean-Baptiste Carpeaux était surtout sculpteur ; il a peint également, en particulier ce Coucher de soleil (reproduit en couverture) qui réjouit Cécile Souchon, conservateur aux Archives nationales.

Vingt-quatre sur trente-deux centimètres et demi

Telles sont les dimensions de ce petit tableau de Jean-Baptiste Carpeaux (reproduit en couverture de ce numéro d’Évangile et liberté), le sculpteur de la Danse qui agite les hauteurs de l’Opéra de Paris ou des nymphes du bassin vide autour duquel s’enroulent les queues résignées pour les expositions du Grand Palais. Carpeaux le nordique, qui a peint en 1872 ce Coucher de soleil comme on voudrait en contempler beaucoup, sous toutes les latitudes, conservé au musée de Valenciennes.

En sa compagnie, je respire.Coucher de soleil, par Jean-Baptiste Carpeaux

En son espace, je ne sais pas si des hommes habitent, si des fumées s’élèveront, le soir, de possibles maisons, fermes blotties dans un creux de vallée, hameau posé sur une colline, si l’on parlera de travail et de terre, de temps et de gens, car il réside un silence dans cette image du monde, un vide qui se suffit, un calme qui appelle ma sérénité.

L’ombre de la nuit déjà à moitié étendue va estomper toutes choses, elle va engloutir l’éclat inattendu d’une branche au feuillage frémissant, mais l’instant, ici arrêté, resplendit encore pleinement, englobant le spectateur et son regard.

Le ciel porte seul les éclats de la lumière, écharpes claires et dorées gagnées par les langues gris cendré granuleuses du crépuscule, portées musicales qu’aucune note ne vient contraindre à se figer.

Le monde et sa beauté nous sont offerts, profonds, vastes, immenses même, tranquilles, simples, gratuits comme des paroles de bénédiction, comme un chant de paix.

Vingt quatre centimètres sur trente deux et demi de pur bonheur, réduits encore au format des cartes postales avidement collectionnées pour se construire un musée abordable et portatif, fil et trame d’une toile qui pourraient conduire à la contemplation de l’aube d’un jour à venir, encore vierge de toute peur, comme ils conduisent à celle d’une journée vécue où s’achève l’agitation, où se formule l’action de grâce. Miracle de l’œuvre qui touche, au hasard d’une exposition, qui réjouit pour la Création, suscite l’admiration pour un autre que soi, repousse les limites de l’espace, élève l’intelligence, aiguise l’œil, apaise l’âme, dispose tout simplement pour le souffle léger de l’Esprit et rend heureux.

Je plains le public compassé, pétri de respect pour les œuvres qu’on lui présente, impressionné par le tonnerre d’éloges qu’elles suscitent, par les foules qu’elles déplacent, par la « culture » dont elles garantissent le sérieux… Je demande à une exposition d’art qu’elle agisse sur moi comme une liturgie, ce cheminement codifié qui fait bouger et grandir, qu’elle me transporte d’allégresse, comme un culte, comme une occasion de rencontre avec Dieu. Si j’ai la chance d’y connaître un choc comme devant ce Coucher de soleil de Carpeaux, alors ma joie emprunte les voies complices de la prière. feuille

Cécile Souchon

 

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