À ceux qu’il
rencontre, Jésus ne demande pas d’adhérer à
des doctrines. Le Nouveau Testament parle peu de leurs émotions.
Prennent-ils vraiment une décision ? « Je ne puis autrement
», a dit un jour Luther, et souvent le croyant ne peut pas faire
autrement que croire. Aussi, le mois dernier, ai-je écrit que
si, bien sûr, la foi comporte des croyances, des sentiments et
des engagements, elle est autre chose : une rencontre et une relation
avec Dieu. Plus précisément, on peut parler de foi chrétienne
quand la parole évangélique interpelle et réconforte
quelqu’un, le secoue et l’apaise, le trouble et l’éclaire,
l’inquiète et le rassure.
Toute relation connaît des moments d’acceptation,
de confiance, d’assurance, et d’autres de négation,
de rejet, de protestation. Les certitudes et convictions des croyants
n’éliminent pas leurs questions et angoisses. La foi se
débat avec Dieu et avec soi-même. Le père de l’enfant
démoniaque le dit très bien : « Je crois, viens
au secours de mon incrédulité. » Même Jésus
sur la Croix s’est demandé si Dieu ne l’avait pas abandonné.
Doute et contestation font partie de la foi. Elle ne les supprime pas,
elle les affronte et surmonte.
Une foi sans révolte, sans interrogations, sans
perplexité est une foi morte ; Dieu ne l’inquiète
plus ni ne l’anime. Une foi sans hésitation et sans questionnement
sur elle-même relève du fanatisme ; elle s’imagine
posséder Dieu. Mais une foi vivante reçoit la force de
résister à ce qui constamment l’ébranle et
l’agresse. Sa sérénité n’est pas absence
de tourments, elle est ce courage qui fait face aux tourments de l’existence.
Croire veut dire être travaillé par Dieu,
parfois heureusement, parfois durement, toujours positivement. 
André
Gounelle