Dans un pays marqué
par la Révolution, les références à la féodalité
sont toujours difficiles, la notion « Seigneur » n’est
pas forcément connotée positivement. Pourtant, on comprend
bien que quand nous appelons Dieu « Seigneur », nous le
faisons avec ce que ce mot a de plus positif : si Dieu est notre Seigneur,
il est celui au service duquel nous voulons vivre, il est notre maître,
et celui qui nous protège.
Cependant, on peut regretter que la confession de foi
minimale que l’on fait dire aux confirmations soit « Jésus
Christ est le Seigneur ». Certes, cela pouvait avoir un sens dans
l’Antiquité où l’on devait dire : « César
est le Seigneur », mais aujourd’hui, ce n’est plus le
cas. Faut-il alors garder cette confession de foi antique, vénérable
certes, mais sans réelle pertinence actuelle ?
Et puis que dire de la confusion que ce mot entraîne
: « Seigneur », dans le Nouveau Testament, est utilisé
pour Dieu, bien sûr, mais aussi pour Jésus. De là
à assimiler les deux, et à dire que Jésus c’est
Dieu qui se promène en sandales il n’y a pas loin. Mais
c’est oublier que « Seigneur » dans le grec du Nouveau
Testament veut dire simplement « maître », jusqu’au
maître très humain d’un animal...
Et même si c’est dans un sens positif, n’est-il
pas dommage que la confession de foi fondamentale du Christianisme ne
s’exprime que dans des termes de soumission, d’obéissance,
laissant de côté toute dimension d’amour, de proximité,
de tendresse. C’est pourtant ça aussi l’Évangile,
et peut-être ça d’abord. C’est ainsi que j’ai
souvent proposé aux catéchumènes de professer plutôt
leur foi en disant : « Jésus Christ est mon Seigneur et
mon frère »... C’est déjà mieux. 
Louis
Pernot