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Numéro 201
Août-Septembre 2006
( sommaire )

Billet

La Terre est un aéroport

J’adore les aéroports ! D’abord parce que j’ai toujours été fasciné par ces énormes masses volantes qu’on appelle les avions. Mais aussi par tout ce qui se passe dans les aéroports. Ou plutôt par tous ceux qui passent dans les aéroports… Vous êtes là, parfois en transit entre deux avions. Vous venez de Tunis, en escale à Milan et vous rentrez à Bruxelles. Vous croisez des humains, comme vous, sauf qu’eux arrivent de Moscou et partent pour Tel Aviv, Johannesburg ou Tokyo. Ce soir, ils seront à des milliers de kilomètres de vous. Mais ils sont là, et vous aussi. L’unité de lieu ouvre à la multiplicité de l’espace. Chaque personne est dans un parcours et en même temps fait partie, du moins pendant quelques heures, de la communauté des passagers. Car c’est bien d’une communauté qu’il s’agit, avec ses codes et ses processus de reconnaissances. Soudés le temps d’une escale. Frères éphémères d’une chapelle du voyage…

Notre société ne ressemble-t-elle pas de plus en plus à ces aéroports ? Individualisation des parcours d’identité, solidarités éphémères, illusion rassurante d’une communauté… L’humain, on ne sait plus ni d’où il vient ni où il va. Il y a, dans cet état de fait, un côté jubilatoire, celui de la liberté. Le protestant libéral est aux anges et en tire des conséquences théologiques : individualisation de la formulation de foi, liberté des expressions, relativisation des institutions, …

Mais observons notre aéroport : l’avion pour Bruxelles est annoncé avec trois heures de retard, alors que bien d’autres sont annulés, pour cause de tempête. Nous sommes en Italie ; en France, cela aurait été pour cause de grève… Et là, début d’inquiétude… Presque de l’angoisse… Tous ceux qui travaillent dans les aéroports vous le diront : c’est un lieu de stress et d’angoisse aussi. Le moindre grain de sable dans la programmation et le joyeux voyageur devient un apatride déraciné inquiet. La jubilation de la liberté a sa limite, celle de la précarité de toute existence. Et si la communauté humaine, la société, était moins évanescente qu’une fraternité éphémère… feuille

Jean-Marie de Bourqueney

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