Un ave maria insolite.
Un samedi après-midi, le temple de l’Église réformée
de Pau accueillait un mariage darbyste. La cérémonie fut
animée et soutenue (1 h 40), l’assemblée importante.
Les lectures de la Bible fréquentes et ponctuées par des
cantiques repris en chœur ; pour la mère de la mariée,
fervente catholique, qui avait vaincu sa vive réticence à
ce mariage « mixte », comme l’on dit, les organisateurs
avaient inclus quelques chants catholiques dont le doux « Que
vos œuvres sont belles... » Plusieurs témoignages
se firent entendre selon la coutume darbyste où chacun peut,
touché par le Saint Esprit, se lever et librement lancer une
invocation ou une prière. Ce que fit la mère de la mariée
en en profitant pour dire un vibrant « Ave Maria » ! Stupeur
des darbystes et de quelques réformés choqués par
cette irruption du « Je vous salue Marie ».
Dois-je avouer que cela, loin de me paraître insolite,
me sembla la marque d’un parfait œcuménisme vécu.
Les Darbystes ne veulent-ils pas être, précisément,
des « frères », selon l’appellation qui leur
est chère ? Dois-je avouer qu’il m’arrive d’accompagner
ma femme catholique à Lourdes et de parcourir, parfois, avec
elle le « Chemin de Croix » ? Serais-je un « libéral
» trop libéré des rites, un protestant mou, alors
que cela renforce au contraire mon désir d’être ferme
dans ma foi protestante, soucieux de la Tradition réformée
?
Cet « Ave Maria » en pleine cérémonie
protestante ne me choqua pas. Alors que me gênent assez, dans
notre liturgie protestante, les « temps » de l’Église
: le « Carême protestant », le « Temps de l’Avent
» avec ses quatre bougies allumées par le pasteur et son
briquet, geste jugé sacrilège par une catholique récemment
convertie (« On ne doit allumer ces bougies qu’à la
flamme d’une autre bougie préalablement allumée à
une allumette ! ») ; et pour nos chants d’Assemblée,
à la place de nos psaumes, me dérange l’irruption
de certains chants « nouveaux » proches de ritournelles
aux paroles parfois puériles, ou de « canons » du
type « Frère Jacques ». Mais ne sommes-nous pas tous
« frères » ? 
André
Breton