LIVRE Dieu et le monde
Voici enfin disponible en français
un ouvrage de théologie systématique provenant de l’un
des grands penseurs de la « théologie du process ».
Ce courant contemporain de la théologie américaine est
l’une des entreprises les plus convaincantes et stimulantes cherchant
à penser et à structurer une approche libérale
de la religion chrétienne. En ce sens, ce livre de John Cobb
ne déçoit pas, il nous offre une pensée forte et
intelligente tout en étant vraiment libre et moderne. Cela dit,
il faut quand même avoir un peu l’habitude du langage de
la théologie ou de la philosophie pour pouvoir l’aborder.
Ce
livre a été écrit en fait comme une réponse
à l’interrogation des théologiens dits « de
la mort de Dieu », et John Cobb montre qu’une pensée
dite « libérale » n’est pas nécessairement
une pensée qui refuse de croire en ceci ou en cela, mais au contraire
une pensée constructive, apte à défendre une véritable
idée de Dieu et une conception du monde qui s’articulent
harmonieu-sement.
Dieu et le monde est le premier ou-vrage de théologie systématique
de John Cobb à être traduit en français, et il nous
est présenté là avec une introduction de Raphaël
Picon. 
Louis Pernot
John B. Cobb, Jr., Dieu et le monde, Van Dieren Éditeur
(diffusion PUF), 20 €. En
librairie
LIVRE Les cathares
Gasc que nous connaissons par ses
visites guidées motivantes à Carcassonne et par son talent
de conférencier nous donne ici une belle œuvre de synthèse
sur la recherche en hérésiologie moderne. L’historienne
Annie Cazenave (CNRS-Paris) écrit : « Jean-Louis nous offre
le pays cathare, ses édifices, ses paysages, et même évoqués,
ses personnages, ainsi le troubadour Raimond de Miraval dont René
Nelli voulait être le double […] L’église cathare
est morte. Mais le mystère du Mal demeure. J’aime que ce
livre finisse sur une évocation de l’amitié. »
Les distinguant des manichéens, J.-L. Gasc ne réduit pas
les cathares à quelque projection fantasmatique des clercs de
l’époque. Une consistance liturgique et dogmatique est confirmée
par les sources puis l’histoire de leurs poursuites lors de la
croisade puis de l’Inquisition.
J’ai particulièrement apprécié le chapitre
sur les Bogomiles (hérétiques Byzantins) et l’exposé
de leurs doctrines professées en Bulgarie d’après
le traité de Cosmas le Prêtre près de l’An
Mil. Les particularités du bogomilisme sont mises en parallèle
avec ce que Sacconi, ancien responsable de la secte, dit des cathares
italiens au XIIIe siècle. L’ouvrage se termine par une bienvenue
invitation à visiter l’exposition permanente « Catharisme
occitan, La mémoire retrouvée », à Mazamet
! 
Michel Jas
Jean-Louis Gasc, Les cathares, Éditions Trajectoire,
468 pages, 22,5 €. En
librairie
LIVRE Grande langue
!
On peut être d’accord
ou pas avec la théologie de Jean Ansaldi. Mais force est de
constater que ce petit livre touche une réalité humaine
si présente dans tous les cercles humains : la médisance.
Il s’attaque à ce phénomène dans l’Église
dont il rappelle qu’elle se définit à partir de
et pour une Parole. Contrairement à une entreprise, dont «
la production peut malgré tout se poursuivre », l’Église
est paralysée jusque dans son être si la « mauvaise
langue » y vient à régner. Au travers d’un
parcours biblique, illustré de réflexions personnelles
sur ce thème, Jean Ansaldi pose la question de l’éthique
de la parole. Jusqu’où doit-on pratiquer la « liberté
de la parole » ? Comment vivre le « secret pastoral »
? Toute personne très engagée dans la vie de l’Église
fourmillera d’histoires plus ou moins personnelles de médisances
ou de dérapages. Est-ce une fatalité ? Doit-on se contenter
de cette humanité de l’Église ? Ou peut-on réapprendre
à « bénir », c’est-à-dire à
« dire du bien » ?
Oserais-je dire que ce livre m’a personnellement beaucoup touché
?
Un livre indispensable à mettre entre les mains de toutes
les personnes et de tous les conseils chargés de responsabilités
dans nos Églises… et sans doute ailleurs ! 
Jean-Marie de Bourqueney