 Numéro 203 Novembre 2006
( sommaire
)
Dans le monde et dans les églises
Espagne
Carnaval religieusement correct
Il n’y aura pas « de
pétards contre Mahomet » cette année dans deux
villages catalans lors de la fête des Maures. Un carnaval traditionnel
fête les grands moments de la Reconquista de l’Espagne
par les rois très catholiques Isabelle et Ferdinand, et la
chute du royaume musulman de Grenade. Des figurants costumés
et des géants de carton-pâte y font revivre l’épopée
de l’unification de l’Espagne ; on fait alors exploser à
coups de pétards la tête d’un Mahomet de carton...
Mais comme il n’est plus politiquement correct de se moquer du
Prophète, les deux villages ont déprogrammé sa
« mise à mort ». « Que peut-on leur reprocher
quand l’Opéra de Berlin déprogramme, également
par peur, un opéra de Mozart », commente l’éditorialiste
de El Periódico de Catalunya. La peur, peut-être, mais
on l’espère, le désir de relations interreligieuses
apaisées.
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Angleterre
Plus de bûcher pour le traître
Une réflexion analogue s’est
amorcée en Angleterre à propos de feux de joie dans
certains villages pour commémorer, le 5 novembre, l’immolation
sur le bûcher du très catholique Guy Fawkes. En 1605,
au nom de sa foi fanatique, il avait imaginé de faire sauter
le Parlement de Londres, alors aux mains des protestants. «
La nuit de Guy Fawkes, où l’on brûle son effigie,
n’est pas un moment de réjouissance anodin mais la célébration
de la torture et de l’exécution d’un homme »,
écrivait le quotidien britannique The Guardian. La célébration
de la torture de Guy Fawkes, est en fait une célébration
de l’intolérance. « Ce n’est plus supportable.
Il faut faire la fête dans le respect de l’autre. »
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Iran
Une femme ne peut gagner devant des hommes
Un joli visage encadré d’un
foulard noir et l’air décidé... : Laleh Seddigh
est devenue la première femme championne nationale de rallye
automobile en Iran. De ce succès, qui a fait d’elle une
icône féministe, elle paye aujourd’hui le prix :
après des jours de tergiversations, de déclarations
contradictoires, les autorités sportives lui ont interdit,
au dernier moment, de prendre part à la course sur le circuit
de Téhéran. Ordre du président de la Fédération
iranienne. Elle allait être sacrée championne devant
ses concurrents masculins et l’idée de voir gagner une
femme était insupportable à l’establishment religieux.
D’ailleurs, avant la course, on avait fait retirer le podium
où elle aurait pu monter sur la première marche... et
être vue par tous. Un religieux aux idées très
larges avait pourtant émis une fatwa déclarant qu’il
n’y avait aucun obstacle à ce qu’une femme se mesure
à des hommes « à partir du moment où le
code vestimentaire islamique était respecté ».
Et il l’était.
Furieuse, mais pas découragée, Laleh Seddigh compte
bien utiliser cette fatwa pour persuader les responsables sportifs
et reprendre sa place. Quant au vice-président de la Fédération
automobile iranienne, il a expliqué, embarrassé : «
que les femmes s’affirment trop fortement et qu’alors les
hommes qui ont fait le sacrifice de leur vie pour ce sport sont déçus.
Les femmes ne peuvent gagner, elles ne peuvent que participer. Si
elles respectaient mieux les règles islamiques [si elles ne
gagnaient pas ?] il n’y aurait pas de problème »
! Ou quand la religion rend macho, bête et méchant.
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Église d’angleterre
Image de Dieu et violences domestiques
Un rapport produit par l’Église
d’Angleterre (anglicane) est sorti tout récemment, sur
les conséquences que peut avoir l’image « masculine
» insistante de Dieu sur les violences domestiques.
Le document met en question les versions erronées ou malencontreuses
de la foi chrétienne où les relations entre le divin
et l’humain seraient conçues en terme de domination et
de soumission. « En mêlant une utilisation sans recul
de l’imagerie masculine pour caractériser Dieu, on peut
valider des modèles de conduites violentes », écrit
le rapport.
Ainsi l’idée de Dieu « seigneur » peut être
utilisée de manière brutale et dominatrice. Attention
donc au langage problématique qui peut jouer sur l’imagination.
De même, c’est une question vitale, le rapport incite les
préparations au mariage à bien clairement expliquer
qu’homme et femme ont une égale valeur. Et le clergé
est encouragé à prêcher et enseigner « pour
briser le secret et le mur de silence » qui entourent les violences
domestiques, un sujet peu pris en compte traditionnellement par les
Églises.
Le rapport donne aussi des conseils lorsqu’il y a un soupçon
de violences ou que la victime, homme ou femme, se confie. En présentant
ce travail, l’évêque de Norwich a affirmé
que les Églises avaient probablement sur leurs bancs plus de
survivants de violences domestiques qu’elles ne le soupçonnaient.
Et que les responsables de paroisse comme les membres du clergé
n’étaient pas exempts de pratiques violentes, y compris
dans leur couple... même si l’aile conservatrice de l’Église
se refuse avec horreur à envisager pareille chose !
Le rapport relève aussi qu’une femme sur quatre et un
homme sur sept subit ou a subi des violences domestiques physiques,
sexuelles, financières, émotionnelles dans sa vie et
que les femmes ont plus de probabilité que les hommes d’être
soumises régulièrement à la violence, cause de
89 % des blessures sérieuses sans parler des morts. La situation
en France n’est sans doute pas différente.
L’abandon d’une conception patriarcale de Dieu pourrait
bien, effectivement, aider à une meilleure relation hommes
/ femmes, à commencer par l’Église…
Claudine
Castelnau
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