Noël : une fête sacrée !
Noël cristallise une multitude déléments
empreints de sacralité. La fête appelle certains sacrifices
(économique notamment), vénère certains éléments
(enfant, famille, amis), procède à une ritualisation de
comportements codifiés (invitations, menu du repas, remise des
cadeaux), joue sur une symbolique très riche (arbre, lumières,
bûche de Noël), cultive la référence à
des éléments qui, telles certaines valeurs humaines, transcendent
le quotidien et louvrent à une dimension plus ultime (générosité,
amour, bienveillance).
Pour toutes ces raisons, la fête de Noël est
enrobée de sacré ; comme lest aussi la période
de Noël, temps à part où lon vit un moment
hors du commun, extra-ordinaire... Cette sacralité est dautant
plus surprenante que lévénement auquel la fête
se réfère procède dun geste profond de désacralisation.
Lidée dun Dieu qui sincarne,
qui shumanise, qui fait sienne lhistoire du monde, a quelque
chose déminemment déroutant qui est trop souvent
banalisé. Né dans la crasse dune mangeoire, au milieu
des bêtes et en plein exil, le christianisme porte en lui-même
un geste de profanation. Jésus-Christ, dans sa naissance même,
confesse un Dieu désormais rendu au monde profane, présent
là où on lespère le moins, là où
on ne le croit pas et là où on ne lattend plus.
Dieu, le Sauveur, le Tout puissant, le Seigneur, restera
celui de nos besoins, de nos fantasmes, de nos chimères, se dérobant
toujours à nos attentes infantiles. En Jésus-Christ, Dieu
et lhumain sont à jamais liés. Le divin irrigue
désormais lhistoire humaine, dans toute sa complexité
et sa richesse, dans sa brutalité et ses instants de grâce
; mélange salutaire du sacré et du profane qui condamne
de lui-même tous rêves de pureté envers un Dieu ou
une foi sans tache, immaculé, sans histoire. Dune manière
étonnante, là où le Noël profane est générateur
de sacré, le Noël chrétien demeure lui fortement
désacralisant
Raphaël
Picon