La tendance est maintenant
aux euphémismes. Après un décès, on préfère
ne plus parler de « service funèbre » (cela fait
trop funèbre, certainement). De plus en plus souvent, on préfère
annoncer un « culte d’action de grâces ».
Si l’action de grâce(s) est bien un remerciement
adressé à Dieu pour un bienfait, de quoi convient-il de
le remercier ? De ce qu’il lui a plu de faire mourir celui qui
nous a quittés ? Mais peut-on, sans autre, dire que c’est
Dieu qui décide de la mort de quelqu’un à un moment
donné ? Et même, alors, faudrait-il toujours l’en
remercier ? Ou bien faut-il rendre grâces pour ce que le défunt
a accompli durant sa vie. Pour mieux remercier, on oubliera bien sûr
ce qu’il a pu faire de mal, le péché que nous confessons,
pour ne se souvenir que de ce qu’il a fait de bien (ou que l’on
juge tel). On voit bien comment on glisse vers l’éloge funèbre.
Décidément cette expression : « culte
d’action de grâces », je ne l’aime pas non plus.
Certes, il est toujours possible de rendre grâces à Dieu
pour son Évangile, pour la révélation de son amour
en Jésus-Christ. Cette action de grâce est au cœur
de chaque culte et pas seulement lors d’un service funèbre.
Il me semble que, à ce moment-là, caractériser
ainsi ce culte revient à cacher les autres sentiments qui habitent
légitimement nos cœurs : la peine, la tristesse, parfois
les regrets ou la révolte…
Si nous ne voulons plus dire « service funèbre
», le plus juste serait de parler simplement de « culte
» ou de « service ». Pourquoi ajouter un qualificatif
? Comme tout culte, celui-là est action de grâces à
Dieu, le Père qui nous accueille dans notre faiblesse et qui,
par l’Évangile, nous ouvre à l’avenir illimité
de son amour. 
Claude
Peuron