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Numéro 205
Janvier 2007
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Considéré comme le père de notre pédagogie moderne mais étonnamment peu connu, Pestalozzi (1746-1827) est un chrétien brûlant d’action qui, toute sa vie, a cherché comment donner à chacun les moyens de sa propre liberté.

Johann Heinrich Pestalozzi

Johann Heinrich Pestalozzi est né à Zurich. Orphelin de père à 12 ans, il lui arrive d’accompagner son grand-père pasteur. Au cours de ces visites, il découvre le sort réservé aux gens des campagnes, exploités par les villes et leurs industries en plein développement. C’est là qu’il fait le vœu de consacrer sa vie à lutter contre les injustices sociales.

Un porte-parole de la démocratie

Grand admirateur de Rousseau, il se fait connaître en écrivant Leonard et Gertrude, un roman populaire visant l’édification morale des mères, des pères ou autres citoyens suisses. Dans Une Gazette Suisse, il livre chaque semaine une chronique par laquelle il veut faire connaître les hommes tels qu’ils sont. Son réalisme est particulièrement apprécié. Ses positions politiques en faveur de la démocratie et de l’égalité des citoyens reçoivent donc un certain écho et, en 1792, il sera même nommé citoyen d’honneur de la révolution française.

Choqué par les massacres de Septembre, l’exécution de Louis XVI, le déchaînement de la Terreur, ainsi que les guerres de propagande entreprises par la France, Pestalozzi entend montrer comment ses utopies rousseauistes ont été malmenées. Il continuera jusqu’au bout à croire que la Nature (la création) est fondamentalement bonne mais ses échecs répétés lui font observer que l’homme, laissé à lui-même, devient insupportable et dangereux pour la société s’il ne reçoit pas une solide éducation morale. Il est alors convaincu que ce n’est pas par la politique mais par l’éducation qu’il doit continuer son combat pour la liberté.

Le pédagogue

Pestalozzi devient alors instituteur à Stans, puis à Burgdof avant d’ouvrir son fameux institut à Yverdon. Il opère une révolution dans le monde de l’éducation en refusant de se limiter à la seule instruction intellectuelle : pour lui, l’éducation doit développer simultanément le cœur (le savoir être), la tête (le savoir), et la main (le savoir-faire). La clef de voûte de sa méthode ne tient pas dans la transmission d’un savoir mais dans la construction d’une morale individuelle.

Cette pédagogie du cœur passe par l’apprentissage du vivre-ensemble où l’on découvre la force de l’union mais aussi les limites de sa propre liberté. Elle valorise une éducation religieuse qui se concentre sur le seul message de l’amour en refusant tout énoncé dogmatique. Elle promeut un respect du rythme de l’enfant dans l’étude. Pestalozzi appelle cela une éducation naturelle car elle s’adapte à la diversité de la création. Pour lui, l’éducation doit se plier aux lois de la nature. L’amour dont nous témoignons dans l’éducation sera ainsi à l’image de celui de Dieu pour chacune de ses créatures.

L’humanisme de Pestalozzi est ancré dans sa culture chrétienne et piétiste mais il lui arrive de se dire non-chrétien tant cette doctrine lui semble parfois inaudible pour le peuple. Il se fait de nombreux ennemis en critiquant l’apprentissage par cœur du Catéchisme de Heidelberg, systématiquement utilisé comme méthode de lecture à l’époque.

« Je crois que le Christianisme est le sel de la terre, mais si haut que j’estime ce sel, je crois cependant que l’or et les pierres, le sable et les perles, ont leur valeur indépendamment de ce sel, et que l’ordre et l’utilité de toutes ces choses doivent être pris en considération indépendamment de celui-ci. Je pense en effet que toute la fange de ce monde a son ordre et son droit indépendamment du christianisme. » (Lettre à Nicolovius, 1793)

Pestalozzi se sait porté par sa foi, nourri par ses convictions chrétiennes et cherche comment les transmettre tout en respectant « la marche de la nature dans l’évolution du genre humain » (Titre de son ouvrage philosophique). Si Pestalozzi a tellement marqué le monde de l’éducation et si nous avons si peu retenu son nom, c’est justement parce qu’il n’a jamais livré de recettes de cuisine, de méthodes clefs en main. En homme de terrain, responsable et conscient de ses limites, il nous invite non pas à appliquer sa méthode mais à entrer dans sa démarche. feuille

Robin Sautter

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