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Numéro 206
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Magny-les-Hameaux (Port-Royal), Chapelle Photo D.R. |
La question des relations entre Port-Royal et les protestants est délicate. Jansénisme et protestantisme se situent, en effet, dans un rapport paradoxal d’attirance et de distanciation. André Gounelle a pu ainsi écrire : « Pendant longtemps, ils (les protestants) ont vu dans Port-Royal une histoire parente de la leur, en dépit de différences importantes, et une théologie à la fois proche de celle de la Réforme sur certains points et éloignée sur d’autres. Ils ont été fascinés par cet étrange mélange de similitudes et d’oppositions, de proximité et de distance, de parallélismes et de contrastes » et la notice Jansénisme de l’Encyclopédie du protestantisme conclut : « Les réformés se sont toujours intéressés au jansénisme (et vice versa) sans que les uns et les autres se soient rapprochés sur le plan confessionnel ou même ecclésial. » De plus, cette question a souvent été abordée de manière polémique avec une totale absence de sérénité. Il ne s’agit donc pas seulement de comparer, en termes d’histoire des doctrines, deux systèmes qui relèvent de la même séquence historique, le calvinisme et jansénisme (il n’y a d’ailleurs pas d’unité substantielle du jansénisme et il n’existe sans doute pas non plus de calvinisme à l’état théologiquement pur), mais de confronter deux univers religieux, qui n’ont rien de monolithique et qui ont évolué dans le temps (la crise janséniste dure deux siècles).
Mais tout d’abord qu’est-ce que le jansénisme ? Une certaine manière d’être catholique en France sous l’Ancien Régime. Il apparaît comme une dissidence à l’intérieur du catholicisme français à l’âge moderne. Ce non-conformisme a des soubassements théologiques, ceux d’un augustinisme pur et dur. Il a ses théologiens : Jansens dont l’ouvrage posthume l’Augustinus est condamné en 1641, Arnauld qui en 1643 publie De la Fréquente Communion, l’oratorien Pasquier Quesnel auteur des Réflexions morales sur le Nouveau Testament. Il a ses spirituels : Jean Duvergier de Hauranne, Abbé de Saint-Cyran (1581-1643), qui en 1635 devient directeur spirituel de l’abbaye de Port-Royal, monastère cistercien réformé à partir de 1609 par Mère Angélique Arnauld, et qui en fait un lieu de rayonnement du mouvement janséniste. Le jansénisme développe des réseaux d’influence dans le clergé et les congrégations religieuses et informe profondément certains secteurs de la société, dans sa requête d’un christianisme purifié et renouvelé, vécu dans une ascèse rigoriste et un désir de vie intérieure authentique. Mais à partir des années 1640, les condamnations doctrinales se succèdent tandis que le pouvoir royal intervient pour réduire le parti janséniste. Lieu symbolique du mouvement, le monastère de Port-Royal des Champs est détruit de fond en comble en 1711. Le jansénisme théologique a été vaincu.
Au XVIIe siècle jansénistes et protestants ont été des adversaires. Les jansénistes ont ardemment participé à la controverse anti-protestante, s’affrontant à ce qui pour eux était « l’hérésie ». Le Grand Arnauld et Nicole ont ainsi bataillé avec Jean Claude et Pierre Jurieu. En 1681, Jurieu, pour protester contre les persécutions endurées par les huguenots, publie sa Politique du Clergé de France. Arnauld y répond par l’Apologie pour les Catholiques contre les Faussetés et les Calomnies d’un Livre intitulé : la Politique du Clergé. Les jansénistes ont applaudi à la Révocation de l’Édit de Nantes. Quesnel, alors lui-même en exil à Bruxelles, écrit le 15 décembre 1685 : « J’ai appris avec joie le succès qu’a partout la révocation de l’Édit de Nantes. »
Ils ont participé à la controverse anti-protestante avec d’autant plus de détermination que les jésuites les accusaient de calvinisme pour mieux les disqualifier.
Les jansénistes ont participé à la controverse anti-protestante avec d’autant plus de détermination que les jésuites les accusaient de calvinisme pour mieux les disqualifier. |
Il y a, en effet, toujours eu, au sein de l’Église romaine, un soupçon de connivence entre jansénistes et protestants. Il explique l’expression de « calvinisme rebouilli » attribuée à Mazarin ou cette définition formulée par un jésuite et rapportée par Sainte-Beuve : « Un janséniste est un calviniste disant la messe. » En 1656, un jésuite, le Père Meynier, publie un ouvrage intitulé Le Port-Royal et Genève d’intelligence contre le Très-Saint Sacrement de l’Autel dans leurs Livres. Cette vieille accusation de crypto-protestantisme est encore parfois véhiculée. En 1964, le grand historien Roland Mousnier, dans un livre consacré à l’assassinat d’Henri IV, écrivait ainsi : « Le protestantisme a duré et il a profondément influé sur le catholicisme français ; il semble que ce soit la destinée du catholicisme de repousser, à chaque époque, les doctrines qui lui sont contraires, mais qu’à chaque époque un certain nombre de catholiques adoptent des principes essentiels des doctrines rejetées. Au XVIIe siècle, la revanche du protestantisme vaincu et refoulé, ce fut le jansénisme, ce calvinisme rebouilli, dont l’influence fut si profonde qu’on la discernait encore, il y a peu de temps. »
Accusés d’être des crypto-protestants, les « amis de la vérité » se sont pensés et revendiqués comme d’authentiques catholiques. Néanmoins jansénistes et huguenots ont été confrontés aux mêmes problématiques théologiques. Et si l’on compare théologie réformée et théologie janséniste (ce que Jurieu a fait dans un ouvrage de 1684, L’Esprit de M. Arnauld), on repère alors d’étonnantes convergences doctrinales.
Le premier point commun porte sur la révélation. Les jansénistes accordent une importance capitale à la Bible. Port-Royal a voulu placer l’Écriture à la disposition de tout fidèle et fonder une piété établie sur la réception individuelle de la Bible. En 1667 Louis-Isaac Lemaître de Sacy publie une traduction française : le Nouveau Testament de Mons. Mais surgit alors le problème du rapport à la Tradition. C’est d’ailleurs la question qui se pose à Lemaître dans sa préface au Nouveau Testament : comment justifier la lecture directe et personnelle de l’Écriture sainte sans être accusé d’abandonner la Tradition comme règle de foi ? Pour sortir de l’impasse, Lemaître réfère le Livre au sacrement de l’eucharistie. La lecture est préparation à la réception du sacrement.
Autre convergence : sur la question de la grâce. La crise janséniste est née d’une réanimation des contro-verses autour de la grâce. Le jansénisme est une variété particulière d’augus-ti-nisme. À l’époque moderne, à la suite d’un certain nombre de mutations (grandes découvertes, progrès scientifiques, désacralisation progressive d’un cosmos hiérarchisé), la question anthropologique se pose à frais nouveaux. L’homme relève-t-il des réalités naturelles ou surnaturelles ? Avec la rupture humaniste, se fait jour une progressive revendication de l’autonomie du sujet. Après l’événement de la Réformation, les confessions chrétiennes prennent position sur cette question. Dans l’Église catholique, se déploie une théologie de la grâce qui est celle de l’humanisme chrétien et qui accorde une grande place à la liberté de l’homme, à ses mérites, à ses œuvres.
Philippe de Champaigne (1602-1674), Ecce Homo. Magny-les-Hameaux, musée des Granges de Port-Royal Photo RMN - ©Hervé Lewandowski |
Comme l’écrit Leszek Kolakowski : « … le divin est un environnement familier, presque une extension du confortable monde de l’expérience, la grâce est juste là, omniprésente, et nos aptitudes naturelles servent à la manipuler à notre avantage et pour la satisfaction de Dieu. » Cette théologie trouve son expression dans l’œuvre du jésuite Molina : la grâce suffisante apporte à l’homme tout ce qui lui est nécessaire pour faire le bien, mais ne produit son effet que par la seule décision du libre arbitre. Enraciné dans l’anti-humanisme augustinien de Baïus, le jansénisme est une réaction à cet humanisme. Il entend restituer à Dieu sa transcendance et son absolue gratuité. Comme l’écrivait Jean Cadier : « … dans le fond, les jansénistes n’ont pas été séparés des calvinistes. Ils se sentiront toujours liés par cette commune affirmation de la seule grâce de Dieu. » Par ailleurs, en vertu de cette absolue gratuité d’une grâce que l’homme ne saurait acquérir, le calvinisme strict et le jansénisme soutiennent la doctrine de la prédestination. Mais ils divergent sur les conséquences de celle-ci. Pour le calvinisme, la prédestination engendre une certitude intérieure totale et s’avère productrice en termes d’activité humaine, dans une prise en charge responsable du monde en sa sécularité. Pour un janséniste, la liberté souveraine du Dieu caché implique qu’il peut retirer sa grâce. Cette incertitude entraîne une vision tragique du monde, poussant le fidèle janséniste dans ce que René Taveneaux a appelé « l’héroïsme de la sainteté », qui doit se vivre dans l’idéal de la retraite et dans une pratique de la fuite du monde.
Il y a, enfin, des convergences ecclésiologiques. Jansénisme et protestantisme témoignent d’une même aspiration à la réforme de l’Église. Le jansénisme est aussi une variante française de la Réforme catholique qui suit le Concile de Trente (xvie siècle), avec des insistances propres : défense du droit des évêques contre le magistère romain, sens de l’Église locale, intérêt accordé au sacerdoce commun des fidèles. Des prêtres jansénistes ont instauré des liturgies en français avec participation des fidèles. Ainsi Jacques Jubé, le curé d’Asnières au XVIIIe siècle, dont l’Église, du fait de son dépouillement iconographique ressemblait à un temple. En revanche, sur la sacramentalité, en particulier sur l’eucharistie, les positions sont inconciliables. Pascal dans la 16e provinciale a pu écrire : « Tout le monde sait, mes Pères, que l’hérésie de Genève consiste essentiellement à croire que Jésus-Christ n’est point enfermé dans ce sacrement ; […] Voilà ce qui nous fait abhorrer les calvinistes. » À cet égard, le jansénisme reste une théologie catholique de la présence et de l’incorporation opposée à une théologie de la parole et de l’absence.
Jansénistes et huguenots apparaissent au XVIIe siècle comme des frères ennemis, habités par des interprétations différentes de la révélation chrétienne, traversés parfois de surprenantes convergences, fruits des mêmes matrices théologiques (des variantes de l’augustinisme). Mais avec les « années tournantes » caractéristiques de « la crise de la conscience européenne », le jansénisme se sécularise peu à peu : la querelle théologique demeure mais devient seconde par rapport à la résistance à l’absolutisme. En invoquant les droits de la conscience, en face de l’absolutisme royal ou pontifical, ce jansénisme, qui se niche dans des réseaux parlementaires et cléricaux, se charge peu à peu des valeurs de l’Europe du refuge. Cette politisation et cette sécularisation du mouvement vont aboutir dans les années 1750 à un réveil janséniste. Port-Royal, perçu et célébré comme le haut lieu de la liberté de l’Évangile et de la pureté de l’Église primitive, devient l’image de l’attachement à la vérité à travers toutes les persécutions. Les jansénistes parlementaires estiment que l’autorité dogmatique est dans le corps de l’Église tandis que l’autorité politique, elle, réside dans la communauté nationale. On passe insensiblement de la cause de Dieu à la cause de la Nation. En 1764, c’est ce mouvement d’opinion conjugué à d’autres courants des Lumières qui conduit à l’interdiction des Jésuites en France. Mais ce jansénisme des Lumières, aux origines religieuses de la Révolution française, n’a plus grand chose à voir avec le jansénisme des dévots du règne de Louis XIII. L’abbé Grégoire est sans doute l’un des meilleurs représentants de ce jansénisme du XVIIIe siècle, qui bataille pour l’avènement de la tolérance, et il est significatif que David l’ait représenté au Serment du Jeu de Paume aux côtés du chartreux Dom Gerle et du protestant Rabaut Saint-Étienne.
Au siècle des Lumières, jansénistes et huguenots témoignent des difficultés de la conscience religieuse moderne en face de l’absolutisme. Au fil des années, leur combat se sécularise en abordant les terres de la philosophie et de la politique. Ces deux traditions, qui ont joué un grand rôle dans l’avènement de la modernité, invoquent les droits de la conscience, usent d’une liberté d’expression revendiquée, inventent en quelque sorte ce que l’on peut appeler l’opinion publique (la presse clandestine janséniste des Nouvelles ecclésiastiques). Héritiers communs d’un augustinisme de la grâce, jansénistes et protestants, sans pourtant jamais se rencontrer, dénoncent l’augustinisme politique et policier d’un roi absolu et Très Chrétien, en témoins de l’absolu de la foi contre la raison d’État. Le jansénisme a alors son refuge (les Provinces-unies), ses prophètes qui attendent une Église renouvelée par le feu apocalyptique (les convulsionnaires de Saint-Médard) et il manifeste une vigoureuse activité éditoriale, qui à travers la publication de relations, de mémoires et d’histoires érudites, concourt à l’émergence d’une mémoire de Port-Royal. Là encore, entre protestants et jansénistes, il paraît difficile de parler d’affinités électives. Il s’agit plutôt d’une étonnante communauté de destin, faite à la fois de proximité idéologique et d’antagonisme confessionnel.
Au XIXe siècle le jansénisme ne survit plus que sous la forme de quelques isolats familiaux, amicaux ou communautaires. Se met alors en place le mythe de Port-Royal. Le mouvement avait été amorcé dès le XVIIIe siècle avec le pèlerinage de Port-Royal (on trouve ainsi un Manuel des Pèlerins de Port-Royal des Champs imprimé « au désert » en l’an 1767). En 1809, pour commémorer la destruction de Port-Royal, l’abbé Grégoire publie Les Ruines de Port-Royal. Port-Royal est célébré comme un haut lieu de la culture française (Pascal, Racine, Champaigne), de la pensée libre et d’un christianisme ressourcé à ses origines bibliques et évangéliques, soucieux de vérité et d’intériorité, purifié des ajouts médiévaux ou baroques, adapté à l’âge moderne. Ce mythe de Port-Royal va désormais fasciner certains catholiques. Il va également attirer certains protestants.
Les Sœurs chassées de Port-Royal en 1709. Eau-forte, 1709 © Bibliothèque nationale de France/photo AKG Images |
Il conviendrait d’évoquer tout d’abord Alexandre Vinet. Vinet était un remarquable connaisseur de la littérature de Port-Royal. Dans sa Théologie pastorale, il fait souvent référence à Saint-Cyran, à ses lettres et à ses Pensées sur le sacerdoce. Surtout, il n’a cessé de méditer sur l’œuvre et sur la personnalité de Pascal. Comme l’a écrit Bernard Reymond : « C’est certainement à Vinet que le protestantisme d’expression française doit d’avoir prêté autant d’attention à Pascal. » Vinet est en consonance avec la démarche pascalienne : devenir chrétien par la passion de l’existence, dans la soumission du cœur à la force intrinsèque de la vérité évangélique. Nourri des Pensées, Vinet a formulé, dans la meilleure veine augustinienne, une apologétique de type existentiel fondée sur l’inquiétude et sur l’impossibilité pour l’homme de trouver repos et paix ailleurs qu’en un Dieu qui fait grâce en Jésus-Christ. Cette approche spirituelle à une époque où la théologie s’est déployée comme réflexion sur l’expérience religieuse a profondément marqué le protestantisme. À l’extrême, on trouve la position d’Auguste Sabatier qui fait de Pascal un témoin de la religion de l’Esprit.
Par ailleurs, l’historiographie protestante a été habitée par une question : comment Port-Royal n’a-t-il pas vu qu’il menait en substance le même combat que la Réforme pour une religion réformée et pour la liberté de conscience ? D’une certaine manière, l’histoire de Port-Royal donne raison à l’histoire de la Réforme, en permettant de répondre à l’accusation catholique d’avoir provoqué la déchirure de la chrétienté. N’aurait-il pas mieux valu maintenir l’unité et combattre pour la réforme de l’intérieur ? Or Port-Royal montre ce qui se serait passé : l’étouffement de la vérité. L’auteur de l’article « Port-Royal » dans l’Encyclopédie des Sciences Religieuses (encyclopédie protestante, 1881) peut écrire : « Ainsi fut détruit par le despotisme de Louis XIV cet asile de piété, de science et de vertu, d’où aurait pu sortir une réforme intérieure et vraiment nationale pour le catholicisme français. » Au miroir de Port-Royal, c’est sur son propre destin que médite le protestantisme français du XIXe siècle.
Le jansénisme a disparu. Certes, il a profondément marqué
le catholicisme français, dans une interprétation rigoriste
et pénitentielle de l’existence chrétienne. Mais il
n’a jamais abouti à la constitution d’Églises.
Il n’y a également plus de théologie janséniste.
Et pourtant le jansénisme survit comme lieu de mémoire.
Dans la grande entreprise de Pierre Nora, Les lieux de mémoire,
l’un des volumes est consacré aux conflits et aux partages.
Trois contributions y évoquent les minorités religieuses
: Pierre Birnbaum retrace le destin des juifs au cœur de l’histoire
de France, Catherine Maire revisite « la fracture janséniste
». Enfin Philippe Joutard, en trente pages lumineuses sur le musée
du Désert, évoque « la minorité réformée
». Port-Royal et les protestants, ces deux groupes sociaux entretiennent
un lien privilégié avec leur histoire, parce que l’histoire
a sa place au cœur d’une culture religieuse et que la mémoire
est force d’identité, cette commémoration étant
par ailleurs compatible, et cela peut paraître paradoxal, avec l’unique
mémorial de Jésus-Christ. Port-Royal et les protestants
constituent aussi deux groupes religieux qui ont en commun d’avoir
été persécutés. Or c’est finalement la
persécution qui fonde la mémoire de Port-Royal. La destruction
du monastère en 1711 est en quelque sorte l’acte fondateur
du jansénisme, celui à partir duquel il se pense, de même
que la révocation de l’Édit de Nantes représente
l’acte fondateur du protestantisme français. Le paradoxe,
c’est que la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue
la pierre d’angle. Ces minorités persécutées
sont aujourd’hui célébrées comme détachements
précurseurs du combat pour la liberté de conscience. Les
jansénistes et les huguenots forment l’avant-garde, finalement
victorieuse, de la liberté de pensée et des droits de la
conscience humaine. En ce sens, ils ont été réintégrés
à une mémoire nationale. Il y a aujourd’hui un musée
national des Granges de Port-Royal et 1985 puis 1998 furent des commémorations
nationales, auxquelles se sont associées les autorités de
l’État et des Églises. Port-Royal et les protestants,
enfin, représentent des groupes mino-ritaires. Le protes-tantisme
témoigne d’une « autre manière d’être
chrétien en France » et Port-Royal a témoigné
d’une autre manière d’être catholique, différente
du modèle romain, universaliste, autoritaire, populaire, dévotionnel
et baroque. Dans une « France toute catholique » les protestants
et les jansénistes ont manifesté les difficultés
éprouvées, d’une manière tragique, dans l’affirmation
d’une différence par rapport à un modèle globalisant
et uniforme, en l’occurrence à l’époque celui
de la catholicité romaine. Sans doute la réintégration
de Port-Royal et des huguenots dans la mémoire nationale suggère
que la culture et la société française peuvent faire
preuve, mieux que par le passé, d’acceptation de la diversité,
même si elles ont encore des difficultés à se revendiquer
comme plurielles. Mais là nous quittons l’histoire pour rejoindre
une actualité brûlante.
Chapelle et cloitre de Port-Royal-de-Paris, actuel Hôpital Cochin. Photo D.R.
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