Évangéliser !
Voilà le maître mot et l’ordre impérieux du
moment, l’obligation à laquelle tout chrétien doit
se soumettre. Il faut raconter, témoigner, convaincre, sous peine
d’être un chrétien lâche, indigne du Christ,
de ce qu’il a fait pour le monde et pour nous… Évangéliser
aussi pour redorer le blason de nos Églises vieillissantes et
de nos confessions de foi de moins en moins partagées.
Dont acte !
Mais évangéliser, c’est d’abord
une affaire de contenu. De quel Dieu voulons-nous réellement
parler ? Que voulons-nous vraiment transmettre à son sujet ?
Tant que la prise en compte de ces questions n’inspirera pas une
théologie pour aujourd’hui, cet appel à l’évangélisation
restera une incantation culpabilisante et vaine. En essayant, mois après
mois, de proposer une nouvelle manière de parler de Dieu et de
la foi, de défendre de nouvelles convictions théologiques,
Évangile et liberté est devenu un outil d’évangélisation.
Il s’attache à défendre la foi chrétienne
contre ce qui la pervertit, et s’emploie à reconstruire
un rapport possible au Dieu de Jésus-Christ. Contrairement aux
idées reçues, l’évangélisation n’est
pas l’apanage des Églises dites « évangéliques
». Elle l’est de toutes celles et ceux qui se préoccupent
d’une prédication ou d’une expression de la foi qui
font sens pour aujourd’hui, qui nous concernent réellement
et qui nous font réfléchir.
Évangéliser consiste donc d’abord à
évangéliser le discours théologique lui-même
en le rendant plus juste, plus crédible et plus vrai. Et, faut-il
le rappeler, évangéliser l’autre, c’est aussi,
et peut-être surtout, évangéliser notre relation
à cet autre en enlevant à cette dernière ce qui
est contraire à l’Évangile et à son souffle
de liberté. Un Dieu qui ne s’impose pas à notre foi,
mais qui se laisse croire et retrouver, c’est un Dieu qui nous
aime d’abord libres de croire en lui, ou non. 
Raphaël
Picon