
Numéro 214
Décembre 2007
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Éditorial
Évangéliser
!, par Raphaël
Picon
Évangéliser ! Voilà le maître
mot et l’ordre impérieux du moment, l’obligation
à laquelle tout chrétien doit se soumettre. Il faut
raconter, témoigner, convaincre, sous peine d’être
un chrétien lâche, indigne du Christ, de ce qu’il
a fait pour le monde et pour nous… Évangéliser
aussi pour redorer le blason de nos Églises vieillissantes
et de nos confessions de foi de moins en moins partagées.
Dont acte ! Mais évangéliser, c’est d’abord
une affaire de contenu. De quel Dieu voulons-nous réellement
parler?... 
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Questionner
Dans un ancien numéro (n° 196) d’Évangile
et liberté, Vincens Hubac rappelait les origines du libéralisme,
associé à la liberté de l’individu,
et les relations entre libéralisme politique et libéralisme
chrétien. Il précise aujourd’hui les caractéristiques
principales du libéralisme évangélique.
Le libéralisme
évangélique, par Vincens
Hubac
L’expression de la foi n’a jamais été
simple et n’a jamais fait l’unanimité. Il a fallu
plusieurs siècles pour élaborer les grands symboles
de l’Église : Credo, Symbole de Nicée, Symbole
d’Athanase, etc. Au XVIe siècle, les confessions rédigées
par les Églises protestantes attestent aussi une variété.
De plus, les confessions de foi ont souvent été écrites
en fonction de courants minoritaires ou hérétiques
: il fallait réunir, recentrer, éviter l’éclatement
par un consensus longuement discuté. Ces affirmations ont
souvent conduit à l’intolérance au sein d’une
même Église et entre les Églises. Aujourd’hui
les débats sont apaisés même s’ils n’ont
pas disparu. Les questions d’hier se posent toujours et le
libéralisme évangélique, s’il a moins
de visibilité qu’hier, n’en est pas moins un courant
vivant et nécessaire dans un monde où l’intégrisme
religieux a de plus en plus pignon sur rue... 
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S'interroger
– « Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique,
dis ?
Ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère
?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur,
ni frère.
– Tes amis ?
– Vous vous servez là d’une parole dont le
sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
– Ta patrie ?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté ?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or ?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh ! Qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger
?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent…
là-bas…
là-bas… les merveilleux nuages ! »
Baudelaire, Le spleen de Paris
L’Étranger,
par Robert Serre
Cet homme qu’on interpelle est-il vraiment « Étranger
» puisqu’on lui adresse la parole sans soupçon
ni invective ? Peut-être bénéficie-t-il de l’hospitalité
traditionnelle des peuples sémites, des habitants de terres
arides ? Ou est-il simplement reconnu dans son « étrangeté
», dans son absence d’assise sociale, dans son dépouillement
? Il est rencontré et, à partir de là, il peut
provoquer des questions, entrer en relation, se laisser percevoir…
Cet homme est précisément pour nous source de réflexions,
de connaissance et d’ouverture sur l’étranger,
sur l’autre, tout comme devait l’être l’étrange
Jésus demandant à la foule : « Qui sont ma mère
et mes frères ? »(Mc 3,33). La Bible, la poésie,
l’art, imposant une compréhension personnelle hors du
temps et de l’espace, ont souvent un pouvoir d’évocation
et de questionnement qui éblouit ou qui dérange...
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Ces mots qu'on n'aime pas
Crèche,
par Jean-Marie
de Bourqueney
Si j’étais un puriste, je ne ferais plus
de crèche… Pensez donc : la Réforme avait affirmé
le principe de « l’Écriture seule », et
voilà qu’à Noël, nous installons des crèches
qui ne sont rien d’autre qu’un fatras de traditions issues
d’un mélange d’évangiles apocryphes et de
paganisme. Qui plus est, la date de Noël (choisie en 354 pour
l’Occident) est une adaptation de fêtes païennes
(Saturnales et culte de Mithra)... 
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Agir
Noël est le moment qui suscite le plus d’émotion
en prison, à la fois pour les prisonniers et pour ceux
qui les visitent à cette occasion. Jeannie Persoz raconte
l’expérience qui l’a conduite à devenir
visiteuse de prison.
Noël en prison,
par Jeannie
Persoz
Noël en prison : « Le 25 décembre, c’est
le jour le pire en prison, surtout chez les femmes », m’a
dit un surveillant. Un aumônier, lui, m’a dit : «
Noël en prison, c’est très dur. Noël, c’est
la fête de la famille. Les détenus sont loin de leurs
proches, de leurs enfants. Pâques, c’est plus facile
; c’est le printemps, la renaissance, la conversion, l’espérance.
»... 
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(Re)lire
En 1922, Schweitzer donne des conférences à
une session qui regroupe en Angleterre des missionnaires. Il
en fait un livre qu’André Gounelle nous invite à
lire et à relire.
Les religions mondiales
et le christianisme
d’Albert Schweitzer, par André
Gounelle
Quand ce petit écrit (77 pages en format de poche) a paru
en français, je l’ai parcouru rapidement et l’ai
trouvé intéressant, sans plus. Quelques années
après, en le reprenant pour préparer un cours, j’en
ai mieux perçu la richesse et l’envergure ; depuis,
il est devenu un de mes livres préférés. Schweitzer
s’y demande ce qui distingue le christianisme des autres religions.
Qu’apporte-t-il de plus ou de différent ? La question
intéresse les missionnaires auxquels il parle, aux prises
en Chine et aux Indes avec des religions peu perméables à
leurs efforts d’évangélisation. Elle se pose
aussi en Europe où, après la première guerre
mondiale, les spiritualités orientales exercent, déjà,
un grand attrait et où certains les préfèrent
au christianisme...
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Méditer
Il n’y a plus
à attendre le Messie (le Christ) ! par Marc
et Louis
Pernot
À Noël nous fêtons la venue du Christ dans le
monde. Or « Christ » signifie « Messie ».
Dire que Jésus est le Christ, c’est dire que le Messie
est venu et qu’il n’y a plus à attendre, nous sommes
déjà dans les temps messianiques, les promesses de
Dieu, en Jésus, sont réalisées. Or certains
chrétiens attendent encore, ils attendent le retour du Christ,
comme si le Christ n’avait pas encore accompli toute chose...

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Cahier
: La famille recomposée
par Jean-Paul et Anne Sauzède-Lagarde
En mai 2005, Évangile et liberté avait déjà
publié un cahier intitulé «Que
sera la famille au XXIe siècle?», écrit
par Anne-Catherine Masson, pédopsychiatre.
Il y a plusieurs raisons de parler de la famille aujourd’hui.
D’abord la fête de Noël, qui est traditionnellement,
en Europe, une fête de famille ; ensuite l’actualité
des derniers mois, avec le vote de la loi sur la maîtrise
de l’immigration, qui a provoqué tant de débats
à propos de la détermination par l’ADN des liens
familiaux pour les immigrés. À ce propos, Didier Sicard
et Axel Kahn rappelaient dans un article du Monde que, dans les
familles françaises, 3 à 8 % des enfants, selon les
régions, ont un père biologique différent du
père légal, sans que cela mette en question le lien
familial. Et ils posaient la question : « Nous résolvons-nous
à ce que la filiation humaine soit ramenée à
sa dimension biologique, animale, celle de la transmission des gènes
? »
Comment aujourd’hui définir « la famille »
? Qu’est-ce qui fait le lien familial ? Le mariage à
l’église ou à la mairie, la vie sous le même
toit, l’amour, les gènes communs ? En tout cas un sondage,
réalisé par la SOFRES en 2000, a montré que
« la famille » vient largement en tête des mots
très importants pour les 15-24 ans ! Loin de la phrase d’Hervé
Bazin : « Où peut-on être mieux qu’au sein
de sa famille ? Partout ailleurs ! »…
Depuis plusieurs dizaines d’années les divorces, les
enfants nés hors mariages, les remariages de divorcés
se multiplient. On voit apparaître des familles monoparentales
(un seul parent) et des familles homoparentales (deux parents du
même sexe). La « famille recomposée » (terme
apparu récemment) est devenue une banalité.
Autrefois on se remariait après le décès
de son conjoint. Aujourd’hui les remariages sont devenus indépendants
des décès, si bien qu’il n’y a plus seulement
un couple et ses enfants, mais le couple actuel avec ses enfants,
les enfants des précédents mariages, les anciens conjoints
qui sont rarement très loin, les nouveaux enfants des remariages
des anciens conjoints, sans parler des parents des conjoints…
Ces nouvelles façons de vivre entraînent-elles automatiquement
des traumatismes psychiques ? Certainement pas, répondent
les conseillers familiaux et les thérapeutes ; mais il y
a néanmoins des conditions nécessaires pour faire
une famille heureuse.
Jean-Paul Sauzède, pasteur, et Anne Sauzède-Lagarde,
tous deux psychothérapeutes de la famille et du couple, ont
récemment écrit Former une famille recomposée
heureuse (InterEditions, 2005). Ils précisent dans les pages
qui suivent ce qui, à leur avis, détermine les liens
familiaux permettant l’épanouissement des personnes.
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
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Vivre
Noël des animaux,
par Christine
Durand-Leis
Devant le magasin, quelques bénévoles distribuent
des tracts : « Le foie gras est une violence et une souffrance
infligées aux animaux. Boycottons-le ! » Pas tous jeunes,
surtout des dames… On ricane, les tracts vont au caniveau :
c’est vrai, que veulent ces rabat-joie, ces vieilles filles
à chat qui gâchent le plaisir de la fête ? Noël
: fête de bien des excès ! Manger, boire, acheter…
éventuellement aimer, partager, adorer (Dieu, pas le foie
gras !), ces trois derniers verbes ne recommandant pas spécialement
la consommation modérée...
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Commenter
Ce n’est pas d’aujourd’hui que les familles
sont un peu compliquées et que l’on peut avoir plusieurs
pères suivant la définition que l’on donne
à ce mot. L’exemple de Jésus de Nazareth est
peut-être le plus célèbre.
Combien de pères
pour Jésus ?, par Henri
Persoz
Si l’on se réfère à la tradition chrétienne,
Jésus a été conçu du Saint Esprit. Donc
il n’a qu’un Père, Dieu lui-même. Joseph
n’aurait été que l’époux de Marie,
chargé de l’intendance. Il lui a fallu trouver un lieu
pour la naissance, organiser la fuite en Égypte, puis le
rapatriement à Nazareth, subvenir ensuite aux besoins de
l’enfant. Il était bien dévoué cet homme
! Après la présentation au temple, il disparaît
d’ailleurs des récits bibliques. La naissance fut donc
miraculeuse, comme il convenait aux grands personnages de ce temps-là.
Pas d’autre Père possible que Dieu...
Dialoguer / Regarder
Un protestant se sent-il le plus à l’aise dans
une mosquée hispano-mauresque, ou dans une église
baroque andalouse ? À Cordoue, l’émotion esthétique
du visiteur ne peut pas se dissocier d’une expérience
spirituelle.
La mosquée
de Cordoue, par
André
Gounelle
Sans en être familier, je l’ai visitée à
plusieurs reprises ; chaque fois que j’en franchis le seuil,
j’ai le sentiment d’entrer en méditation et en
recueillement. Ces colonnades et ces arcs expriment pour moi une
transcendance non pas écrasante mais apaisante, non pas effrayante
mais accueillante, non pas tonitruante mais à la fois discrète
et prégnante. « Chef d’œuvre absolu de l’art
», écrit mon guide qui apparemment s’y connaît
en absolu. Il a peut-être raison, mais, pour ma part, je perçois
surtout que je suis dans un sanctuaire, dans un lieu qui renvoie
à autre chose qu’à lui-même, dans un édifice
qui entend refléter non pas la grandeur de ceux qui l’on
construit, prêtres ou rois, mais la gloire et la miséricorde
de Dieu...
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Retrouver
Ingmar Bergman, réalisateur de plus de cinquante films,
a marqué de son empreinte un demi-siècle de cinéma.
Avec sa mort, le 30 juillet 2007, c’est une figure incontournable
du cinéma qui disparaît.
Ingmar Bergman (1918-2007),
par Pierre Nambot
« Que je sois croyant ou incroyant, païen ou chrétien,
je veux être un artiste de la cathédrale… Mon
moyen d’expression est le film, non la parole écrite…
» Ces propos d’Ingmar Bergman lui-même, caractérisent
l’homme et son œuvre qui marquera encore pendant longtemps
le 7e art...
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Lire
Livre : Pour lire les Pères de
l'Église 
Livre : Le protestantisme et ses pasteurs
Livre : Faire son bilan de parent
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Résonner
Après La Cène de B. Buffet et celle de S. Patterson,
Martine Grenier, historienne d’art contemporain, nous présente
une Cène (parmi une centaine !) d’Andy Warhol.
Le dernier repas,
par Andy Warhol, par
Martine Grenier
Andy Warhol, le chef de file du Pop Art, utilise des images témoins
de la consommation de masse qu’il reproduit jusqu’à
saturation. C’est parce que La Cène de Léonard
de Vinci (1495-1498) participe de notre culture et de notre mémoire
collective que l’artiste, de confession catholique, s’y
est intéressé au point de réaliser une centaine
d’œuvres sur ce thème. Reproduite partout et sur
n’importe quel support, devenue une icône de notre société,
l’œuvre de Vinci a changé de statut, elle a perdu
son caractère religieux. Warhol s’en est saisi comme
d’un bien culturel quelconque au même titre que la boîte
de soupe Campbell...
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Nouvelles
Eglise Réformée de La Bastille : Prédications
– Conférences 2008 
Parole Pour Tous 2008 
Union Protestante Libérale De Strasbourg

Qui a déjà entendu parler de l’UniLib ?

Appel pour un slogan 
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Courrier des Lecteurs
Évangile
& liberté comprend une page entière
consacrée au Courrier des lecteurs. Nous voulons ainsi une
page vive, animée, publiant librement vos réactions
à tel ou tel article. 
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Citation
Ah ! Je crois qu’on
peut aimer ses ennemis,
mais qu’il est difficile d’aimer ses amis !
Alexandre Vinet,
Agendas, 30 janvier 1834
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