
Numéro 215
Janvier 2008
Sommaire & Résumés
(
: permet d'aller au corps de l'article)
Éditorial
Réealisme,
par Laurent
Gagnebin
On a pu reprocher à notre discours religieux
et social son manque de réalisme. Les chrétiens seraient
de doux rêveurs proposant des solutions impossibles et très
idéalistes aux problèmes de notre temps. Les réalités
économiques sont là, incontournables, et nos mots
ou nos combats les plus beaux seraient creux dès lors qu’ils
ne s’y soumettraient pas purement et simplement. Occupez-vous
du Ciel, nous, les réalistes, nous nous occupons de la terre
! ... 
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Questionner
L’idée de « vie après la mort »
a beaucoup évolué au fil du temps et l’expression
« vie éternelle » fait partie des notions
qui posent problème dans la perception que nos contemporains
ont du christianisme. Raphaël Picon présente une
conception nouvelle de cette vie éternelle, en référence
à la théologie du Process.
Croire en la vie éternelle,
par Raphaël
Picon
Dans sa Somme Théologique (questions 69-99)
le théologien du XIIIe siècle Thomas d’Aquin
explique qu’après leur mort les âmes siègent
dans différentes «demeures» : l’enfer, le
purgatoire, le paradis. Ces lieux sont chronologiquement simultanés
et géographiquement distincts. Le sort final de la personne
n’est pas lié à une transformation de l’univers,
mais il est le résultat d’un parcours individuel d’un
lieu à un autre, du purgatoire au paradis ou d’une installation
en enfer pour l’éternité. Le Réformateur
suisse Pierre Viret au XVIe siècle fustigera déjà
cette représentation de l’au-delà en dénonçant
ces «remuements et transports d’âmes d’étage
en étages, de logis en logis»... 
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Agir
À
l’occasion du Eid al-Fitr al-Mubarak fêtant la fin
du ramadan (1428 A.H. / 13 Octobre 2007 ), et à l’occasion
du premier anniversaire de la lettre ouverte de 38 musulmans
au pape Benoît XVI, 138 dignitaires musulmans de 43 nationalités
différentes, appartenant à divers courants de
pensée, ont signé une lettre ouverte adressée,
non seulement au pape, mais aussi à divers dirigeants
du monde chrétien : catholiques, orthodoxes et protestants.
Cette lettre, qui met l’accent sur les deux «
plus grands » commandements, celui de l’amour de
Dieu et celui de l’amour du prochain, que l’on trouve
dans le Coran comme dans la Bible, appelle à une réflexion
sur les points communs qui peuvent rapprocher l’islam et
le christianisme.
Il serait dommage que cet appel ne rencontre que l’indifférence
!
On peut trouver le texte complet de cette lettre, en plusieurs
langues, sur le site : www.acommonword.com
(chapitre « downloads and translations »).
Nous reproduisons ici le résumé placé
en tête de cette lettre.
Une parole commune
entre vous et nous
Les musulmans adressent une lettre aux chrétiens
Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.
Musulmans et chrétiens constituent bien ensemble plus de
la moitié de la population mondiale. Sans la paix et la justice
entre ces communautés religieuses, il ne peut pas y avoir
de paix significative dans le monde. L’avenir du monde dépend
donc de la paix entre musulmans et chrétiens... 
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Ces mots qu'on n'aime pas
Vœux, par
Christine Durand-Leis
Combien de fois allons-nous prononcer ou écrire
ce mot pendant un mois ! Ah, ces vœux annuels qui, à
l’occasion, se transforment en exercice pénible : s’attabler
devant la liste parfois culpabilisante de personnes plus ou moins
perdues de vue… Vœux personnalisés ou bien formule
toute faite répétée ad nauseam, plus de la
langue et de la plume que du fond du cœur ? La Bible, anticipant
cette « liturgie » inaugurale de l’année,
prend soin de mettre en garde contre les vœux. Mieux vaut s’en
abstenir que d’en faire inconsidérément : un
vœu sincère sinon rien ! Bon à se rappeler en
période de promesses électorales... 
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Série : Les Pères de L’Église
Quand les Pères de l’Église nous
surprennent et nous questionnent... Jacques-Noël Pérès,
professeur de patristique à la faculté de théologie
protestante de Paris, partage pour nous ces trésors du
patrimoine chrétien.
1. Césaire
d’Arles, par Jacques-Noël
Pérès
Que penserait et, puisque son habitude n’était pas
de taire sa pensée, que dirait Césaire d’Arles,
s’il voyait aujourd’hui que les pasteurs des diverses
Églises passent plus de temps qu’il n’est parfois
utile, devant leur ordinateur, ou en de multiples réunions,
ou encore à se dépenser en mille occupations qui ne
relèvent pas directement de leur ministère ? Que dirait-il,
s’il constatait que la catéchèse, la cure d’âme
et la visite aux malades, voire la prédication, ne sont plus
les tâches auxquelles ils s’adonnent, sinon toujours
avec plaisir, en tout cas avec fidélité et constance
?... 
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(Re) lire
De l’art de douter et de croire, d’ignorer et
de savoir. Une traduction française est disponible (Éd.
La Cause. Préface de P. Vassaux). Ce titre mérite
attention : quand on veut tout connaître et avoir des
certitudes absolues, on tombe dans la rigidité et la
fermeture des intégrismes. Le doute et l’ignorance
ne sont pas les contraires d’une foi et d’un savoir
authentiques ; ils en font partie.
Un manifeste libéral
au xvie siècle, par André
Gounelle
Sébastien Castellion (1515-1563), à la fois
fin lettré et excellent pédagogue, a eu le courage de
s’opposer à la dictature de Calvin et de dénoncer
le bûcher de Servet (même s’il n’en approuvait
pas les idées). On cite souvent la phrase admirable qu’il
écrivit en 1555 à ce sujet : « tuer un homme,
ce n’est pas défendre une doctrine ; c’est tuer un
homme »...
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Débattre
À l’occasion de la Semaine de prière
pour l’unité des chrétiens (18-25 janvier)
et après le bruit et la fureur suscités par le
document catholique refusant aux Églises protestantes
la qualité d’Église en plénitude,
L. Gagnebin estime que la définition de l’Église
par Rome n’est pas identique à la nôtre et
que le Vatican nous le rappelle ainsi… indirectement.
Le Pape a raison,
par Laurent
Gagnebin
Depuis la publication, en juillet 2007, du texte de la Congrégation
pour la doctrine de la foi réaffirmant que l’Église
catholique est la seule et unique Église du Christ et qu’elle
détient la vérité en plénitude, le troisième
rassemblement œcuménique européen de septembre
à Sibiu, en Roumanie, a un peu calmé les esprits. La
déclaration du Vatican avait en effet suscité dans le
monde entier, depuis les simples fidèles jusqu’aux officiels
des Églises protestantes, un immense émoi. Cela dit,
Rome n’a fait que répéter ce qu’elle a toujours
affirmé. Ce rappel n’a rien d’étonnant et,
tout compte fait, il est honnête, comme l’a remarqué
Mgr Cyrille de Smolensk, responsable orthodoxe des relations extérieures
du Patriarcat de Moscou, préférant ce langage à
celui de la diplomatie ecclésiastique. Les illusions sont ici
dissipées. Le réveil est peut-être brutal pour
ceux qui pensaient que le concile de Vatican II avait ouvert d’autres
perspectives. Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil
pontifical pour l’unité des chrétiens, n’a-t-il
pas eu raison de déclarer : « Un œcuménisme
douillet ne nous mènerait pas loin ; le seul moyen d’avancer
est le dialogue dans la vérité. » ?...
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Cahier
: Le corps, l’esprit et la maladie,
par Alain Houziaux
« …et surtout une bonne santé ! » est une
phrase que nous entendrons souvent en ces périodes de vœux
! « La santé prend la place occupée autrefois
par le salut », dit la théologienne Isabelle Grellier.
La médecine moderne permet de soulager les maladies mieux
qu’auparavant, d’où cette tentation de croire qu’elle
pourrait tout maîtriser, et cette difficulté à
accepter les limites de notre corps, la maladie et la mort. Pourtant
il reste des maladies « incurables ». Certains se tournent
alors vers les médecines alternatives, ces médecines
un peu mystérieuses, qui ne sont pas « scientifiques
» mais qui obtiennent parfois des résultats surprenants
: des « guérisons miraculeuses » ?
La plupart des miracles (des signes) de Jésus de Nazareth,
rapportés dans les évangiles, étaient des guérisons.
Louis Pernot, dans le n°211 d’Évangile et liberté,
en a discuté le sens et l’importance. Les guérisons
miraculeuses ont jalonné l’histoire de l’Église
catholique, et les Églises pentecôtistes en revendiquent
aujourd’hui de nombreuses.
Le sujet des médecines alternatives, qu’aborde ici
Alain Houziaux, pasteur de l’ERF, est d’une grande actualité
dans les Églises (Église réformée et
Église luthérienne notamment). En effet, celles-ci
s’intéressent de plus en plus aux questions complexes
et souvent déroutantes que pose un ministère de délivrance
ou de guérison. Certains pasteurs disent même pratiquer
un tel ministère, ou être intéressés
par les possibilités qu’il ouvre pour l’accompagnement
pastoral. Et, contrairement aux États-Unis et à la
Grande Bretagne, il n’existe pratiquement aucun texte sur ce
sujet dans la théologie protestante réformée
francophone.
Il est difficile de faire la part du médical, du psychosomatique,
et du miracle dans une guérison. Il est certain que l’esprit
joue un rôle très important, et l’effet placebo
le démontre clairement. La description des rapports du corps
et de l’esprit existe depuis des siècles : Hippocrate
préconisait déjà une médecine du corps
et de l’âme ayant pour objet l’homme malade dans
sa totalité. La médecine psychosomatique ne date pourtant
que du XXe siècle. Elle a établi le lien structurel
entre maladie et organisation psychique, et postule la participation
du sujet à l’éclosion de sa maladie et, par conséquent,
à la mise en place de ses propres processus de guérison.
Albert Schweitzer disait : « Chaque patient porte en lui-même
son propre médecin. Nous donnons le meilleur de nous-même
lorsque nous permettons au médecin qui réside dans
chaque malade de se mettre au travail. » Le « nous »
peut se rapporter au médecin, au psychanalyste ou au pasteur…
Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne
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Méditer
Je crois au Dieu qui
parle, par Jean-Jacques
Maison
Je crois au Dieu qui parle
mais je refuse de confondre nos discours humains,
même inspirés, avec sa Parole... 
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Réagir
Voici une nouvelle rubrique dans laquelle Stéphane
Lavignotte aujourd’hui (pasteur à la Mission populaire)
et d’autres peut-être plus tard réagiront à
un événement de l’actualité politique
ou sociale qui les aura interpellés.
Pas de polémique
!, par Stéphane
Lavignotte
Aux « Guignols de l’info », la marionnette de
Philippe Lucas – ex-entraîneur de la nageuse Laure Manaudou
– répète l’expression à l’envi
: « Et puis c’est tout ! » Et depuis, sous une
forme ou sous une autre, elle fait florès et ce jusqu’au
sommet de l’État. Alors que des journalistes l’interrogeaient
sur son séjour dans une luxueuse résidence américaine,
Nicolas Sarkozy répondit : « Je suis venu à
Wolfeboro parce que j’ai des amis qui y viennent depuis des
années. Ils ont loué une maison et nous y ont invités.
Point. Il n’y a pas de polémique. » Et cette expression
est devenue une des redites des discours de notre président.
Mettre un point final. D’une expression, mettre fin au tourment
que nous causent nos enfants, collègues ou subordonnés…
Si Dieu céda lui-même à la tentation –
un bon déluge, ça leur apprendra ! – ce fut pour
aussitôt revenir sur sa décision : il offrit un arc-en-ciel
en gage de sa non récidive...
Retrouver 
À l’occasion du décès récent
(le 9 juillet 2007) d’André Chouraqui, Henri Persoz
nous rappelle ce qui a amené cet écrivain poète
multiculturel à entreprendre une nouvelle traduction, si
originale et si personnelle, de la Bible.
André Chouraqui
et sa « Bible », par Henri
Persoz
Il y a quelques mois, disparaissait André Chouraqui qui
fut bien connu dans les milieux religieux, notamment pour ses traductions
en français de la Bible et du Coran ; traductions très
osées qui ont irrité bien des exégètes
et enchanté d’autres...
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Commenter
Louis Pernot analyse les Béatitudes de Luc (6,20-26),
et explique que les « malheur à vous… »,
bien difficiles à comprendre, correspondent à une
erreur de traduction.
Les Béatitudes
et les prétendues « Malédictions » de Luc,
par Louis
Pernot
Les Béatitudes de Luc sont moins lues que celles de Matthieu,
et on comprend pourquoi. D’abord, Luc ne cite pas les quatre
béatitudes positives, celles que nous préférons
: «Heureux ceux qui ont le cœur pur, les miséricordieux,
les artisans de paix et ceux qui sont doux.» Il ne garde que
les quatre béatitudes négatives : «Heureux ceux
qui sont pauvres, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif,
et ceux qui sont persécutés.» Comment comprendre
ces quatre béatitudes négatives ?...
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Regarder

Marché de Noël…
ou « cadeau » de Coca-Cola à consommer avec modération
?
en face de la Cathédrale de Santiago de Chile 
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Billet
Après les cadeaux,
par Jean-Marie
de Bourqueney
Les sondages sont formidables. À l’heure où
j’écris ces lignes, une enquête vient de révéler
une terrible vérité qui me plonge dans un abîme
de perplexité. Il semblerait (j’utilise le conditionnel
car j’en suis encore tout retourné…) que les cadeaux
que nous offrons à Noël ne sont pas les mêmes
que ceux que nous voudrions recevoir. À l’échelle
d’un pays, vous vous rendez compte ! En tête des cadeaux
faits : cd, dvd et livres… En tête des cadeaux que nous
aimerions recevoir : argent, bijoux (enfin pas pour moi…),
vêtements et décoration de la maison… Ce n’est
pas moi qui le dis, c’est l’enquête, donc nous tous…
Serions-nous devenus masos ? Ou sadiques peut-être...
Lire
Livre : À la recherche de la
Source 
Revue : Union protestante libérale
de Strasbourg
Livre : Pour l’honneur de Dieu
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Résonner
La fête des Rois est, au Brésil, l’occasion
de « folies », fêtes traditionnelles, intermédiaires
entre le profane et le sacré, auxquelles Madeleine et Bernard
Félix ont eu l’occasion d’assister.
Religiosité
populaire : les « Folies des Rois » au Brésil,
par Madeleine
et Bernard Félix
Un voyage au Brésil en janvier 2007 nous a fait rencontrer
des groupements, les « folias », sortes de confréries
à l’instar de celles du Moyen Âge, qui parcourent
la campagne ou les banlieues entre Noël et le 6 janvier. Ils
accomplissent un long tour, le « giro », de maison en
maison, derrière une bannière, objet d’une dévotion
fervente, qui représente les rois mages. Une crèche
l’accompagne parfois. Viennent ensuite des musiciens, des chanteurs
et parfois des danseurs, en tout une douzaine de personnes plus
ou moins costumées, qui apportent la Bonne Nouvelle de la
venue du Sauveur. Le nom de folie provient sans doute du nom d’une
danse portugaise du Moyen Âge....
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Nouvelles
Les Entretiens de Robinson :
La mondialisation : craintes et espérances

Prédications – Conférences
du Foyer de L’âme :
« L’avenir de L’humain »

Journée parisienne Évangile
et liberté :
"La vie éternelle : comment y croire ?"

Rencontre Evangile et Liberté
– Union Protestante Libérale :
L’humanité de Jésus

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Courrier des Lecteurs
Évangile
& liberté comprend une page entière
consacrée au Courrier des lecteurs. Nous voulons ainsi une
page vive, animée, publiant librement vos réactions
à tel ou tel article. 
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Citation
Lorsque nous sommes
seuls à rêver,
cela ne demeure qu’un rêve.
Lorsque nous rêvons ensemble,
cela n’est plus seulement un rêve,
c’est le début de la réalité.
Dom Helder Camara
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