Les sondages sont formidables. À
lheure où jécris ces lignes, une enquête
vient de révéler une terrible vérité qui
me plonge dans un abîme de perplexité. Il semblerait (jutilise
le conditionnel car jen suis encore tout retourné
)
que les cadeaux que nous offrons à Noël ne sont pas les
mêmes que ceux que nous voudrions recevoir. À léchelle
dun pays, vous vous rendez compte ! En tête des cadeaux
faits : cd, dvd et livres
En tête des cadeaux que nous aimerions
recevoir : argent, bijoux (enfin pas pour moi
), vêtements
et décoration de la maison
Ce nest pas moi qui le
dis, cest lenquête, donc nous tous
Serions-nous
devenus masos ? Ou sadiques peut-être...
Et nous voilà (au moment où vous lisez ces lignes
)
après Noël. Donc, toujours selon lenquête, vous
venez de faire des cadeaux qui nont pas forcément plu,
et vous avez reçu des cadeaux qui ne vous ont pas forcément
fait plaisir. Peut-être même faites-vous partie des personnes,
de plus en plus nombreuses, qui vont échanger leurs cadeaux,
voire les revendre sur Internet
Triste époque où
la magie du don sestompe. Désormais seul lobjet compte.
Et moi qui croyais que cétait la grâce de léchange,
symbole de lamour
Serais-je lun des derniers brontosaures
de cet amour-là ?
Il est vrai aussi que nous gardons tous de lenfance cette magie
de lattente du cadeau. Celui-ci est désiré, parfois
deviné. Et quand il est là, ladrénaline est
parfois éphémère
Pire, laprès
est parfois triste. Combien de jouets denfants nont servi
quune fois ? Combien de cadeaux retrouvés plusieurs années
plus tard dans leur emballage ? Après la joie intense, la dépression.
De la magie du don à la tristesse de labandon
Et si notre christianisme fonctionnait de la même manière
: après la magie des premiers temps, linstallation dune
religion qui prend la poussière
Retrouvons lenthousiasme
(étymologiquement le fait dêtre « en Dieu »)
! Lamour, le partage et le don de soi ne sont plus à la
mode ? Tant pis, je continue et jassume !
par Jean-Marie
de Bourqueney