
Numéro 215
Janvier 2008
( sommaire
)
Série : Les Pères de L’Église
- 1. Césaire d’Arles
Quand les Pères de l’Église
nous surprennent et nous questionnent... Jacques-Noël Pérès,
professeur de patristique à la faculté de théologie
protestante de Paris, partage pour nous ces trésors du patrimoine
chrétien.
1. Césaire d’Arles
Il est certain que les évêques ne sont pas ordonnés
pour être seulement intendants agricoles ou cultivateurs,
mais pour s’adonner à la culture spirituelle,
celle, à coup sûr, dont parlait l’apôtre
: « J’ai planté, Apollos a arrosé.
»
Césaire d’Arles (ca. 470-543)
Sermons au peuple I, 5
Que penserait et, puisque
son habitude n’était pas de taire sa pensée, que
dirait Césaire d’Arles, s’il voyait aujourd’hui
que les pasteurs des diverses Églises passent plus de temps qu’il
n’est parfois utile, devant leur ordinateur, ou en de multiples
réunions, ou encore à se dépenser en mille occupations
qui ne relèvent pas directement de leur ministère ? Que
dirait-il, s’il constatait que la catéchèse, la cure
d’âme et la visite aux malades, voire la prédication,
ne sont plus les tâches auxquelles ils s’adonnent, sinon
toujours avec plaisir, en tout cas avec fidélité et constance
?
Je
ne veux pas jeter la suspicion sur tant de collègues, dont je
sais trop le dévouement et la joie qu’ils prennent à
l’exercice de leur ministère. Qu’il me soit permis
toutefois de regretter chez certains l’oubli – quelquefois
– de ce qui est l’essentiel, ou la contrainte – souvent
– où ils sont de laisser de côté en raison
de quelque urgence ce même essentiel, qui est une parole capable
d’ouvrir pour chacun un horizon nouveau. Appelons cela spiritualité.
Appelons cela un sens donné à notre vie. Césaire
s’adresse au peuple. Il n’a pas au pied de sa chaire une élite,
qu’elle soit intellectuelle ou des milieux du commerce ou du gouvernement.
Tout un chacun est là, qui l’écoute. C’est eux
tous qu’il a en vue, auxquels il souhaite une telle ouverture.
S’il est, dans ses propos, brutal à l’égard
des évêques de son temps, comme il le serait des pasteurs
du nôtre, c’est parce qu’il est persuadé qu’hommes
et femmes dans l’Église, et même au dehors, du plus
humble au plus grand, ont besoin d’une nourriture spirituelle,
sans que cela signifie pour Césaire dénoncer ce qui est
matériel. Seulement il ne faut pas, au nom du matériel,
oublier le spirituel. Il faut les conjuguer. Conjuguer la solidarité
et l’espérance. 
Jacques-Noël
Pérès
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