Noël des animaux
Devant le magasin, quelques bénévoles distribuent des
tracts : « Le foie gras est une violence et une souffrance infligées
aux animaux. Boycottons-le ! » Pas tous jeunes, surtout des dames…
On ricane, les tracts vont au caniveau : c’est vrai, que veulent
ces rabat-joie, ces vieilles filles à chat qui gâchent
le plaisir de la fête ?
Noël : fête de bien des excès ! Manger, boire, acheter…
éventuellement aimer, partager, adorer (Dieu, pas le foie gras
!), ces trois derniers verbes ne recommandant pas spécialement
la consommation modérée.
Finalement, tout le monde s’y retrouve plus ou moins : on se ruinera
ou non en cadeaux. Les pro-sapins enguilanderont et les anti, non. Les
chrétiens pourront partager, adorer… culte ou messe de minuit
(sans préjudice des agapes). Les autres se réjouiront
et, s’ils ont l’occasion d’entrer dans la signification
originelle de ces lumières et de cette joie, qui s’en plaindra
?
Mais les animaux ne s’y retrouvent guère comme lors de
chaque fête : joie dans les maisons, panique dans les basses-cours
et les étables. La trêve des confiseurs ne s’applique
guère à ces petits et il est bien loin le temps mythique
où le premier couple humain réveillonnait à la
compote (de pommes, non encore rattachées au péché).
On dit que c’est François d’Assise qui « inventa
» la crèche de Noël, avec l’âne et le bœuf.
« Une bonne nouvelle pour tout le peuple » ne pourrait-elle
pas s’appliquer à la création tout entière
?
Puisque les étoiles elles-mêmes ont bougé, pourquoi
ne pas laisser le doux François plaider et présenter à
la crèche Sœur Oie et Frère Canard, victimes en l’honneur
d’un petit enfant qui n’en demandait pas tant ! 
Christine
Durand-Leis