Pour un monde meilleur
Tel est le slogan que les sportifs français auraient voulu arborer sur un badge à l’occasion des jeux olympiques et en signe de protestation contre l’écrasement de la révolte tibétaine. On a dit que cette formule était vague et bien anodine. Mais, avec elle, on dépassait le cas particulier d’un État pour manifester une solidarité d’ordre international. Ce slogan avait aussi l’avantage d’être pour et non contre. Et le politique n’y était pas la politique.
La proximité d’une telle formule avec un mot d’ordre susceptible d’être celui des chrétiens est frappante : lutter pour un monde meilleur, n’est-ce pas l’action de tous ceux qui, à travers la justice, combattent pour le Royaume de Dieu ? Cela dit, à condition que l’on comprenne bien que le but d’un tel combat n’est pas un idéal lointain et anonyme ; avec l’amour du prochain, notre idéal, c’est l’autre. Bonhoeffer écrit ainsi : « L’au-delà n’est pas ce qui est infiniment loin, mais ce qui est le plus proche. » Il nous faut donc préférer le prochain au lointain, des êtres humains à l’idée que l’on se fait de leur bonheur futur à travers un idéal peut-être magnifique, mais possiblement tyrannique. Ou, pour le dire autrement, la fin ne justifie pas les moyens. On nous rétorquera qu’il n’y a pas besoin d’être croyant pour vouloir un monde meilleur et que ce slogan n’a, par conséquent, rien de spécifiquement chrétien. Et alors ? Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour condamner le viol, mais peut-on l’être sans le faire ? C’est une des forces du christianisme de pouvoir partager son éthique avec tant d’autres. Cet idéal olympique et celui du Royaume de Dieu : même combat ? Tant mieux, si c’est vrai. 
Laurent
Gagnebin