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Numéro 174 - février 2004
( sommaire )

Billet

« Sainte Laïcité, sauvez notre République »

Je n’aime pas les dogmes ; ou plutôt je n’aime pas les dogmatiques fermées qui donnent l’illusion de répondre aux grandes questions de l’existence, celle des hommes et celle de Dieu. Je n’aime ni ceux qui veulent assujettir les femmes au nom d’une prétendue définition du dogme musulman, ni ceux qui veulent assujettir le monde au nom d’un prétendu messianisme aux couleurs chrétiennes. La grandeur et la faiblesse des religions tiennent dans leur puissance d’interprétation. Je n’aime pas non plus ceux qui prononcent les mots « laïcité » et « citoyenneté » comme des mots magiques, des invocations censées régler tous les problèmes. Je crois certes à la force des mots, sauf quand ils sont creux. Récemment, j’entendais l’un de mes interlocuteurs déclarer : « La laïcité et la citoyenneté sont “consubstantielles” à la République. » Encore de la dogmatique ! Nous étions en plein Nicée de la laïcité…

Et pourtant le protestantisme, libéral de surcroît, a une voix à faire entendre dans ce tourbillon médiatico-politique. Les protestants ont, avec d’autres, porté la laïcité française sur les fonts baptismaux (voilà que je me mets aussi à ce vocabulaire…). Ils l’ont fait parfois avec de mauvaises raisons (combattre l’ennemi catholique !) mais aussi avec de bonnes raisons : construire une communauté nationale qui intègre la diversité. Les libéraux ont, me semble-t-il, ajouté deux éléments déterminants : le dialogue avec la culture et l’insistance sur la personne. En effet, le libéralisme théologique s’est construit sur la nécessaire adaptation de la pensée théologique à la modernité. De cette expérience, il a gardé l’habitude du dialogue. Or notre époque a un urgent besoin de dialogue. A Sarajevo, c’est une question de vie ou de mort, en France une question de désagrégation sociale. Dès lors il est légitime que les religions, au même titre que toutes les idéologies respectueuses de la démocratie, participent au débat national. Ni plus, ni moins !

Quant au respect de la liberté de la personne, si chère aux libéraux, elle est l’affirmation du primat de l’individu sur les institutions. Cela n’est pas de la démagogie égocentrique. Au contraire, c’est un parcours exigeant que d’être libre au milieu de ses concitoyens. Il ne saurait exister de communautarisme ethno-politico-religieux si l’on pense que la société est construite à partir d’une synergie d’individus, d’un dialogue entre des personnes, forcément singulières. La laïcité est un dialogue, et non une cohabitation d’indifférences. feuille

Jean-Marie de Bourqueney

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