Le syncrétisme
(le mélange des religions) a mauvaise presse. Les Églises
le condamnent, les organisations interreligieuses se défendent
énergiquement de le favoriser. On n’aime pas qu’un
chrétien emprunte une pratique au bouddhisme ou une croyance
à l’Islam. On parle alors d’une spiritualité
de supermarché où chacun prend sur les rayons des produits
hétéroclites pour les mixer dans une salade indigeste.
Et pourtant ! Bultmann a écrit que la Bible est
le livre le plus syncrétiste qui soit. Elle s’inspire de
textes égyptiens, mésopotamiens, iraniens et grecs. Les
apports païens au christianisme n’ont pas tous été
négatifs. Dans le dialogue interreligieux, nous répétons
que nous avons beaucoup à apprendre et à recevoir les
uns des autres. Ce qui implique des échanges, des évolutions,
des influences, et donc une certaine dose, qui doit certes être
réfléchie et contrôlée, de syncrétisme.
Il ne s’agit pas de préconiser une spiritualité
sans cohérence ni structures, faite de bric et de broc. Mais
ne préférons-nous pas trop souvent la pureté à
la fécondité et la rigidité à l’ouverture
? N’est-il pas temps de réhabiliter, au moins partiellement,
le syncrétisme ?
André
Gounelle
Le mois prochain : Le péché originel