Est-il vraiment nécessaire
de redire à Dieu qu’il n’aime pas le mal ? N’est-ce
pas évident ? Pourtant le psalmiste semble marcher au-dessus
d’un abîme d’incertitudes. Quel Dieu sera au bout de
son appel, sensible à son cri ? Un Dieu de bonté ? Un
Dieu par-delà le bien et le mal ? Ou personne ? Une absence vertigineuse
!
L’homme en prière balbutie son attente, sa
confiance. Il extirpe les mots de son ombre intérieure et les
place comme des cailloux blancs dans le temps qui s’écoule,
de l’éveil matinal au grand futur de la vie. C’est
avec de l’inespéré qu’il tisse un chemin vers
la lumière. Car se recueillir devant Dieu n’est pas toujours
simple : le Silencieux entend-il la voix de celui qui l’appelle
?
Oui ! Car toi le Silencieux tu n’es pas un Dieu
qui prenne plaisir à la méchanceté, n’est-ce
pas ? Ce « n’est-ce pas » n’est ni prononcé
ni écrit. Il est dans le secret du cœur. Quand je prie ma
douleur et mon attente, ne vais-je pas jusqu’à cette vérité,
c’est-à-dire ce doute, cette crainte ? Qui connaît
Dieu ? Qui sait ce qu’il pense ? Ce qu’il ressent ?
Laisse-moi te redire, Éternel – c’est
ma prière – ce que je veux croire de toi face aux humains,
ceux qui me font souffrir, celui que j’ai peur de devenir moi-même
peut-être – une âme en ruines, un esprit en déroute,
participant à l’injustice et au mensonge de ce monde, à
sa vacuité, à ses vilaines rumeurs… à ses
bains de sang – : tout cela tu le hais, tu le dénonces,
tu en es meurtri ! N’est-ce pas ?
Prier c’est peut-être réapprendre de
Dieu ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas. Car étonnamment,
il faut le réapprendre sans cesse, à cause du silence
dans la Parole et des creux dans notre foi. C’est pourquoi Dieu
se laisse creuser par les mots de notre prière. Comme une falaise
de pierre tendre qui voit s’imprimer dans son flanc la marque du
temps, des pluies, des vagues de la mer. C’est là que prend
forme le temple où nous pouvons entrer, la maison où nous
nous abriterons.
Florence
Taubmann
Prête l’oreille
à mes paroles, Éternel !
Comprends mon gémissement !
Sois attentif à mon cri d’appel, mon roi et mon Dieu !
C’est à toi que j’adresse ma prière.
Éternel le matin tu entends ma voix ;
Le matin je me présente à toi et je guette.
Car tu n’es pas un Dieu qui prenne plaisir à la méchanceté.
Le mal ne séjourne pas auprès de toi.
Les insensés ne subsistent pas devant tes yeux ;
Tu as de la haine pour tous ceux qui commettent l’injustice.
Tu fais périr ceux qui profèrent le mensonge.
L’Éternel a en horreur les hommes de sang et de ruse.
Mais moi, par ta grande bienveillance, je vais à ta maison,
Dans la crainte qui t’est due, je me prosterne devant ton saint
temple. 
Psaume 5,2-8.
haut
Si tu brûles de
fièvre
Il est la source qui rafraîchit.
Si tu es oppressé par tes fautes
Il est la délivrance.
Si tu as besoin d’aide
Il est la force.
Si tu as peur de la mort
Il est la vie.
Si tu désires le ciel
Il est la voie.
Si tu fuis les ténèbres
Il est la lumière.
Si tu as besoin de nourriture
Il est l’aliment. 
Ambroise de Milan (340-397)
Seigneur
Quand la spirale de la violence grandit parmi nous,
Quand les innocents sont massacrés,
Quand les chômeurs grondent leur colère,
Quand les affamés meurent sous nos yeux,
Et quand les prisonniers sont torturés,
Le chant de ta vie monte en nous.
Au plus noir de nos jours,
Il rappelle ta présence, les chemins du pardon
Et les partages en ton nom.
Nous attendons, Seigneur,
Le jour où tu auras pleinement déjoué
La haine et la force,
Où tu feras surgir avec nous
Un monde de justice et de vérité
Pour que nous reflétions ensemble
L’image du Christ. 
Suzanne Schell
Traces vives
Paroles liturgiques pour aujourd’hui
haut 
En maudissant le serpent,
Dieu le condamna à ramper par terre et à se nourrir de
poussière. Quelle étrange malédiction ! Le serpent
n’aura jamais faim, est-ce une malédiction ? Oui, c’en
est une, et elle est effroyable ! Ne manquer de rien est la pire des
malédictions ! 
Rabbi Menahem-Mendel,
de Kotzk.