Malgré la qualité
de nos prédicateurs et organistes, le culte réformé
me semble caduc : on a bien mis à la retraite les « saintes
cohortes », lavé le « sang de lagneau »,
remplacé les credo polémiques par quelques beaux textes
consensuels. Mais ce louable toilettage naltère pas le
conservatisme profond dune Tradition liturgique qui, construite
en réaction contre tous les excès et dérives, sest
sclérosée dans le refus : pas desthétique,
de couleur, de geste, ça fait catho ! Pas de sentimentalité,
de spontanéité ni de chaleur humaine, ça fait évangélique
: on chante des « spontanés » prévus depuis
trois mois. Pas de silence, ça fait moine ! Pas dallusion
trop précise au réel concret, cest politique ! On
prie en termes généraux pour ne fâcher personne,
surtout pas les riches. Sous prétexte de parole de Dieu, on nous
assomme sous les mots ; toujours les mêmes dans le même
ordre ! À peine finie la prédication, vite on rejoue de
lorgue. Et puis on reparle. Le culte sadresse aux quelques
centimètres cubes de ma cervelle dédiés au langage
et au concept : cest lécole. Jattends la sortie
pour voir un instant les amis.
Mais que trouveraient au culte le passant accidentel,
létranger qui ny a pas dami, le jeune ? Au
regard extérieur nos temples paraissent froids, nos témoignages
impersonnels et vagues, nos offices bavards et cérébraux,
objets de consommation pour les seuls habitués. Comment sétonner
alors que nos églises se vident au profit des idéologies
fondamentalistes ? Sans tomber dans le showbiz ni lhystérie,
en gardant nos valeurs essentielles mais sans se crisper sur la Tradition
parpaillote, le culte doit sinspirer des autres pratiques chrétiennes,
être plus attractif pour tous, chaleureux, toucher lhomme
entier ou disparaître.
Edith
Lounès