«Cachez donc
ce signe extérieur de richesse que je ne saurais voir!»
Goût pour la simplicité? Ou méfiance héréditaire
pour l’ordre du visible qui conduit à désirer la
transparence, et à choisir le gris, son succédané?
Heureusement aujourd’hui ces propos sont caricaturaux
et dépeignent plutôt l’image que les autres se font
encore parfois de la fameuse austérité protestante. Il
n’en reste pas moins que l’on préfère investir
dans le solide, ce qui fructifie, que dans le gracieux, ce qui donne
du plaisir. Pourtant cela devrait mal s’accorder, sur le plan théologique,
avec cette affirmation et cette allégresse de la «sola
gratia», lesquelles pourraient nous inviter au contraire à
porter sur nous-mêmes et à inscrire dans nos espaces, dans
nos fêtes – non pas de l’or et des diamants –,
mais les signes choisis de ce luxe incomparable qu’est la certitude
d’être aimé et sauvé gratuitement!
Cette théologie de la grâce est merveilleusement
illustrée par un film: «Le festin de Babette», où
justement la dite Babette dépense fastueusement, en une seule
soirée, tout son gain pour régaler de mets raffinés
son austère petite communauté danoise. Sans aller jusque-là,
ni jusqu’à l’insouciance des oiseaux du ciel ou des
lys des champs, sans verser non plus dans ce luxe ostentatoire qui exclut
l’autre, il est bon de se souvenir que ce mot qui porte dans son
étymologie la notion d’excès, a également
une consonance avec «lux», que nous traduisons par lumière.
Laquelle ne doit pas être mise sous le boisseau, si mes souvenirs
sont exacts.
Luxe: affaire à suivre! 
Florence
Taubmann