Premier Président
du Conseil de la Fédération Protestante de France, créée
en octobre 1905, M. Edouard Gruner, en 1909, lors de la première
Assemblée du protestantisme français, donnait un triple
objectif à cette Fédération :
Répondre au « devoir de manifester publiquement
l’union fraternelle des protestants français et de resserrer,
en vue de leur commune cause, les liens qui existent entre les Églises
de la Réforme » ;
« Veiller à la sauvegarde des libertés
nécessaires à l’exercice du culte protestant et défendre,
s’il y a lieu, auprès des pouvoirs publics, les droits des
Eglises fédérées, qui feront appel à son
intervention » ;
Affirmer « que toutes les Eglises peuvent, à
certains jours, se rapprocher et qu’au-dessus de leurs cadres terrestres
existe l’Eglise universelle commune à tous ceux pour qui
la Bible est le livre auquel il faut sans cesse revenir, qu’il
faut faire lire à notre peuple, qui doit être pour chacun
le guide suprême ».
La
Fédération protestante d’aujourd’hui n’a
guère dévié de ces objectifs. Elle les dit en insistant
sur la perspective du témoignage commun dans un monde sécularisé
et de l’ouverture œcuménique dont elle a expérimenté
la richesse, mais elle garde première la vocation d’approfondir
la communion de ses membres, de veiller au respect des libertés
religieuses, et de favoriser le dialogue avec les Eglises se réclamant
du protestantisme français.
Trois défis cependant donnent une couleur particulière
à son engagement au début du XXIe siècle :
Le défi évangélique : Devant les
caricatures évangéliques venues d’outre-atlantique,
la Fédération Protestante de France doit donner l’image
d’un témoignage ouvert s’opposant à l’affirmation
péremptoire de vérités qui s’imposeraient
; quête du sens de l’existence où la Parole de Dieu
vient rencontrer les paroles humaines dans un débat toujours
renouvelé.
Le défi de la laïcité : face au retour
d’une compréhension de la laïcité comme religion
civile excluant les convictions religieuses, la Fédération
Protestante de France doit faire entendre une vision ouverte de l’espace
public où athées et agnostiques, chrétiens, juifs
ou musulmans, … peuvent exister et s’exprimer sans avoir à
cacher ce qui fait leur identité, qu’elle soit religieuse
ou non.
Le défi de la sécularisation : face à
un monde qui, plus que jamais peut-être, souhaite vivre sans Dieu,
la Fédération Protestante de France doit engager ses Eglises
et associations membres à s’exercer à l’écoute
et au dialogue. C’est dans cette interaction seulement qu’elles
seront crédibles. Pour cela, leur diversité est une richesse,
comme le sont leurs engagements dans tous les domaines de la vie sociale,
et leur relations internationales.
Pour répondre à ces défis, il lui
faudra bien encore cent ans, et plus ! 
Jean-Arnold
de Clermont