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Numéro 192 - octobre 2005
( sommaire )

Série : Histoire et Théologie

2. Les paroles de l’évangile selon Thomas

Après la Didachè (voir le numéro précédent d’Évangile et liberté), voici un second exemple : l’évangile selon Thomas (EvTh). Sa découverte est postérieure à la théorie qui distingue deux sources des évangiles, une source narrative (qui serait Marc) et une collection de paroles de Jésus. Justement, l’EvTh est une collection de paroles attribuées à Jésus et sans cadre narratif ; mais ces paroles n’ont pas (non plus) la bonne théologie, si bien que l’on convient de retarder à la fin du iie siècle la rédaction de la collection, malgré son caractère archaïque, sans s’interroger sur les antécédents de la rédaction finale du livret.

En réalité, le témoignage de Papias (déb. iie s.) permet de situer peu de temps après le tout premier catéchisme la mise par écrit des paroles de Jésus en araméen. Puis survient, d’après Actes 6, la dissidence des Hellénistes et leur départ de Jérusalem vers le sud, sans doute pour aller fonder à Alexandrie l’école où se formera Apollos (Ac 18,24-28). Tout porte à croire que le mot « évangile » naît dans cette dissidence : Philippe, qui en est le leader, est le premier « évangéliste » (Ac 21,8). Or, il manifeste les mêmes tendances à la gnose et à l’encratisme* (Ac 8) que l’EvTh.

L’EvTh serait, en somme, la première version grecque (révisée) des paroles de Jésus, qui remonterait à la fin des années 30 et aurait servi de base à un enseignement dissident, prônant notamment le salut par la connaissance au lieu de la loi. Les Hellénistes, dans ces conditions, apparaissent plus nettement ; on peut approcher leur théologie et voir comment leur mouvement se rattache aux tout premiers temps de la première communauté.

Pour l’histoire, cette hypothèse est plausible, mais elle ne fait pas l’affaire des théologiens (au sens limité déjà précisé dans le numéro précédent) : donner corps à une dissidence antérieure aux textes fondateurs risquerait de légitimer ceux qui seraient tentés d’en partager les idées. Cela part d’un bon sentiment, mais le caractère dissident de ce courant est suffisamment net : une deuxième révision grecque des paroles a été entreprise sans doute vers 60, à Jérusalem, elle subit alors l’influence de Paul, et c’est dans ce dernier état qu’il faut chercher la source de paroles utilisées ensuite par les évangélistes (dite « source Q »). feuille

Christian Amphoux

* Doctrine des encratistes qui tenaient la matière pour abominable, pratiquaient une ascèse radicale et s’abstenaient de tout plaisir charnel.

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