Au Courrier des Lecteurs
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Courrier des Lecteurs
Dans le N° 192
Les cornes de Moïse
Une lectrice alsacienne complète
le commentaire de Thomas Römer sur les « cornes de Moïse
» (N° 190 de juin-juillet 2005)
J’avoue que le commentaire de Thomas Römer sur les «
cornes » de Moïse me laisse quelque peu sceptique... connaissant
sa « passion » pour l’Ancien Testament. Puis-je proposer
un autre commentaire ?
« Quaran » effectivement veut dire cornu, sens propre,
mais aussi rayonner sens figuré... et Chagall – pétri
de tradition juive – puisque vous le citez, ne s’y trompe
pas puisqu’il peint Moïse avec des « rayons »
de lumière. Le texte dit « la peau de son visage rayonnait.
» Et la tradition juive – Rachi entre autres – pose
la question : « Et comment Moïse eut-il le mérite
de recevoir les rayons de gloire ? » Le Zohar attribue l’origine
de ce rayonnement à la nuée de la majesté divine
qui avait enveloppé Moïse pendant son séjour sur
la montagne. La communion avec D... donne à l’âme
un éclat de rayonnement surnaturel. La face rayonnante, explique
Maimonide, est le symptôme de la lumière qui entourait
constamment et sans discontinuer le plus grand des prophètes.
Mais quiconque aspire à la recherche de la Vérité
dans le royaume de l’esprit pur attire sur sa personne un rayon
de lumière divine qui vient illuminer sa face. Les «
rayons de gloire » étaient le signe de la spiritualité
dans laquelle se déroulait l’existence de Moïse.
Une autre explication vient des Tossaphistes : « Moïse
était devenu, après la défaillance du peuple,
le seul gardien des couronnes perdues des enfants d’Israël
: la Thora, la prêtrise et la royauté. » Il les
incarnait en sa personne. Et toutes ces couronnes étincelantes
lui conféraient l’auréole de gloire qui l’éleva
au-dessus de tous les mortels et lui donna un aspect surhumain.
La Vulgate est connue pour d’autres erreurs de traduction comme
betoula qui a donné vierge et naissance au dogme que nous connaissons
tous.
Moïse est depuis plus d’un millénaire représenté
avec des cornes ; on connaît la symbolique des cornes qui sont
les attributs de l’aspect négatif de l’esprit humain...
On peut ainsi voir la force du conformisme...
J’attends la présentation du livre Le Protestantisme,
la foi insoumise même si je l’ai déjà lu...
j’ai retenu entre autres D... au-dessus de D... et votre commentaire
que je fais mien qui rejoint votre Credo (2e page en bas) que je professe
également ; c’est pourquoi j’adhère parfois
si entièrement à ce que vous publiez. Merci pour cet
espace de liberté spirituelle.
Dorah Husselstein-Frintz, Pfaffenhoffen
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Notre Père
Dans notre numéro
de mai, M. Jean Morin, lecteur de Dieulefit, écrivait,
à propos du cahier de Louis Pernot sur le Notre Père
: […] Une simple remarque : Pour le Notre Père, Jésus
s’adressait à des Juifs. Or pour les Juifs de l’époque,
leur Père, c’était Abraham ; Jésus leur
aurait donc parlé de son Père au ciel pour le distinguer
d’Abraham. Une lectrice
complète utilement cette réflexion au sujet de l’idée
de « Père » :
[…] j’ai été surprise de la remarque de
M. J. Morin
[…] Le Judaïsme n’est pas du tout étranger
à la notion de Dieu comme Père. Dans le Livre de prières
synagogales se trouve la célèbre prière, lue
aux offices de Rosh Hashanah (= Le Nouvel An), intitulée «
Avinou maIkhenou » (« Notre Père, notre Roi »,
qui est très longue, et dont je ne citerai que le début)
:
« Notre Père, notre Roi, nous avons péché
devant toi.
Notre Père, notre Roi, nous n’avons d’autre Roi que
toi seul.
Notre Père, notre Roi, fais-nous grâce... » etc.
Un peu au hasard dans ce livre, je lis encore : « Qui est
comme toi un père miséricordieux ? Toi qui te souviens
de tes créatures pour leur accorder la vie par ta miséricorde
».
Le rabbin Philippe Haddad affirme : « Je me sens très
à l’aise avec le Notre Père des chrétiens
: c’est une prière juive ! » Effectivement, Jésus
a rassemblé dans cette prière des éléments
qu’on retrouve un peu partout dans le Premier Testament.
Lorsque des juifs parlent d’Abraham, d’Isaac et de Jacob
comme de leurs pères, je pense qu’ils le font un peu comme
les Huguenots lorsqu’ils évoquent leurs « ancêtres
» !
Aimée Robert, Le Chambon sur
Lignon
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Referendum
Les arguments développés par
Laurent Gagnebin pour justifier le silence d’Évangile
et liberté au sujet du référendum sur la constitution
européenne n’ont pas convaincu tous nos lecteurs…
Évangile et liberté agit dans une sphère un
peu idéale, alors que j’ai le souvenir de prédications
dominicales, elles aussi de haute tenue, mais qui « connectaient
» les Écritures aux problèmes de chacun.
Juste un exemple : Laurent Gagnebin nous explique pourquoi votre
mensuel n’a pas évoqué le référendum,
avec mesure, nuance, mais ses arguments sont un peu théoriques.
J’ai adhéré au protestantisme parce qu’il
m’a fait, et même appris en partie à réfléchir.
Il m’a aidé à acquérir mon libre arbitre.
Autrement dit, le protestantisme m’a séduit par sa permanente
préoccupation de rester relié au quotidien. Or quoi
de plus quotidien que notre future existence européenne ? C’est
un sujet crucial. Les protestants ont leur mot à dire sur les
notions de libéralisme, de mondialisation, et tous les sujets
qui angoissent le « peuple », qu’il soit de droite
ou de gauche. Il ne s’agit pas de prendre parti, mais de s’impliquer
dans une réflexion sur ce que sera l’Europe, et comment
notre foi peut nous aider à éviter les écueils
que l’on voit clairement se profiler.
Évangile et liberté n’a pas considéré
utile d’y réfléchir avec ses lecteurs, sur des
sujets décisifs.
Joël Martin, Gif sur Yvette
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