Suède
Acquittement d’un pasteur homophobe
La Cour suprême de Suède a relaxé récemment
Åke Green, un pasteur pentecôtiste particulièrement
violent contre l’homosexualité dans sa prédication.
Des homosexuels avaient porté plainte pour incitation à
la haine et le pasteur avait d’abord été condamné
à un mois de prison pour avoir déclaré lors d’un
culte dans sa paroisse de l’île de Öland, que les
homosexuels étaient capables de violer des enfants et des animaux,
que « l’homosexualité est anormale, une tumeur cancéreuse
répandue dans tout le corps social » et les homosexuels
« des pervers dont les pulsions sexuelles sont utilisées
par Satan contre Dieu ».
À la veille de son procès, il prédisait, à
la radio nationale, que la Suède allait vers un désastre
comparable au tsunami si elle tolérait plus longtemps que des
gays s’embrassent dans les rues... Relaxé en appel, le
pasteur triomphant a déclaré à la presse : «
Cela signifie que nous pouvons parler comme nous l’avons toujours
fait, notre liberté de prédication n’est pas limitée.
» La Cour suprême de Suède a appuyé son
surprenant jugement sur le fait que le droit à la libre expression
prévaut sur l’offense et le mal fait à l’autre,
s’il n’y a pas de menace physique... Elle a aussi jugé
que le pasteur Green s’était exprimé lors d’une
prédication dans son église, qu’il s’était
référé à des textes bibliques et que sa
parole était donc protégée par le droit à
la liberté d’expression et de religion.
Mais l’affaire a lancé un vif débat en Suède,
loin d’être terminé et, fait inhabituel, le procès
a été retransmis à la télévision
nationale et le verdict, qui laisse de fait le champ libre à
l’expression de l’homophobie la plus violente, est très
critiqué. Un discours haineux, fermement condamné par
les théologiens des Églises traditionnelles suédoises
mais qui plaît aux fondamentalistes religieux de tout poil.
Comme le petit parti chrétien anglais de droite, le Christian
People’s Alliance, qui proposait l’asile politique en Grande-Bretagne
au pasteur Green s’il était condamné !
L’acquittement ne risque-t-il pas d’être compris
comme un encouragement aux violences verbales puis physiques d’extrémistes
contre ceux dont la présence dans la société
déplaît ? 
haut 
Afghanistan
Élection d’un iconoclaste
L’élection au Parlement afghan de l’ancien gouverneur
régional de la province de Bamyan, Mawlawi Mohammed Islam Mohammadi,
en dit long sur l’état actuel de ce pays. Gouverneur et
taliban, c’est lui qui supervisa en 2001 la destruction par des
talibans fanatiques des deux statues de Bouddha de la vallée
de Bamyan parce qu’ils les considéraient comme des signes
d’« idolâtrie » et « non conformes à
l’islam » qui interdit les représentations. Lorsque
le régime des talibans fut balayé, il s’enfuit
au nord. Le voilà élu député et qui réapparaît
triomphalement au Parlement. Pauvres Afghan(e)s ! 
haut 
Islam
« Qu’est-ce que le dialogue interreligieux ? »
Lors de sa visite officielle au Pakistan, l’archevêque
de Cantorbéry, primat de la Communion anglicane, a rappelé
clairement aux autorités qu’il faut que la situation des
chrétiens s’améliore dans les pays musulmans. À
commencer par le Pakistan où venaient d’avoir lieu des
violences [trois églises incendiées, des écoles
catholiques, presbytères et maisons saccagées] obligeant
les habitants d’un village majoritairement chrétien, à
fuir plusieurs jours durant. Tout cela sous la fausse accusation de
profanation du Coran par un chrétien. Une accusation habituelle
qui sert en général à régler des comptes
avec les voisins chrétiens.
L’archevêque a demandé que la loi sur le blasphème
qui génère de telles violences et menace de mort celui
qui est accusé soit abolie, comme le réclament chrétiens
et autres minorités religieuses au Pakistan.
Il a aussi relevé que les chrétiens sont toujours des
citoyens de seconde zone dans les pays d’islam et que ces sociétés
musulmanes doivent s’organiser pour que les chrétiens
puissent faire confiance aux musulmans.
Enfin, dans une rencontre avec un nombre important d’étudiants,
de professeurs et d’officiels qui se tenait à l’Université
internationale islamique d’Islamabad, l’archevêque
de Cantorbéry a fait une conférence sur le dialogue
entre christianisme et islam. « Le dialogue, a-t-il dit, n’est
pas du prosélytisme ; ce n’est pas essayer de convertir
l’autre, de négocier. Quand j’entre en dialogue avec
une personne d’une autre tradition religieuse, je ne suis jamais
sûr de trouver un accord, mais je suis assuré d’avoir
avancé dans la compréhension de l’autre. »

Claudine
Castelnau