En lisant la récente
édition moderne du Nouveau Testament de Lefèvre d’Étaples
(1525) mon attention a été attirée par deux passages
:
- « Et il ne fit là guère de miracles, pour leur
incrédulité » Mt 13,58.
- Et : « Pour ce que personne ne nous a loués »
Mt 20,7.
En français d’aujourd’hui, on aurait
écrit « à cause de… » ou « parce
que…. »
De fait, à la lecture de certains textes bibliques,
on se demande parfois si le lien entre deux propositions est de l’ordre
de la cause ou de la conséquence. Le contexte et la logique permettent
en général d’y voir clair, mais les conjonctions
de coordination de l’hébreu ancien et même du grec,
ne sont pas précises, en tout cas pas autant que dans notre français.
Il est intéressant de constater, à la lecture
de Lefèvre d’Étaples, que le français d’alors
a encore des ambiguïtés de langage entre la cause et la
conséquence.
Il est vrai qu’entre le « parce que…
» et le « pour que… » la nuance peut être
mince. Un événement se produit parfois « parce que
» tel acteur a fait telle action « pour que » elle
se produise.
Néanmoins il peut être dangereux de confondre
le sens d’un fait et l’enchaînement qui y a mené.
C’est particulièrement vrai pour l’événement
qui est au cœur du message chrétien, la mort de Jésus.
Est-il mort à cause de nous ou pour nous ? Les fautes de notre
humanité sont-elles la cause de la mort de Jésus…ou
la nécessité de réparer en est-elle le but ? La
seconde alternative, la plus fréquente dans des traductions bibliques
et les dogmatiques, n’est pas forcément à privilégier
!
Relisons donc les textes bibliques sur la mort de Jésus
et autres sujets sensibles, dégagés d’un littéralisme
qui oublierait les sens multiples possibles de formules de causalité
et de but. 
Olivier
Pigeaud