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Jean-Pierre Cléro |
On parle sans doute dautre chose que de Dieu, lorsquon prétend savoir ce quil est ou quil existe. Mais la question est rendue difficile par limpossibilité de séparer croire et savoir : il faut bien que la croyance sache de quoi elle est croyance et elle ne peut le faire sans développer un certain savoir delle-même ; ainsi la bonne formulation de la difficulté se trouve chez un personnage de Dostoïevski qui déclare : « Si Stavroguine croit, il ne croit pas quil croie ; si Stavroguine ne croit pas, il ne croit pas quil ne croie pas. » Il faut identifier ce quon croit ; ce qui veut dire quon néchappe pas à la philosophie quand on croit en Dieu, et que le dépassement du savoir par la foi est problématique.
Que représente Jésus pour vous ?
Il est celui qui ouvre une voie singulière ; qui pose les signes absolument résistants, irréductibles au concept, dun chemin dexistence, mais dont les éthiques de nos contrées ont, néanmoins, depuis deux millénaires, cherché la raison. Non sans résultat dailleurs, puisque quand bien même leurs fondements seraient extrêmement éclatés, nos évaluations morales, sinon nos actes mêmes, manifestent une certaine convergence. Rares sont ceux qui affichent que la guerre vaut mieux que la paix, que la haine vaut mieux que lamour, que linégalité vaut mieux que légalité ; les situations sont toujours dialectiques et compliquées : elles trouvent toutefois du côté des valeurs chrétiennes leur boussole. Létonnant est que cette universalité se gagne par une figure individuelle qui me sollicite moi-même comme individu.
Dans le concert des christianismes, en quoi le protestantisme vous parle-t-il plus spécialement ?
Mon intérêt pour divers problèmes éthiques
et juridiques me pousse à observer de près les positions
des protestants sur les questions qui se posent aujourdhui à
nos sociétés. LÉglise réformée
mapparaît comme une église chrétienne moderne,
qui ne subordonne pas son point de vue à quelque conception hiérarchique
et à un carcan dogmatique qui en dévoieraient la réflexion
; elle lance des ponts entre la culture chrétienne, la conscience
privée et les sociétés qui affrontent des situations
issues de techniques, dinstitutions, de demandes, de désirs
nouveaux. ![]()
par Jean-Pierre Cléro,
Propos recueillis par Laurent Gagnebin
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| Numéro 199 |
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