Tous les protestants
croient évidemment au salut par la grâce au moyen de la
foi. Comme le soutenaient l’apôtre Paul et Martin Luther,
ce n’est pas l’application zélée d’un code
de conduite qui va changer le regard que Dieu porte sur nous. Mais le
problème est de savoir comment recevoir la grâce, comment
avoir la foi. Suffit-il d’attendre que celle-ci vous envahisse
? Nous avons souvent un pied dans la foi et l’autre à l’extérieur.
Parce qu’elle ne va pas sans le doute. Pour grandir dans la foi,
il faut souvent œuvrer pour le bien. La fameuse épître
de Jacques le dit à sa manière : la foi et les œuvres
coopèrent ; elles sont en synergie ; elles se renforcent l’une
par l’autre. D’ailleurs synergie vient du verbe grec synergeo
employé justement par Jacques qui signifie « travailler
avec ».
Lorsque le jeune homme riche demande à Jésus
ce qu’il faut faire pour hériter la vie éternelle,
Jésus lui recommande de vendre tout de qu’il a et de le
donner aux pauvres. « Et puis viens et suis-moi », conclut-il.
La bonne action précède ici le suivi du Maître.
Jésus ne connaît pas la grâce. Il n’emploie
jamais ce mot. Mais il prêche l’amour, le secours aux plus
pauvres. Voilà pour lui le chemin qui conduit à la vie
éternelle.
Albert Schweitzer l’avait bien compris, qui disait
dans un sermon du 14 juin 1903 : « Mon expérience m’a
appris ceci : les œuvres ne viennent pas de la foi ; c’est
la foi qui vient des œuvres … Un homme simple, mais qui est
agissant, connaît Dieu mieux que les plus grands penseurs. »
En conclusion, je dirais volontiers : oui au salut par
la foi. Mais, si celle-ci est chancelante, c’est le souci du prochain
qui la fortifiera. 
Henri
Persoz