En réaction à la « Carte
blanche » du pasteur Olivier Pigeaud (n°
196, février 2006), un abonné nous écrit
un courrier suggestif au sujet du thème délicat de
l’expiation.
Jésus est-il mort « à cause de » nous
ou « pour » nous ? Il ne me semble pas que cela change
profondément les choses, car, d’une manière ou
d’une autre, on se réfère avec ces deux traductions
à une expiation qui, pour moi, fait de toute façon problème.
Ce qui nous heurte, c’est : pourquoi Jésus réputé
sans péché, innocent par excellence, devrait-il payer
pour des criminels ou les fautes des autres ? C’est là
un débat théologique extrêmement ardu. Je suggère
de se souvenir du Grand Pardon et du bouc émissaire avec la
phrase : « Christ, agneau de Dieu qui ôte le péché
du monde » (péché au singulier).
D’autre part, l’auteur de l’épître aux
Hébreux fait une assertion de grande importance et qui est
passée trop souvent sous silence : là où il y
a rémission des péchés, il n’y a plus d’offrande
expiatoire (He 10,18). Bien avant la crucifixion dans l’évangile
de Marc (2,10-11), Jésus dit au paralytique avant de le faire
se lever : « Mais pour que vous sachiez que le fils de l’homme
a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés…
» S’il avait le pouvoir au début de son ministère,
ce n’est pas son Sacrifice qui le lui a acquis.
Tout cela se rapporte aux idées que nous nous faisons de la
Passion. Jésus ne s’est pas suicidé : il a consenti
au sacrifice ; Dieu n’a pas voulu la Croix : ce sont les hommes
(tous les hommes et non pas seulement les Juifs) qui l’ont dressée
et Dieu a accepté ce Sacrifice malgré la méchanceté
humaine. Il nous faut repenser tout cela, mais en gardant le sens
profond de l’authenticité qui a animé la Réforme.
Claude Olivier Fischer, Étretat